Menu

Grand Angle

Fichage religieux : Pressé par l’UMF, SOS Racisme et le PS, Gérald Darmanin réagit

Désigné comme l’auteur d’une consigne aux policiers de Toulouse pour le comptage des absences dans les écoles, le jour de l’Aïd el-Fitr en France, le ministère de Gérald Darmanin a fini par admettre une mesure servant à connaître l’impact des fêtes religieuses sur l’absentéisme scolaire. Des cadres pédagogiques ont précédemment pointé un fichage religieux, ce que l’Intérieur nie.

Publié
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin / Ph. AFP
Temps de lecture: 3'

La polémique grandissante autour du fichage religieux ciblant les élèves musulmans absents des écoles en France, le jour de l’Aïd el-Fitr, a fini par faire boule de neige et pousser Gérald Darmanin à rompre le silence. Le ministre de l’Intérieur s’est défendu, ce dimanche soir, de tout recours à un fichage nominatif ou individuel. Dans un communiqué, son département a indiqué «étudier régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics et notamment au sein de la sphère scolaire». Ce serait dans ce cadre qu’une «évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d’établissement».

Fin de la semaine dernière, La Dépêche du Midi a révélé que des policiers dans la région de Toulouse avaient demandé par mail à des établissements scolaires de les renseigner sur le taux d’absentéisme le 21 avril, ayant coïncidé avec la fête de la fin du ramadan pour les musulmans de France. Cette requête a laissé entendre que toute absence, ce jour-là, assignerait l’élève concerné à la religion musulmane, ce qui s’apparente à une pratique de fichage. Par conséquent, la demande a choqué des responsables pédagogiques et administratifs, tandis que le recteur de l’Académie, consulté par des directeurs, a recommandé d’ignorer cette demande qui n’émane pas de l’Education nationale, selon lui.

Les pouvoirs publics questionnés sur une assignation religieuse

La réponse de l’Intérieur intervient alors que les réactions se sont succédées, en l’espace de deux jours. Dans un premier temps, une source a laconiquement évoqué auprès de l’AFP «une maladresse» de la part des policiers dans la formulation de leur demande, qui s’est toutefois avérée ne pas être un cas isolé. Après l’Union des mosquées de France (UMF) qui a appelé, samedi, à des clarifications de la part des pouvoirs publics, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, a ouvertement questionné Darmanin sur la pratique incriminée.

«C’est n’importe quoi là, franchement. On est dans une situation invraisemblable. Je demande à ce que le ministre de l’Intérieur fasse la lumière sur cette affaire. Qu’il nous indique si c’est une directive ou si des policiers, en leur nom personnel, ont décidé ce fichage dans l’ensemble de la ville», a dit l’ancien député socialiste, sur Radio J. «Qu’est-ce qui a conduit à ce que des policiers décident de s’adresser aux chefs d’établissements (scolaires) pour connaître le taux d’absentéime ? Qu’est-ce qu’ils cherchaient ? C’est ça qu’il faut savoir», a-t-il ajouté

Dimanche après-midi, SOS Racisme s’est dit «choquée» et indignée d’une demande qui «associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité ou de renseignement intérieur». La structure a déploré que la requête des autorités «rompt avec plusieurs principes essentiels», à commencer par ceux de «la laïcité et l’égalité».

Par ailleurs, l’ONG s’est félicitée de «la réaction des personnels de l’Education nationale» qui n’ont pas accédé à la demande des services de police. «SOS Racisme demande [au ministère de l’Intérieur] d’établir les raisons qui ont pu mener des fonctionnaires de la DDSP (Direction départementale de la Sécurité publique) de Haute-Garonne à formuler une telle demande», a insisté l’association.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com