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Grand Angle

Maroc : Les étudiants ingénieurs éreintés par l’enseignement en distanciel

Contre leurs attentes, les étudiants des écoles d’ingénierie dotées d’internats n’ont pas fait leur rentrée universitaire en mode entièrement présentiel. En fonction de la capacité d’accueil réduite en raison de la crise sanitaire, l’enseignement à distance a été décrété pour une partie, souvent celle qui fait sa première année.

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L'école nationale supérieure des mines de Rabat / ENIM Rabat
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Quoique vaccinés contre la Covid-19 et sensibilisés aux mesures préventives et de distanciation, nombre d’étudiants dans les écoles d’ingénieurs n’ont pas pu regagner leurs établissements pour la rentrée universitaire en mode présentiel. Pour cause, la capacité d’accueil des internats rattachés à ces instituts est réduite, conformément au protocole sanitaire en vigueur, ce qui implique qu’une partie des nouveaux venus enchaînera sur les cours à distance, qu’ils estiment inadéquats avec la nature et les besoins de leur formation.

Contactés par Yabiladi, deux de ces étudiants ont indiqué que le nombre de concernés par le maintien de l’enseignement à distance diffère d’un établissement à l’autre, en fonction de la capacité d’accueil des internats qui ne peut encore être remplie à 100%, par décision des autorités sanitaires publiques. La plupart de celles et ceux privés d’un retour «à la normale» sont étudiants en première année, qui devaient rejoindre les bancs de leurs écoles après deux ans en classes préparatoires. «Il n’existe pas de critères clairs pour l’admission au mode présentiel ou non, si ce n’est celui de la difficulté de certains inscrits à accéder aux outils technologiques, au cas où ils suivent leurs cours à distance dans des régions reculées», nous a indiqué un étudiant, qui démarre sa première année à l’Ecole nationale supérieure des mines de Rabat (ex-ENIM).

Pour sa part, une étudiante en deuxième année à la même école a expliqué que «la décision du ministère de l’Enseignement supérieur concernant l’éligibilité de la fréquentation scolaire à 100% en présentiel et celle des ministères de la Santé et de l’Intérieur à propos du protocole d’utilisation du pass vaccinal comme moyen nécessaire pour accéder à tout service public ou privé ont été prises, mais les étudiants de l’Ecole nationale supérieure des mines de Rabat en particulier et des écoles publiques d’ingénieurs en général se sont retrouvés à négocier l’enseignement en présentiel, alors que le taux de vaccination des étudiants des écoles dépasserait 85%».

Une mobilisation dans les différentes écoles publiques d’ingénieurs

Inquiets, les étudiants déplorent des «solutions prothétiques», qui font que «la plupart des écoles ne peuvent accueillir que deux niveaux d’enseignement». Les admis à la première année ont ainsi été «obligés de poursuivre leurs cours à distance pour une durée indéterminée, comme l’a indiqué le comité sanitaire, bien que leurs chambres soient vacantes ou qu’il y ait respect du protocole sanitaire». «Avant de rejoindre les bancs de l’école, toutes les vérifications ont été faites, nous avons eu nos pass sanitaires et nous avons même été soumis au test PCR lors de la rentrée universitaire», a affirmé à Yabiladi Ouafae, qui s’interroge sur la notion réelle de l’intérêt de l’étudiant et de l’égalité des chances prônée par le ministère de tutelle.

Dans une déclaration écrite parvenue à Yabiladi, l’association des étudiants de l’ENIM souligne par ailleurs le deux-poids, deux-mesures entre la mise en place de ces restrictions dans les écoles supérieures publiques et la rentrée présentielle à 100% dans les établissements privés. «Ces derniers ont bénéficié d’une formation présentielle totale, accompagnée d’une vie estudiantine parfaitement normale, sans oublier les événements, les activités parascolaires et les soirées qu’ils organisaient au sein de celles-ci dans une période qui était extrêmement critique», a rappelé le bureau.

Les étudiants ont exprimés leurs inquiétudes, car avec l'enseignement à distance, «la formation normalement répartie en théorique et technique manque de travaux pratiques ainsi que de sorties pédagogiques». Selon eux, ceci a «privé les étudiants du contact si important avec le milieu du travail». A l’Ecole nationale supérieure des mines de Rabat, ils estiment ne plus être en mesure d'accepter «cette marginalisation envers les étudiants de première année», niveau charnière dans le parcours d’apprentissage et de la formation en ingénierie.

«Tous les élèves de l’école sont prêts et déterminés à défendre fortement leur droit en cas de besoin», ont-ils souligné dans leur déclaration écrite, faisant état d’une mobilisation qui prend forme avec la Coordination nationale des élèves ingénieurs et les bureaux des associations des élèves ingénieurs des autres établissements du pays.

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