Film contre le prophète : Les islamistes marocains appellent leurs partisans à la retenue

Ce vendredi est une journée à haut risque dans les pays islamiques. Le film américain «Innocence of Muslim» en est la raison. Au Maroc, les appels à battre le pavé juste après la prière du vendredi, abondent. Al Adl wal Ihassane compte renouer avec la protestation. Son antenne dédiée aux droits de l’Homme, l’Instance marocain de soutien aux causes de la oumma, a appelé ses partisans à battre le pavé en signe de rejet du contenu du film.

Une autre démonstration de force de la part des disciples de Abdeslam Yassine dans un moment crucial pour l’histoire de la Jamaâ. Les voix réclamant un retour des jeunes de l’association aux marches du Mouvement du 20 février ont repris de l’ampleur. Une option de plus en plus envisageable, les relations froides entre la direction de la Jamaâ et le PJD de Benkirane pourraient lever les derniers obstacles devant sa concrétisation.

Le salafiste El Fizazi appelle au boycott des produits américains

Le film américain sur l’islam est également dénoncé par la Coordination des détenus islamistes. A l’instar de Al Adl wal Ihassane, cette ONG a appelé à la tenue de sit-in devant les mosquées après la prière du vendredi. C’est un rituel pour les membres de cette Coordination, habitués à ce genre de rendez-vous pour faire connaître le dossier des détenus salafistes auprès du grand public. Cette fois, seul l’objectif change.

De son côté, le très médiatisé Mohamed El Fizazi, qui s’apprête à lancer un parti salafsite, a appelé les manifestants à la modération et à éviter tout recours à la violence. En revanche, l’ancien détenu pour implication présumée dans les attentats de 2003, libéré en avril 2011, s’est montré en faveur du boycott des produits commerciaux made-in-USA. Sur son site elfazazi.com, il justifie sa proposition par dire que «la frappe économique, en ces temps de crise mondiale, est très douloureuse».

Le MUR, la matrice du PJD, silencieux

Si le PJD a pris ses distances avec cette affaire du film américain, c’est tout de même compréhensif. Le parti ménage ses amis américains, d’autant plus qu’il est au gouvernement. Seul le ministre des Affaires étrangères, Saâd Dine El Otmani a évoqué l’affaire lors de sa rencontre avec son homologue américaine, Mme Hilary Clinton. Mais ce qui est bizarre, c’est le silence du Mouvement unicité et réforme.

Le MUR n’a jusqu’à présent publié aucune réaction officielle dénonçant le film. Et pourtant, sur son site alislah.ma, figure à la Une la totalité du communiqué du conseil des Oulémas du Maroc et un article sur Ahmed Raissouni. L’ancien président du MUR a appelé les musulmans à la retenue lors des manifestations contre l’œuvre cinématographique de l’américain Nakoula Basseley, 55 ans.