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Grand Angle

Libye : Les éloges au Maroc soulèvent des grincements dents en Algérie

Des institutions régionales et internationales ainsi que des Etats arabes sont unanimes à couvrir d’éloges les efforts du Maroc dans la conclusion d’un accord entre les parties libyennes sur les lois électorales. Une unanimité qui, comme d’habitude, a suscité des grincements de dents en Algérie.

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Photo d'illustration / DR.
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Le Maroc effectue son grand retour sur le dossier libyen. Après Skhirat, qui a accueilli la signature de l’accord politique de décembre 2015, reconnu par les Nations unies, la ville de Bouznika a été le lieu de rendez-vous des représentants de la Libye dans le cadre de la commission mixte (6+6), pour convenir des modalités de l’organisation, vers la fin de l’année, d’élections législatives et présidentielles. Ces deux scrutins sont inscrits sur l’agenda de l’ONU et des Etats-Unis et devront être supervisés par le Parlement et le Haut conseil libyens, les deux instances représentées dans le comité s’étant réuni au Maroc pendant deux semaines. Ces échéances devront permettre une reconstruction politique en Libye, afin de réinstaurer la stabilité d’un pays en proie à la guerre depuis plus d’une décennie.

Immédiatement après l’annonce de la conclusion de l’accord entre le président du Parlement, Aguila Saleh Issa, et le président du Haut Conseil d’Etat, Khaled al-Michri, des organisations internationales et des Etats ont salué les efforts du Maroc dans le rapprochement des points de vue entre les deux parties. L’ONU a été la première à féliciter le royaume pour son rôle de facilitateur, afin que les décideurs libyens parviennent à un consensus sur les lois électorales. Même son de cloche auprès de la Ligue des Etats arabe, de l’Union africaine et, au grand dam de l’Algérie, du secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

Des pays arabes, comme le Koweït, Bahreïn, les Emirats arabes unis, la Mauritanie et l’Egypte, ont aussi couvert d’éloges le Maroc. Des remerciements qui s’inscrivent dans la lignée des résolutions du dernier sommet arabe, du 19 mai en Arabie saoudite, ayant rendu un hommage aux efforts du royaume dans le règlement de la crise libyenne.

Grincements de dents en Algérie

Face ce plébicite quasimen unanime, l’Algérie n’est pas restée de marbre. Juste après l’annonce, mercredi 7 juin, de la conclusion de l’accord sur les lois électorales, le ministre des Affaires étrangères à Alger, Ahmed Attaf, a eu des entretiens téléphoniques avec le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), le Sénégalais Abdoulaye Bathily.

A cette occasion, les deux parties ont passé en revue «les développements de la situation politique et sécuritaire en Libye, pays frère, à la lumière des efforts déployés par l’ONU pour que les parties libyennes puissent parvenir à une solution définitive à la crise», indique le ministère dans un communiqué. Et de proposer aux Nations unies «d’accompagner les acteurs libyens à élaborer les accords nécessaires devant préparer le terrain juridique à l’organisation des élections présidentielle et législatives dans les plus brefs délais», ajoute la même source.

Le chef de la diplomatie algérienne a, par ailleurs, invité Abdoulay Bathily à se rendre à Alger pour poursuivre les concertations sur ce sujet. Depuis le déclenchement de la crise libyenne, l’Algérie n’a d’ailleurs eu cesse de contester tout rôle du Maroc dans un éventuel projet de solution. Avant la conclusion des accords de Skhirat en 2015, sous l’égide de l’ONU, Alger a parié sur la recette des «pays voisins», d’abord sous un grand format, intégrant la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Niger et le Tchad, puis dans un autre plus réduit, avec seulement des réunions entre les représentants d’Alger, Tunis et Le Caire.

Pour rappel, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a accusé, lors d’une réunion des «pays voisins» de la Libye tenue à Alger en août 2021, «certaines puissances étrangères qui cherchent à accroître leur influence en Libye et faire de ce pays une plate-forme pour redessiner les équilibres internationaux, au détriment des intérêts stratégiques de la Libye et de ses voisins». Alger estime que la crise libyenne concerne exclusivement ses «voisins» à savoir : la Tunisie, l’Egypte et bien entendu l’Algérie. Un cadre qui n’a pas convaincu le principal acteur sur ce dossier : les Etats-Unis.

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