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Grand Angle

Libye : Les avertissements de Lamamra sur le rôle de «forces étrangères» visent le Maroc ?

Alger continue de contester tout rôle au Maroc dans la solution de la crise en Libye. Une obstination qui s’est précisée, lors de la réunion d’Alger du 30 août.

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Alger a accueilli, hier, une nouvelle réunion des «pays voisins» de la Libye. Le Maroc n’a pas été convié par l’Etat hôte à se joindre au groupe. Néanmoins, le royaume était fortement présent dans le discours d’ouvertures des travaux, prononcé par le ministre algérien des Affaires étrangères. Les flèches décochées par Ramatane Lamamra ne laissaient guère de doute sur leur destination.

Le chef de la diplomatie a commencé son allocution en exhortant les participants à «traiter et interagir avec les développements de la situation en Libye selon une approche proactive et une vision claire», rapporte le quotidien El Moudjahid.

«Une vision, a-t-il souligné, qui doit tenir compte des considérations qui préoccupent de plus en plus les décideurs et l'opinion publique dans nos pays, à la lumière des plans de certaines puissances étrangères qui cherchent à accroître leur influence en Libye et faire de ce pays une plate-forme pour redessiner les équilibres internationaux, au détriment des intérêts stratégiques de la Libye et de ses voisins».

Les propos de Ramtane Lamamra ne visent pas la présence sur le terrain de guerre en Libye des forces et de milices à la solde de la Turquie, de la Russie, de l’Egypte, ou encore des Emirats arabes unis. Des pays avec lesquels, Alger entretient d’excellentes relations ou au moins stables.

Alger ne parvient pas à convaincre Washington

Dans son discours inaugural, le chef de la diplomatie a par ailleurs évité de condamner les agissements du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, proche des Emirats et l’Egypte, et considéré par les médias du voisin de l’Est comme l’«ennemi des intérêts de l’Algérie en Libye».

Depuis le déclenchement de la crise libyenne, l’Algérie n’a eu cesse de contester tout rôle au Maroc dans un éventuel projet de solution. Avant la conclusion des accords de Skhirat en 2015, sous l’égide de l’ONU, Alger avait parié sur la recette des «pays voisins», d’abord sous un grand format, intégrant la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Niger et le Tchad, puis dans un autre plus réduit avec seulement des réunions entre les représentants d’Alger, Tunis et Le Caire. Quelques jours après la conférence de Berlin de janvier 2020, le voisin de l’Est avait opéré un retour au grand format. Il avait même ajouté le Mali à sa liste des invités avant de le laisser tomber à la réunion du 30 août.

Contrairement aux Allemands, l’obstination du pouvoir algérien pour arracher une reconnaissance internationale de son rôle dans la crise libyenne, ne semble guère convaincre les Etats-Unis, principaux acteurs sur ce dossier. Le lundi 16 août, le ministre marocain des Affaires étrangères recevait, à Rabat, l’ambassadeur et émissaire spécial des Etats-Unis pour la Libye, Richard Norland. Des entretiens précédés par deux escales importantes effectuées par le diplomate américain en Egypte et en Turquie pour préparer l’organisation des élections du 24 décembre prochain en Libye. Le chef de la diplomatie algérienne a certes fini par rencontrer Norland le 23 août, à Tunis à l’occasion d’une visite au pays de la révolution du jasmin, suite à la décision du président Kaïs Saeïd de suspendre le Parlement.

Pour rappel, en 2020, Washington avait mis son véto à la désignation de Ramtane Lamamra comme émissaire des Nations unies pour la Libye. Les médias algériens, proches du pouvoir, avaient alors accusé le Maroc de vouloir torpiller la candidature de leur diplomate.

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