Le 3 août, le conseil d’administration du FMI donnait son feu vert pour l’ouverture d’une ligne de crédit dite de «précaution» de 6,2 milliards de dollars pour le compte du Maroc. Cette générosité de l’institution financière n’est guère l’œuvre du hasard. Elle n’est que la réponse à une demande pressante des autorités marocaines de les aider à se prémunir, en cas de besoin, " contre les chocs exogènes, eu égard aux incertitudes grandissantes de la situation mondiale» . Un crédit qui "permettra aux autorités de poursuivre la mise en œuvre de leur propre programme de réformes, dont l’objectif est de promouvoir une croissance économique vigoureuse et solidaire», soulignait le communiqué du Fonds monétaire international.
Des engagements qui engagent l'avenir du pays
Le 27 juillet, sept jours avant cette approbation, le Maroc, sébile à la main, frappe déjà à la porte du FMI. Dans une lettre co-signée par le ministre de l’Economie et des Finances, Nizar Baraka, et le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, les deux responsables s’engagent à appliquer une série de mesures garantissant l’accès du FMI à la demande marocaine. A titre d’exemple, dans le 4ième point : le document rappelle à l’institution financière l’engagement du gouvernement Benkirane de réduire le déficit budgétaire à 3% en 2016.
Actuellement, il est de 7% selon des estimations de la Banque centrale. Certaines prévisions le placeraient à 9% vers la fin de cette année. Une tendance envisageable à cause, notamment, du renchérissement du baril du pétrole, mardi le Brent s’est échangé à 114,03 dollars et le light sweet crude, à New York, dépassait les 93 dollars, et la hausse des prix des céréales sur le marché mondial. Il y a une semaine, devant les députés, Nizar Baraka affirmait que le pétrole et le blé représentent 70% des importations du Maroc.
Par ailleurs dans la lettre, Barak et Jouhari se référaient à la promesse de Benkirane d’atteindre à l’horizon la croissance de 5,5%. En 2012, elle serait, dans les meilleurs des cas, 3%. Le gouvernement l'a revu à la baisse pour cette année, la situant désormais à 4,3% alors que le HCP Ahmed Lahlimi mise sur 2,4%.
Dans le document il est également lieu de citer l’engagement des deux responsables de maintenir quatre mois de réserves en devises. Durant le premier semestre de cette année, l’Etat a perdu, selon les révélations de Azami Idrissi, le ministre du Budget, l’équivalent de 30 milliards de dh en dollars et en euros.
Reste la lancinante question, le gouvernement Benkirane saura-t-il en mesure de respecter ces engagements ? Une affaire à suivre.