Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a eu chaud lundi dernier, lors de la séance des questions orales au Parlement. Les députés, qu’ils soient du Mouvement populaire, de l’Istiqal ou même du PJD, n’ont pas mâcher leurs mots pour exprimer ce qu’ils pensent des programmes télévisés proposés pendant le ramadan cette année.
«Mépris à l’encontre de l’intelligence des Marocains»
«C’est un mépris à l’encontre de l’intelligence des Marocains, leur goût artistique et créatif», lance Loubna Amhair, député du Mouvement populaire, ajoutant que pour preuve, le taux d’audience pour ces programmes est en chute libre, rapporte Le Soir. En effet, seule la chaine coranique Assadissa a réussi à se faire une place de choix sur la grille des programmes regardés par les citoyens, d’après les enquêtes menées par une cellule mise en place par le ministère de la Communication. Toutes les autres chaines accusent une baisse d’audience au profit des chaines étrangères.
«A quoi bon consentir des dépenses faramineuses si le rendement ne le mérite pas ?», interroge-t-elle, puisque le budget des productions pour le mois de ramadan s’est situé à 19 millions de DH pour Al Oula et 37 millions pour 2M.
«Face à cette médiocrité, il faut protéger les Marocains»
Même son de cloche au sein de l'Istiqal. Abdellah Bekkali dénonce la médiocrité des programmes les accusant également de «dévaloriser l’action politique». Le député istiqalien remarque «qu’à la même période chaque année, ce problème est devenu récurrent». «Face à cette médiocrité, il faut protéger les Marocains», s’insurge-t-il.
«Besoin d’un divertissement sérieux, respectable et utile»
Le PJD aussi s'y est mis. Pour Abouazaid El Mokrie El Idrissi du PJD, les programmes télévisés du ramadan sont «ridicules, vides et superficiels». Il considère que le problème est d’abord un problème de «gouvernance». «Des sociétés de productions monopolisent le marché et se font payer des prix incroyables pour des productions médiocres qui choquent en plus le public marocain», dénonce-t-il. Et d’ajouter que ce dont les Marocains ont besoin, c’est «d’un divertissement sérieux, respectable et utile».
Le ministère de tutelle s’active
Face à cette pluie de critiques, M. El Khalfi l’admet. «Nous avons un problème de qualité, malgré les quelques bonnes performances de certains artistes». Le ministre estime également qu’un autre problème qui se décline comme le talon d’Achille de la télé Marocaine est «le manque de créativité».
Quelques aménagements ont été lancés pour corriger peu à peu les couacs de la télé. Le ministère a commencé par la réduction de la densité des pages publicitaires, notamment sur la première chaine. Au lieu de 16 minutes de publicités cette dernière en diffusera 13, et ce, pour «laisser place à un peu de chants soufis au moment d’Al Iftar, histoire de ne pas perturber les Marocains à table».
Au passage, le ministre précise néanmoins que le budget de la première chaine cette année est de 36 millions de dirhams contre 46 millions l’an dernier. Une réduction des coûts rendue possible grâce à la promotion de la production locale, justifie-t-il.
Par ailleurs, plusieurs autres mesures seront également mises en œuvre très prochainement, selon M. El Khalfi. Il s‘agit, entre autres, de la création d’un site web pour la présentation et la sélection des projets de production des deux chaines nationales, la formation des ressources humaines en matière d’écriture de scénario et la moralisation et le respect de l’éthique. D’après le ministre, ces différentes mesures permettront de relever la pente de la télévision nationale. Wait and see !