Bruits de bottes au Mali. Africains et occidentaux mesurent tous l’urgence d’une intervention militaire contre les radicaux d’Ansar Dine, l’antenne d’Al Qaida au Sahara. Une option au cœur de la réunion internationale de Bamako, jeudi et vendredi 19 octobre. Elle a réuni un grand nombre de pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest), de l’Union Africaine (UA), d’Europe et des Etats-Unis. La prochaine étape aura lieu, mercredi 24 octobre, avec une session de l’UA consacrée à l’adoption d’une note technique qui sera remise, ensuite, au Conseil de sécurité des Nations Unies. L’intervention militaire pourra, ainsi, avoir la bénédiction de toute la «communauté internationale».
Des membres du Polisario à Gao
Face à l’imminence d’une intervention militaire, des combattants des autres antennes d’Al Qaida en Afrique, au Soudan, en Somalie et même des camps de Tindouf, sont en route à destination du Mali pour épauler les jihadistes d’Ansar Dine. «Dans Tombouctou (Nord-Ouest) et à Gao (Nord-Est), des centaines de jihadistes, de nationalité soudanaise et d’origine sahraouie, sont arrivés en force en vue de se préparer à une attaque des forces maliennes et de leurs alliées», rapporte l’AFP en basant sur les indications des sources sécuritaires dans la région.
RFI fait également part de la présence à Gao d’islamistes étrangers «venus en renfort, des Tunisiens, des Egyptiens, mais également des combattants en provenance du territoire revendiqué par le Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie». L'affluence de combattants en provenance des camps de Tindouf au Mali corrobore les informations relayées par le Maroc et certains Think-tank sur la connexion entre une partie des membres du Polisario et Al Qaida.
Seule l’Algérie est contre l’intervention militaire
S’il y a une unanimité sur l’urgence d’une opération militaire au Mali contre les islamistes d’Ansar Dine, l’Algérie fait bande à part. Mercredi 17 octobre, son nouveau premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré à la presse que son pays ne veut pas «d’un foyer d'insécurité qui risque de perdurer». Vendredi, le jour même de l’ouverture de la conférence internationale de Bamako, le ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a souligné, depuis Washington, «l’importance de tirer les enseignements de l'Histoire récente, comme en Libye, afin d’éviter tout amalgame et débordement».
L’intervention militaire qui se prépare au Mali devrait sonner le glas de la Coordination de Tamanrasset, créée en 2009 sous l’impulsion de l’Algérie et réunissant, également, la Mauritanie, le Tchad, Mali et le Niger. Une entité qui prétendait combattre le terrorisme au Sahel et s’opposait à toute internationalisation du problème.