Toutes espèces confondues, les captures du secteur halieutique marocain ont atteint 561 237 tonnes sur les sept premier mois de l’année en cours, d’après le rapport statistique de l’Office national des pêches [ONP] du mois de juillet 2012. Cela implique une progression en volume de 43% par rapport à la même période l’année dernière. A l'époque, les navires espagnols pêchaient encore dans les eaux marocaines en vertu de l'accord de pêche qui liait alors le Maroc et l'Union européenne.
Cette année, les espèces pélagiques enregistrent la meilleure performance en volume avec une augmentation de 51%. Un record rehaussé par la sardine et le thon qui ont respectivement progressé de 86% et 144%. Les poissons blancs, quant à eux, marquent la seconde grande niche de progression des rendements du secteur. Le total des captures s’est établi à 47 634 tonnes, contre 39 359 tonnes l’année dernière, soit une hausse de 21% avec une prédominance du merlu et du pageot.
Est-ce l’impact de la rupture de l’accord de pêche avec l’UE ?
En clair, depuis le début de cette année, les ressources halieutiques sont riches dans les eaux nationales. Pourtant, les professionnels se sont longtemps plaints de la pénurie de ressources due à l’exploitation directe des eaux nationales par les Européens, dans le cadre de l’accord de pêche. Ce dernier n’étant plus en vigueur depuis décembre 2011, l’Espagne fait des pieds et des mains pour l’adoption d’un nouveau protocole.
Voir, aujourd’hui, après la rupture de l’accord, que l’on assiste à une augmentation de la ressource peut laisser penser en effet, que l’accord de pêche compromettait l’approvisionnement du secteur au niveau national. Par comparaison, sur l'année 2011, les débarquement des produits de la pêche côtière et artisanale, sur l'année avait, en poids, baissé de 16%. En 2010, ils n'avaient augmenté que de 2%.
Le président de la Fédération de l’industrie de la pêche, Hassan Sentissi Idrissi n’est pas sûr du lien de cause à effet entre la rupture de l'accord et la hausse de la pêche nationale. «Je ne vais pas être plus nationaliste qu’il ne le faut. Il y a même des groupes marocains qui pêchent autant que l’UE», affirme-t-il d’entrée de jeu. Pour lui, «l’impact de l’accord n’est pas tellement important, puisque si on s’en tient aux 70 000 tonnes prévues par l’accord de pêche Maroc-UE sur les 1 700 000 tonnes de ressources pêchées par an au Maroc, il n’y a pas surexploitation, si, bien sûr, ce quota est respecté en pratique».
Hassan Idrissi reconnait tout de même que dans le passé, le Maroc a commis une erreur en laissant ses ressources être exploitées au gré des Européens. «Ils ne pêchaient que le poisson blanc. L’espèce pélagique était laissée pour compte, explique M. Idrissi, ajoutant que «ce qui s’est passé il y a dix ans, on le paye aujourd’hui».
D’après lui, les professionnels européens, espagnols notamment, devraient délocaliser leurs activités au Maroc, pour en finir enfin avec ce problème d’exploitation des eaux nationales. M. Idrissi estime, néanmoins, que le nouvel accord est prometteur quant au respect des ressources nationales. Il est la condition sine qua non émise par le gouvernement marocain pour l’adoption d’un nouvel accord.