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Grand Angle

Tests Covid-19 au Maroc : Un jackpot pour les laboratoires malgré la fixation des prix

Alors qu’il a déjà estimé que la fixation du niveau des prix des tests de dépistage du Covid-19 doit garantir un niveau raisonnable de marge incitatif pour les laboratoires, le Conseil de la concurrence a estimé, dans une nouvelle étude, que certains laboratoires continuent de réaliser «des marges bénéficiaires importantes».

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Photo d'illustration. / Xavier de Fenoyl
Temps de lecture: 3'

Après avoir accusé, en septembre dernier, le ministère de la Santé d’avoir créé des «dysfonctionnements», le Conseil de la concurrence s’intéresse à nouveau au marché des tests Covid-19. Dans une étude rendue publique il y a quelques jours, le conseil approfondit ainsi son analyse du fonctionnement concurrentiel dudit marché.

Dans ses conclusions, l’étude reconnaît que le secteur privé au Maroc a «joué un rôle crucial dans la réponse à cette crise sanitaire imposée par la pandémie, face à une augmentation de la demande pour les prestations de diagnostic plaçant le système national de santé sous pression». Elle déplore le fait que «l’accès du secteur privé de la santé [ait] été entravé par un ensemble de contraintes ayant conduit à la cherté des coûts afférents à la prestation de diagnostic de cette infection».

En plus de «l’absence d’une industrie nationale à grande échelle des réactifs et des équipements nécessaires au diagnostic», l’étude pointe le «cadre législatif actuel» et notamment «l’absence d’une procédure réglementaire claire pour les nouveaux réactifs produits localement».

Des «marges bénéficiaires importantes»

Pour ce qui est du marché d’importations des réactifs de tests Covid-19, la structure demeure «relativement concentrée au niveau d’un nombre limité des opérateurs dont le leader est la société "MASTERLAB"». Celle-ci «s’est accaparée d’une part prépondérante passant de 25% en 2020 à 39% en 2021 par rapport aux tests à base de PCR», ajoute-t-on.

Quant aux tests antigéniques et sérologiques, l’étude cite la société «IM ALLIANCE» qui a enregistré une part de marché passant de 73% en 2020 à 86% à fin octobre 2021, soit une évolution de 4%. Le marché des instruments et équipements de diagnostic est aussi marqué par une forte concentration où un noyau restreint de 13 sociétés totalise une part de marché de près de 55% en 2020 et de 53% à fin octobre 2021.

Le document évoque les «différences notables au niveau régional en terme de nombre de laboratoires autorisés et le nombre de tests effectués», reconnaissant que «la prestation des tests COVID-19 dans le secteur privé, reste un marché concentré au niveau de quatre régions, à raison de 82% de l’ensemble des laboratoires privés autorisés».

S’agissant des «marges bénéficiaires importantes malgré la fixation par l’Etat des prix des tests Covid-19, l’étude a montré également que les laboratoires privés «continuent de réaliser des marges bénéficiaires confortables en dépit de la fixation des prix par l’Etat». Des marges qui varient «en fonction de la taille du laboratoire, le nombre de tests réalisés et le choix d’investissement adopté pour chaque laboratoire».

«Les calculs réalisés par les services d’instruction du conseil, ont permis de constater que les résultats nets annuels des laboratoires privés peuvent varier de plus de 126 952 dirhams, si le laboratoire ne réalise que la prestation de PCR conventionnelle, à plus de 1,7 million en cas de réalisation simultanée de tous les types de tests.»

Extrait de l'étude

Encourager la consommation des réactifs fabriqués localement

L’étude du Conseil de la concurrence recommande notamment d’«atténuer la dépendance du marché national des chaînes d’approvisionnement mondiales en matière de réactifs de diagnostic du Covid-19». «Le Conseil estime qu’il est important de faciliter l’insertion des produits marocains dans le marché national et assurer la distribution de produits essentiels, notamment les réactifs de diagnostic, afin de pouvoir répondre convenablement et avec célérité à l’émergence de nouvelles menaces liées à des nouveaux variants avec des ressources locales», ajoute l’étude.

Celle-ci suggère aussi de «définir un cadre législatif de référence pour la mise sur le marché des réactifs 100% marocains», de «favoriser d’avantage l’innovation dans l’industrie de tests de diagnostic», d’«encourager la consommation des réactifs fabriqués localement» et de «soutenir l’amont du marché des tests de dépistage du Covid-19».

D’un point de vue concurrentiel, il est également recommandé d’«adapter la procédure d’approbation des réactifs et des dispositifs médicaux en lien avec le diagnostic du Covid-19 à la situation d’urgence sanitaire», de «rendre public la liste des réactifs autorisés pour la mise sur le marché national» et de «mettre à jour et opérationnaliser la plateforme de soumission des demandes d’enregistrement».

Le Conseil de la concurrence recommande également d’«accélérer la mise en place de l’Agence nationale du médicament et dispositifs médicaux», de «réexaminer les barrières légales et réglementaires dont certaines demeurent inappropriées» et de «sécuriser l’approvisionnement des laboratoires privés d’analyses de biologie médicale».

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