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Grand Angle  

Maroc-Allemagne : Migration, climat et coopération tournent la page du froid diplomatique

En visite au Maroc, ce jeudi, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock a eu des discussions avec son homologue marocain, Nasser Bourita, sur les questions d’intérêt commun entre les deux pays. Les pourparlers ont conclu sur une déclaration conjointe, où figurent notamment la migration, le climat et le développement durable, la coopération économique et universitaire.

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a eu des discussions avec son homologue marocain, Nasser Bourita / DR.
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Après plusieurs mois de froid diplomatique, le Maroc et l’Allemagne semblent tourner la page de leurs divergences au sujet de la question du Sahara, pour «établir un partenariat renforcé tourné vers l’avenir». Outre l’appui de Berlin à la proposition marocaine d’autonomie dans les provinces du sud, comme solution au différend régional, la partie allemande reconnaît le rôle clé du royaume dans le maintient de la paix et de la stabilité, selon les termes de la déclaration conjointe des chefs de la diplomatie des deux pays, Nasser Bourita et Annalena Baerbock, suite à leur rencontre ce jeudi à Rabat.

En effet, cette déclaration conjointe exprime la volonté du Maroc et de l’Allemagne de «renforcer le dialogue, les relations politiques, économiques, culturelles et interpersonnelles, de promouvoir la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance, de développer le commerce et les investissements et de coopérer en matière de politique climatique, de biodiversité ainsi que des solutions énergétiques vertes». Dans le cadre de cette base de partenariat, «la société civile et les organisations non-gouvernementales, y compris les fondations politiques allemandes, jouent un rôle important».

Une coopération qui inclut la lutte contre la migration irrégulière

Par ailleurs, le Maroc et l’Allemagne ont défendu, dans leur déclaration conjointe, «l’importance primordiale d’un ordre international fondé sur des règles et les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies comme base pour régir les relations entre les Etats». Dans une vision encadrée par les principes onusiens, les deux parties ont abordé la question migratoire comme «un défi commun et une responsabilité partagée», qui nécessite de se tenir aux «obligations humaines inscrites dans la Convention de Genève sur les réfugiés».

Dans ce sens, la partie allemande a reconnu les efforts du Maroc en matière de lutte contre la migration irrégulière. Les deux ministres se sont engagés notamment à «intensifier la coopération» entre les autorités sécuritaires des deux pays, pour la lutte contre le crime transnational, dont la traite des êtres humains.

Aussi, «les deux pays acceptent d’échanger des informations et des meilleures pratiques», tandis que le Maroc «accueille favorablement le soutien technique proposé dans ce contexte». Les deux ministres ont également convenu d’envisager un «renforcement des mécanismes pour améliorer la mobilité des professionnels, la migration légale, le retour, la réadmission et la réintégration».

Dans un autre registre lié à la mobilité, le Maroc a exprimé «son souhait de voir l’Allemagne assouplir les procédures pour faciliter le voyage et le séjour des étudiants marocains durant leurs études» dans le pays, et «examiner la possibilité d’augmenter le nombre de bourses accordées aux étudiants marocains dans les universités allemandes». Sur le plan académique, les deux parties ont exprimé leur satisfaction «du niveau et de la qualité de la coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et ont appelé au renforcement, notamment dans le domaine de l’innovation, du développement durable et de l’efficacité énergétique».

La question climatique s’impose aux partenariats entre les Etats

Dans un contexte mondial fortement marqué par les questions environnementales et relatives aux dérèglements climatiques, la déclaration conjointe entre le Maroc et l’Allemagne a consacré également quelques points à ce sujet. Dans ce domaine, les deux chefs de la diplomatie ont confirmé leur «volonté commune de plaider en faveur d’un engagement international ambitieux pour combattre les effets du changement climatique et encourager les actions en faveur de l’atténuation de ces effets».

Une conviction partagée a été exprimée, quant aux efforts de relance économique postpandémie Covid-19 qui «doivent être conçus de manière à être compatibles avec les engagements en matière de changement climatique, de protection de l’environnement, y compris la biodiversité». Dans ce sens, l’Allemagne a salué «le leadership du Maroc dans l’opérationnalisation des initiatives visant à la résilience du continent africain aux effets du changement climatique, en particulier les Commissions régionales sur le climat lancées lors du Premier Sommet pour l’Action ainsi que le Partenariat-NDC fondé conjointement sous la présidence germano-marocaine, deux initiatives lancées lors de la COP 22».

Les deux ministres ont, par ailleurs, plébiscité leur coopération bilatérale de longue date au niveau du développement durable, de l’agriculture et la sylviculture durables, de la biodiversité, du climat, des énergies renouvelables, de l’eau et de la sécurité alimentaire». Un intérêt commun a été exprimé pour «intensifier et poursuivre cette coopération afin d’en élargir la portée et d’en consolider les acquis».

Définir les priorités de la coopération entre les deux pays

Sur le plan global de l’économie et de la coopération, les deux ministres se sont félicités du succès de cette dynamique de longue date et structurée, au niveau «du développement durable, de la formation et de l’emploi, du climat et de l’énergie, de la transition juste y compris des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la gestion des ressources en eau». Les deux parties ont ainsi convenu de contribuer au succès et à la continuité de ce processus, «en créant un environnement favorable, y compris les processus administratifs».

Afin de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale, les deux ministres ont convenu que les priorités de la coopération future seront «définies d’un commun accord» et pourraient se baser sur des points principaux. Il s’agit du «développement économique durable inclusif», de la «promotion du travail décent, notamment en favorisant la formation professionnelle et technique», la «promotion de reconstruction verte après la pandémie», «la lutte contre le changement climatique ainsi que la promotion de l’adaptation au changement climatique, y compris dans le secteur de l’eau».

La coopération s’axera aussi sur l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, de l’agriculture et de la sylviculture durables et de la biodiversité, en plus de la promotion du secteur de l’hydrogène vert et du Power-to-X, «y compris la possibilité de soutenir le développement de possibilités d’exportations à l’avenir». «Favoriser les opportunités offertes par le progrès technologique et la numérisation», avec «l’ambition du Maroc de développer une économie verte et d’intégrer la décarbonisation» sont aussi à l’ordre du jour.

Aussi, la coopération devra inclure l’encouragement à la participation et à l’inclusion des femmes et des jeunes, en plus de «soutenir les aspects de la migration, y compris la promotion de la migration régulière en tant que vecteur de développement» et de «promouvoir les actions d'intérêt mutuel au titre de la coopération triangulaire».

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