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Grand Angle

Histoire : Un différend conjugal aurait précipité le crash de l’avion ATR-42 d’Agadir

En 1994, un crash d’avion de la RAM a été provoqué par le désengagement du pilotage automatique par le commandant de bord, qui s’est dirigé droit vers les montagnes de l’Atlas. Les conclusions de l’enquêtes n’ont jamais été rendues publiques, mais l’hypothèse a perduré sur ce passage à l’acte qui aurait été motivé par des raisons personnelles, notamment un différend conjugal.

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Photo d'illustration / DR.
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Le 21 août 1994, un crash d’avion turbopropulseur de la Royal air Maroc (RAM) a causé la mort des membres de l’équipage et des 44 passagers à bord, dont un émir koweïtien et son épouse, ainsi que plusieurs touristes étranger. Le drame s’est produit à peine 10 minutes après le début de ce vol ATR-42 n°630 reliant Agadir à Casablanca, lors duquel le commandant de bord a désengagé le pilotage automatique. Depuis, ce crash fait partie des drames aériens restés mystérieux, puisque les enquêtes n’ont pas formellement conclu sur les raisons personnelles ayant motivé l’action décrite comme volontaire de Younès Khayati, âgé alors de 32 ans.

Depuis le temps, les éléments communiqués sont en effet «la volonté délibérée» du pilote de «mettre fin à ses jours», ses dernières paroles retenues par la boîte-noire ayant témoigné de ses intentions de «mourir», selon les enquêteurs. Toujours est-il que le motif du suicide en lui-même est resté une énigme. Au Maroc et à l’étranger, l’affaire a ainsi fait couler beaucoup d’encre. Dans un article publié le 26 août 1994, le Los Angeles Times a avancé l’hypothèse d’un différend conjugal entre le commandant de bord et sa copilote, Sophia Figuigui, décédée pendant le drame.

Jamais confirmée, cette probabilité est reprise également par The Guardian. Concernant les détails de l’accident, les enquêteurs, repris par de nombreux médias nationaux et étrangers, ont déclaré que la copilote avait effectué plusieurs manœuvres pour empêcher celle du commandant de bord. Elle a également envoyé un signal de détresse et a tenté de relever l’avion déjà dirigé vers les montagnes de l’Atlas, sans réussir à mettre en échec l’action du pilote. Ses dernières paroles à la tour de contrôle guident les enquêteurs sur sa tentative de redresser la situation : «Agadir Air Maroc, 630 May Day, May Day, il y a le commandant qui est… Au secours, au secours, le capitaine est en train de… Commandant, s’il vous plaît, s’il vous plaît…».

Les raisons d’un suicide restées non élucidées 

Quelques 31 secondes plus tard, l’avion aura craché vers 18h50. Sans suggérer directement de liens privés entre le commandant de bord et sa collègue, d’autres sources médiatiques au Maroc ont simplement rapporté, dans le temps, que Younès Khayati était divorcé et qu’il se préparait à un nouveau mariage. Dans ce même contexte, l’hypothèse de la dépression a également été évoquée, mais les examens médicaux réguliers n’ont rien signalé. Les responsables de l’aviation française qui ont examiné les dernières paroles enregistrées ont finalement déclaré que le commandant de bord avait bien arrêté le pilotage automatique et «a dirigé l’avion vers le sol», dans une «volonté délibérée de mettre fin à ses jours».

Parmi les morts figurent l’émir koweïtien Ali al-Mahmoud al-Jabir al-Sabah, alors âgé de 38 ans, ainsi que son épouse Sheikha Mutazah et le premier vice-premier ministre et ministre koweïtien de l’Intérieur à l’époque, Sheikh Ahmed al-Mahmoud al-Jabir al-Sabah. 20 passagers marocains, dont un enfant, sont morts également, ainsi que plus de 18 touristes : un ressortissant des Etats-Unis, huit d’Italie, cinq de France et quatre des Pays-Bas. L’énigme autour des raisons du passage à l’acte du pilote a perduré plusieurs années plus tard, jusqu’à ce jour.

Le 15 novembre 1999, le journal britannique The Guardian a réitéré la thèse du suicide par désactivation du pilotage automatique à 4 600 mètres d’altitude, en direction des montagnes de l’Atlas. Un échange verbal avec la copilote avant le décollage a par ailleurs été suggéré, mais il n’a pas été confirmé par l’enquête comme étant le facteur d’un passage à l’acte délibéré. Avant le départ, la copilote aurait fait remarquer que la porte de soute était ouverte, mais le commandant de bord aurait indiqué qu’il s’agissait simplement d’une «panne de signalisation».

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