Maroc : Un rapport sur les absences des ministres au parlement divise la majorité de Benkirane

Au Maroc, la majorité de Benkirane est la vedette incontestée de la nouvelle rentrée politique. Après l’incident de Tanger du 1er septembre, voilà que surgit une autre polémique : l’absentéisme des ministres au parlement. Le ministre des Relations avec le parlement, Lahbib Choubani du PJD a présenté, jeudi dernier en conseil de gouvernement, un rapport sur la présence de ses collègues aux travaux de l’hémicycle durant la première année de cette législature (2011-2016).

Les rois de l’école buissonnière

Un document qui devrait être confidentiel mais vite révélé par la presse. Dans lequel, Mohand Laenser et Aziz Akhannouch, respectivement ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture occupent les dernières places avec pour chacun vingt absences. Le premier a choisi le silence alors que le second a expliqué dans un communiqué que ses absences sont justifiées. Le rapport de Choubani a également épinglé Aziz Rebbah, Transports et Equipements, Abdelouahed Souhail, Emploi, Mustapha Ramid, Justice, Najib boulif, Affaires générales du gouvernement, Ahmed Taoufiq, Affaires islamiques, Lahcen Haddad, Tourisme et Mohamed El Ouafa, Education nationale.

C’est la première fois qu’un titulaire des Relations avec le parlement commet un tel rapport. Une initiative qui a suscité une volée de bois vert de la part des ministres, aggravant davantage les dissensions de plus en plus craintes entre les membres du gouvernement Benkirane.

Ouzzine réplique fortement à Choubani

Ne faisant pas dans la dentelle, Mohamed Ouzzine, le ministre de la Jeunesse et des Sports, dans des déclarations au quotidien arabophone Al Massae, a qualifié le rapport de Choubani d’ «acte immoral», précisant que le document avance qu’il s’est absenté dix fois. «C’est faux», rétorque Ouzzine. Et d’ajouter qu’il ne s’agit que de «trois absences dûment justifiées» pour des activités gouvernementales, royales ou déplacement à l’étranger.

Force est de constater que les relations entre Ouzzine et les ses collègues islamistes du gouvernement ne sont pas au beau fixe. Pour mémoire, le titulaire du département de le Jeunesse et des Sports, avait réagi de la même virulence, en avril dernier, contre le projet de Mustapha El Khalfi du PJD interdisant la publicité des jeux de hasard sur 2M. A l’époque, le cadre du Mouvement populaire déclarait à la presse que «El Khalfi est le ministre de la Communication, un responsable gouvernemental et non un théologien ou un Mufti qui autorise et interdit».

Choubani fait marche arrière

Les réactions en cascades contre le rapport de Lahbib Choubani ont visiblement contraint ce dernier a opéré une volte-face. Dans un communiqué, publié le 14 septembre, le ministre des Relations avec le parlement s’en prend aux médias qui auraient commis, selon lui un «mensonge» en parlant des absences des membres du gouvernement, précisant au passage qu’elles sont toutes «justifiées». Choubani a également déploré «le manque de professionnalisme de ces supports de presse».

Le communiqué de Choubani a omis d’aborder la source à l’origine de la fuite aux médias des résultats d’un rapport censé être confidentiel. Une fuite qui n'est sans rappeler celle de la déclaration, janvier dernier, de Benkirane devant le parlement. A l'époque le chef du gouvernement promettait l'ouverture d'une enquête. Juste une annonce destinée à la consommation médiatique et rien de plus.