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Grand Angle

« Doing Business 2013 » : le Maroc recule de trois places

Chaque année, la Banque mondiale publie son rapport «Doing Business» qui compare les climats d’affaires des pays du monde entier. Cette année, le Maroc – qui avait enregistré un bond spectaculaire de 21 places l’an passé – recule de trois petites places, passant de la 94ème position à la 97ème sur 185. Les raisons de ce léger recul ci-après. 

Publié
Le siège de la Banque Mondiale, à Washington D.C.
Temps de lecture: 3'

3 places gagnées au classement du «World Economic Forum» mais 3 places perdues au classement de la Banque mondiale. Il semblerait que ce que l’économie marocaine gagne en compétitivité, le climat des affaires marocain le perde, lui, en attractivité. C’est en tout cas ce que prête à penser le tout dernier rapport «Doing Business» de la Banque Mondiale qui compare le climat des affaires des pays du monde entier.

Dans cette 10ème édition du rapport, le Maroc atterrit à la 97ème place sur 185, accusant ainsi un recul de 3 places par rapport à l’an passé (94ème). Notons toutefois que le classement de 2011 s’était basé sur 183 pays – soit deux de moins que celui de 2012 –, une différence qui peut expliquer en parti pourquoi le Maroc recule de 3 places cette année.

Cela dit, si cette différence permet de relativiser le classement du Maroc cette année, elle ne le justifie pas en intégralité. Pour établir son classement, la Banque mondiale a mis au point 11 paramètres, et sur 3 d’entre eux, le royaume a enregistré de moins bons scores en 2012 qu’en 2011.

Les points faibles

Le premier, c’est l’enregistrement des titres de propriétés (163ème place sur 185). Très couramment usité par les entrepreneurs lors de l’achat d’un fond de commerce ou d’une propriété, cette procédure est toujours aussi lente que par le passé. Au Maroc, il faut encore compter 75 jours – en  moyenne – pour obtenir un titre de propriété. A noter également que le coût de l’achat de ces titres a augmenté depuis l’année dernière, passant de 4,9% de la valeur de la propriété en 2011 à 5,9% de sa valeur en 2012.  

Le second point noir concerne la résolution des problèmes d’insolvabilité. Ce critère se réfère à la «capacité d’un Etat à mettre en place un cadre juridique qui permette aux entreprises au bord de la faillite ou en difficulté de se restructurer». Le Maroc ne fait pas nécessairement figure de cancre dans ce domaine mais il enregistre en revanche une chute très forte au classement par rapport à l’an dernier. Ainsi, entre 2011 et 2012, l’Etat marocain passe de la 67ème à la 86ème (-19 places) en regard de sa capacité à «assister juridiquement» les entreprises en difficulté.

Enfin, le troisième volet sur lequel le bât le blesse pour le royaume concerne le paiement des taxes. Le Maroc est toujours classé 110ème sur critère. Ce mauvais classement s’explique en partie par le nombre de taxes (17) que doivent payer chaque année, en moyenne, les entrepreneurs du pays, ainsi que par le temps qu’ils «perdent» dans les procédures administratives afin de s’en acquitter (238 heures chaque année en moyenne par entrepreneurs – soit près de 10 jours … pour payer ses impôts).

Les points forts

Cependant, si les talons d’Achille sont encore légions au Maroc, et que le pays enregistre un léger recul par rapport à l’année dernière, il n’en demeure pas moins que des progrès ont été réalisés dans de nombreux domaines.

La progression la plus saisissante se rapporte à la facilité avec laquelle il est désormais possible de lancer une affaire dans le royaume. 93ème sur ce point l’an dernier, le Maroc fait un bond spectaculaire de 37 places cette année et se hisse à la 56ème place. Pour justifier cette progression, le rapport de la Banque mondiale évoque une raison essentielle : l’abolition de l’exigence d’un capital minimum. «Le Maroc a facilité la création de nouvelles entreprises en éliminant l’exigence de capital minimum pour les sociétés à responsabilité limitée (SARL)» souligne le rapport.

Autre point sur lequel le Maroc fait toujours figure de bon élève : «la facilité à faire du commerce avec l’extérieur», où il truste la 47ème place. Les containers partent et débarquent  toujours vite sur les quais des ports marocains. Pour exporter un container standard, il faut en moyenne 11 jours et pour l’importer, 16. En outre, le coût des exportations par container (de 577$) est toujours l’un des moins élevés au monde, le Maroc étant à la sixième place mondiale sur ce critère après Singapour, la Malaisie, la Finlande, Hong-Kong et la Chine.

Le Maroc derrière la Tunisie mais loin devant l’Algérie

Le «Doing Business» de la Banque Mondiale ne permet évidemment pas que les comparaisons longitudinales, c’est-à-dire dans le temps. Conçu initialement pour comparer les climats d’affaires des différents pays, son axe de lecture est avant tout géographique.

Ainsi, au niveau de la région MENA, le Maroc fait parti – avec  la Jordanie, les EAU, Oman et Bahrain – du cluster des pays ayant les processus de réglementation les moins complexes et les moins coûteux. De ces cinq pays, il est aussi celui qui a les plus fortes institutions légales, ce qui est propice au climat d'affaires. Au niveau du Maghreb, le royaume fait moins bien que la Tunisie (50ème au classement général) mais, par contre, beaucoup mieux que son voisin algérien (152ème). Enfin, avec l’Egypte,  il est le seul pays d’Afrique du Nord à faire parti du top 50 des pays dont le climat d’affaires s’est le plus amélioré depuis 2005. Ces signes sont encourageant donc, mais le Maroc ne doit pas s’endormir sur ses lauriers, faute de quoi son classement pourrait continuer à se détériorer l’an prochain.

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