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Grand Angle

Sahara : En Espagne, faible adhésion des militants du PSOE au projet de la «rébellion des socialistes»

En Espagne, le projet de la «rébellion des socialistes» contre le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental, peine à rallier les militants du PSOE. Dix jours après son lancement, les adhésions sont très rares, à peine 300 sur un total de 163 847 adhérents au parti.

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Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, lors d'un meeting du PSOE. / DR
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Le 27 février, des membres du PSOE espagnol, proches du Polisario, ont lancé, sur un site web créé spécialement à cette occasion, une pétition appelée «Socialistes pour le Sahara occidental». Le choix de la date du coup d'envoi a coïncidé avec la commémoration du 47ème anniversaire de la proclamation en 1976 de la «RASD». L’objectif affiché par les promoteurs de l’initiative est de mobiliser un grand important des militants du PSOE et de ses sympathisants pour condamner le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara.

La proposition «est une contribution du PSOE à la solution du conflit du Sahara occidental qui doit passer par le respect du droit international, l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et l'aboutissement du processus de décolonisation, comme indiqué dans ses résolutions le Congrès (Chambre basse du Parlement) et les engagements pris dans le programme électoral du PSOE», indiquent-ils. «Nous exigeons que le gouvernement espagnol et son président travaillent activement sur la scène diplomatique, bilatérale et multilatérale, et dans le cadre des Nations unies, pour promouvoir une solution pacifique au conflit du Sahara occidental qui soit respectueuse du droit international et qui permette au peuple sahraoui d'exercer le droit à l'autodétermination qui envisage, à travers un référendum juste et impartial, l'option de l'indépendance», lit-on dans le document.

Le PSOE a déjà anticipé une éventuelle fronde de sa base

Depuis, la pétition peine à convaincre un nombre important des militants de PSOE à s’y identifier. Les hauts cadres du parti boudent l'initiative qui n’a recueilli les signatures que de 300 militants et de sympathisants du PSOE, rapporte El Independiente. Le nombre des adhérents au parti est d'environ 164 000 Espagnols, selon des statistiques réalisées en octobre 2021.

Pour l’heure, aucune tête d’affiche du PSOE au niveau national n’a rejoint cette initiative. Les adhésions se situent plutôt dans certaines régions, comme par exemples aux Baléares avec la signature de la pétition par deux députés au Parlement local et d'un ancien membre du gouvernement régional et à la communauté de Madrid où le vice-secrétaire de la jeunesse socialiste a répondu à l’appel, précise la même source.

Sans surprise, l'ancien député socialiste basque Odón Elorza, qui a renoncé récemment à son siège, figure sur la liste des signataires. En effet, dès l’annonce du soutien de Pedro Sanchez à la position marocaine sur le Sahara, Elorza l’avait qualifiée d’ «erreur».

Pour mémoire, la direction du PSOE a déjà anticipé une éventuelle fronde de sa base contre la nouvelle page dans les relations entre le Maroc et l’Espagne. Une semaine après la lettre de Pedro Sanchez adressée, le 14 mars 2022, au roi Mohammed VI, elle a publié à l’adresse de ses militants un document louant les avantages du rapprochement avec Rabat. Les rédacteurs du document, avaient surtout insisté sur la défense de «l’intégrité territoriale» de l’Espagne pour vendre aux militants le changement de position sur la question du Sahara. «Inaugurer de nouvelles relations solides et stables avec un pays voisin et partenaire stratégique comme le Maroc, est indispensable pour l'intégrité territoriale, y compris Ceuta et Melilla, et la souveraineté de l'Espagne, ainsi qu'à la stabilité, la sécurité et la prospérité des deux pays», avaient-ils souligné. 

Le PSOE avait affirmé, par ailleurs dans le même document, que l’appui de Pedro Sanchez au plan marocain au Sahara occidental ne constitue pas une rupture avec la ligne observée par ses prédécesseurs. «C'est la position de l'Espagne depuis 2008, avec José Luis Rodríguez Zapatero comme président du gouvernement. Dans les Déclarations des Réunions des Hauts Niveaux Espagne - Maroc de 2008, 2012 et 2015, il y est expressément mentionné que "l'Espagne salue les efforts sérieux et crédibles du Maroc"».

Au Parlement espagnol, les députés du PSOE continuent de se conformer à la politique générale initiée par le gouvernement sur les nouvelles relations avec le Maroc. Ils ont d’ailleurs rejeté, le 15 février, la proposition législative d’Unidas Podemos visant à octroyer la nationalité espagnole aux Sahraouis. Et il en est de même au Parlement européen où les eurodéputés socialistes n’ont pas voté la résolution du 19 janvier appelant à la libération des journalistes détenus au Maroc.

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