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Grand Angle

Maroc : Etudiants et praticiens en colère après le suicide d'un médecin interne

Les étudiants en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire ainsi que les médecins internes et résidents manifesteront, mercredi, avec port de brassards noirs pour protester contre certaines pratiques au sein des CHU, après le suicide d'un jeune médecin résident au CHU d'Ibn Rochd de Casablanca. Ce dernier, mort en France, aurait subi des pressions et du harcèlement de la part d'un enseignant.

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Photo d'illustration. / DR
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Au Maroc, l’heure est à la dénonciation parmi les étudiants et les médecins internes et résidents, au lendemain du décès de Yassine Rachid. Médecin résident, le défunt a mis fin à ses jours alors qu’il suivait un stage dans un établissement de santé en France. Plusieurs informations circulant sur cette disparition tragique pointe tantôt un «chef de service», tantôt un «professeur assistant».

Le médecin résident aurait subi des pressions et du harcèlement. Il aurait été privé de pratiquer la chirurgie pendant une longue durée, sur décision de ses supérieurs. Ce serait d’ailleurs la raison pour laquelle il aurait choisi d’aller en France pour continuer son stage.

Sa disparition et les informations circulant sur son suicide ont fait l’objet d’un premier communiqué de la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc. Dimanche, celle-ci a révélé que le défunt était médecin interne au service d'urologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca. «Nous exprimons notre profond regret pour ce qui nous a été dit de la situation difficile qu'il a vécue pendant sa formation, ainsi que les circonstances de son décès. Nous condamnons tous les actes et méthodes honteux qui entraînent une pression psychologique et une coercition physique pour les étudiants et les médecins pendant leur formation, ainsi que toutes les formes d'abus et d'extorsion à l'intérieur et à l'extérieur du lieu de travail», ajoute-t-elle. 

Des pratiques qui entraînent, selon la commission, «des conséquences inimaginables, car ils ne sont pas liés à l'essence de l'hôpital universitaire et de la faculté publics au Maroc, tels qu'ils doivent être et rester des centres de science, de raffinement et d'humanité». La même source a exprimé aussi son «entière disponibilité à engager toutes les formes de lutte et d'escalade vers les plus hauts niveaux afin de défendre la dignité, la santé et les droits de l'étudiant et du médecin».

Sit-in et port de brassards noirs ce mercredi

Dimanche soir, la Comission nationale des étudiants en médecine au Maroc.et la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR) ont tenu une réunion d’urgence. Dans un communiqué conjoint, les deux commissions ont dit «suivre avec une grande inquiétude ce qui se publie concernant le cas du décès de Dr Yassine Rachid». Elles ont cité «les multiples témoignages confirmant ce qu'il a subi, que Dieu lui fasse miséricorde, toutes les formes d'injustice et d'abus systématiques par l'un des professeurs». «Ces pressions et insultes quotidiennes n’achèvent en rien la formation médicale et ne correspondent en rien aux contrôles pédagogiques et humanitaires qui doivent être adoptés à toutes les étapes des études médicales et chirurgicales», insistent-elles.

«Nous soulignons que ce type de pratique est encore présent et répandu dans certains services hospitaliers affiliés à des centres universitaires sur l'ensemble du territoire national, ce qui rend ces derniers absents et éloignés du rôle qui leur est confié dans la formation des médecins de demain, au mépris de toutes les pédagogies théoriques modernes qui font l'étudiant la pièce maîtresse de ce système.»

Communiqué conjoint

Les deux commissions ont ainsi déploré «le terrible silence des autorités de tutelles» devant «révéler les résultats de l'enquête et les circonstances de ce tragique drame». Elles mettent en garde contre «certaines des pratiques intimidantes et provocatrices vécues par les étudiants médecins, internes et résidents dans leurs lieux de travail et de formation, surtout après cet incident douloureux» et expriment leurs refus «de toutes les méthodes systématiques avilissantes et discriminatoires, qui, pour certains, entraînent des complications psychologiques et physiques graves et dangereuses».

Le communiqué annonce aussi l’organisation de «sit-in nationaux pour le Dr Yassine Rachid» dans tous les centres hospitaliers universitaires, ce mercredi 7 septembre avec le port brassards noirs et des correspondances urgentes adressées aux autorités de tutelles pour notamment «rompre toutes les pratiques qui dégradent la dignité des étudiants et des médecins».

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