Rabat a été hier, dimanche 18 novembre, le théâtre d’une nouvelle répression de la part des forces de l’ordre. Alors que le Maroc le 57ème anniversaire de son indépendance, quelques dizaines de manifestants, dont des militants du Mouvement du 20 février et de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), se sont donnés rendez-vous devant le siège du parlement marocain, a fait savoir l’AFP. Leur but était de réclamer une réduction du budget annuel dédié aux dépenses du Palais royal. La manifestation, une première en son genre au royaume, n’a toutefois pas tardé à être dispersée par les forces de l’ordre.
Selon l’agence de presse Reuters, les manifestants «ont été battus et molestés à coups de pieds» par la police «armée de matraques», ce que confirment également des vidéos filmées par des témoins de la scène. Des journalistes et des militants de l’AMDH qui étaient présents sur place ont aussi été ciblés par les forces de l’ordre.
2,6 milliards de dirhams ?
«Nous voulions assister à cette manifestation pour protester contre l'énorme budget du Palais royal qui s'élève à près de 2,6 milliards de dirhams (ndlr : 234 millions d'euros) selon le (projet de) budget 2013, tandis que ceux des secteurs sociaux et culturels sont faibles», a déclaré à l'AFP Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH. Le rassemblement «ne gênait pas la circulation et n'avait donc pas besoin d'autorisation», a-t-elle assuré. «Les forces de l'ordre ont réprimé, ce qui montre (...) qu'on refuse toujours la liberté d'expression», a-t-elle estimé.
«Nous voulions protester pendant le débat parlementaire sur le budget 2013 et les dépenses royales, qui sont en hausse alors que le pays traverse une crise financière», a indiqué, de son côté, le vice-président de l’AMDH Abdelhamid Amine.
Mais pour le Mouvement du 20 février, il ne s’agissait pas seulement d’une manifestation contre le budget royal. Le but du rassemblement était de protester contre «le budget exagéré du Palais royal, qui est l'un des plus élevés parmi les régimes monarchiques au monde, et plus largement d'appeler à la séparation du pouvoir et de l'argent», a indiqué Hamza Mahfoud, un militant du M20, dans une déclaration à l’AFP.
Cette nouvelle démonstration de force de la police marocaine intervient quelques jours seulement après la dispersion violente d’une manifestation, le 13 novembre dernier, réclamant la libération des détenus politiques. Plusieurs journalistes et photographes, venus pour couvrir l’événement, avaient été blessés lors du rassemblement. Le ministère de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi avait alors promis des «mesures pour éviter que de tels actes contre la presse se reproduisent» dans le futur. Des mesures ne se seront visiblement pas prises pour le lendemain.
Rabat, dimanche 18 novembre 2012