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Grand Angle

Maroc : Benkirane menace de démissionner après les révélations de l’affaire de Moatassim

Au lendemain des révélations sur la mission de son adjoint au cabinet du chef du gouvernement Aziz Akhannouch et les explications du PJD, Abdelilah Benkirane a accusé des membres du parti islamiste d'alimenter la polémique, menaçant même de démissionner.

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Abdelilah Benkirane et son adjoint, Jamaâ Moâtassim. / DR
Temps de lecture: 3'

Le Parti de la justice et du développement (PJD) fait face à un énième scandale. Son secrétaire général n'a pas réussi à convaincre les membres de son parti de sa position, exprimée mercredi dans une mise au point, après le tollé provoqué par de nouvelles révélations. En effet, son adjoint Jamaâ Moâtassim assure, depuis le début du mandat, une mission au cabinet du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Abdelilah Benkirane a ainsi été contraint de mettre son véto, intervenant lors d’un live sur sa page Facebook, pour exprimer sa position sur la polémique. Dans sa sortie s’adressant aux membres de son parti, l’ancien chef du gouvernement a assuré que Jamaâ Moâtassim «ne s'est pas caché derrière» lui et ne lui a «rien demandé». 

Une «campagne malveillante»

«Il était réticent à accepter la publication de cette clarification et avait une idée différente de la façon d'aborder ce problème», a-t-il enchaîné, en assurant que c’est Aziz Akhannouch qui aurait demandé au numéro 2 du PJD de «rester» à la chefferie du gouvernement. «Il voulait contacter Akhannouch pour lui demander de publier une mise au point.»

Le secrétaire général du parti islamiste a dit penser que sa «clarification était suffisante», alors que certains «frères ont embarqué dans une campagne malveillante menée par des parties suspectes, indépendamment de certains opposants honnêtes», a-t-il ajouté.

«Je veux dire à nos frères qu’ils n’ont peut-être pas encore compris ce serviteur à qui ils ont demandé, il y a un an, de prendre la responsabilité du parti. Je ne crois pas à l'opposition au sein d'un même Etat. Aziz Akhannouch est un opposant politique…mon adversaire, avant vous et celui derrière l'échec de la formation du gouvernement de 2016. Je le connais et connais sa situation. Parfois, il agit peut-être contre ses convictions.»

Abdelilah Benkirane

Le secrétaire général du PJD a assuré qu’Aziz Akhannouch n’est pas un adversaire depuis qu’il est devenu chef du gouvernement. «Quand je suis devenu secrétaire général et j'ai vu la campagne menée contre lui, je vous ai demandé de ne pas rejoindre cette chorale», a-t-il poursuivi.

Menace de démissionner du PJD

Revenant à la polémique sur les missions de Jamaâ Moâtassim au sein du cabinet du chef du gouvernement, il a décrit une «une tempête dans une tasse de thé». «Vos adversaires peuvent vous influencer et vous les avez rejoints dans la campagne. Il viendra un temps où je me sentirai inapte à vous diriger. Ce n'est pas Jamaâ qui doit démissionner, c'est moi qui dois partir», lâche-t-il.

«Soyez sûrs que si vous continuez dans cette campagne, je suis le premier démissionner et ce n'est pas un jeu. Si nous considérons que ce qui est arrivé soit une erreur d'évaluation politique, cela doit être géré en fonction de son ampleur. Cela pourrait être une erreur et nous ne sommes pas à l'abri de l'erreur.»

Abdelilah Benkirane

L’ancien chef du gouvernement a estimé que «ce qui peut être considéré comme une erreur dans la décision de Jamaâ Moâtassim est limitée». «J'en porte la responsabilité, car quand Akhannouch lui a proposé, il est venu m’en parler», s’est-il justifié. Abdelilah Benkirane a révélé qu’après la polémique, Aziz Akhannouch aurait dit à Jamaâ Moâtassim que «ce sont des membres du Parti de la justice et du développement qui ont soulevé la question et qui mènent cette campagne».

Mercredi, dans une mise au point relayée par le site de sa formation politique, le secrétaire général du PJD a reconnu que Jamaâ Moâtassim mène une mission au cabinet d’Aziz Akhannouch, précisant que c’est le chef du gouvernement qui a décidé de le garder en tant que «chargé de mission» et non pas comme un «conseiller». Il a ajouté qu'il ne s'y était pas opposé, tout comme son adjoint, rappelant que ce dernier est «à l'origine un fonctionnaire et qu’il n’y pas de problème à ce qu’il aide le chef du gouvernement dans toute affaire qui est dans l'intérêt du pays». «Son travail au sein du cabinet d'Akhannouch ne l'a pas empêché de remplir son rôle d'adjoint, ni de participer avec clarté et franchise à l'opposition du parti au gouvernement», a-t-il ajouté.

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