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Grand Angle

Inhumation de Wissam El-Yamni, décédé en janvier suite à son interpellation

Mort en janvier dernier à la suite de son interpellation par les forces de l’ordre de Clermont-Ferrand, le corps du jeune marocain Wissam El-Yamni vient d’être finalement rendu à sa famille après six long mois d’attente. Il a été inhumé dans la journée d’hier.

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Le 7 janvier 2012, ils avaient été plusieurs centaines à manifester contre des "bavures policières" du type de celle ayant entraîné la mort de Wissam El Yamni
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Wissam El Yamni reposera enfin en paix. Il a été inhummé, hier. Après six mois d’expertise et de contre-expertise sur les circonstances de sa mort, le corps du jeune Marocain a finalement été inhumé dans la journée de dimanche. Ce chauffeur-routier de 30 ans, était mort en janvier dernier, neuf jours après être tombé dans le coma à la suite d’un malaise cardiaque, lors de son interpellation par les forces de l’ordre le soir de la Saint-Sylvestre, à Clermont-Ferrand.

«Cela fait cinq mois, cinq mois de trop» déplore son frère, Farid El-Yamni, dans une interview accordée au journal Le Monde, il y a quelques semaines. Et l’avocat de la famille de Wissam El-Yamni de renchérir : «ce corps en attente, c'est insupportable». C’est en effet la mort dans l’âme que la famille du défunt avait demandé à ce qu’une contre-autopsie soit effectuée sur le cadavre de Wissam pour éclaircir les circonstances de son décès, reportant ainsi la date de son inhumation. «Mes parents voulaient enterrer mon frère», a expliqué Farid El-Yamni au Monde. Mais, face aux nombreuses contradictions et incohérences du pré-rapport d’autopsie et de l’enquête de l’inspection générale de la police nationale, Farid a réussi à les convaincre de la nécessité de faire une contre-autopsie.

Drame de la Saint silvestre

Le drame de Wissam remonte au soir du 31 décembre 2011. Il est 3 heures du matin quand une patrouille de la police nationale, alertée par un appel signalant un corps inanimé sur la voie publique, arrive sur le parking du centre commercial de la Gauthière, un quartier populaire de Clermont-Ferrand. S’ils ne trouvent aucun corps à leur arrivée sur place, les policiers tombent par contre sur un groupe de jeunes du quartier en train de fêter le nouvel an, parmi lesquels Wissam El Yamni.

Irruption intempestive de la police, jeunes gens éméchés, scénario classique : le ton monte rapidement.  Wissam El-Yamni se lève et jette une première, puis une deuxième pierre sur la voiture de la patrouille. S’ensuit alors une course-poursuite de plusieurs minutes entre les policiers et le jeune Marocain qui se fait finalement rattraper par le chien de la brigade. A partir de là, l’histoire devient plus confuse et varie selon les versions rapportées.  

Toujours est-il qu’à la suite de son interpellation, entre le départ du quartier Gauthière, à 3h15, et l’arrivée au commissariat à 3h55, Wissam El-Yamni tombe dans le coma et décède 9 jours plus tard. Une information judiciaire est alors ouverte pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner»  visant directement les deux «dépositaires de la force publique» qui ont arrêté le jeune homme.

L’hypothèse du pliage rejeté par les avocats de la famille

Une hypothèse s’impose rapidement : celle du «pliage». Dans le jargon policier, le «pliage» est une technique de maitrise qui consiste à maintenir un homme tête penchée contre les genoux. Les deux policiers en auraient fait usage sur Wissam parce que celui-ci montrait de grands signes d’agitation et «d’altération comportementale franche». Ce que semblerait corroborer le pré-rapport d’autopsie qui fait état de la consommation de stupéfiants (alcool, cannabis et cocaïne) par le jeune maghrébin. D’après les médecins-légistes, ce «pliage» aurait provoqué une compression des carotides et entrainé la perte de connaissance de Wissam.

Une thèse que Me Canis rejette en bloc : «cette thèse du pliage, je n'y crois pas», a-t-il ainsi déclaré au journal Le Monde. Selon l’avocat de la famille El-Yamni, des traces étaient bel et bien visibles au niveau de la gorge de Wissam. Par ailleurs, la seconde avocate du clan El-Yamni, Me Borie, estime pour sa part que les doses de stupéfiants étaient trop faibles pour justifier «l’altération comportementale» du jeune maghrébin, d'où la demande d'une nouvelle analyse toxicologique.

En définitive, de nombreuses zones d’ombre demeurent quant aux circonstances entourant la mort du jeune Wissam. Si Wissam peut désormais reposer en paix, il est probable qu'il faudra encore du temps à sa famille pour retrouver la sienne. Les résultats de la seconde autopsie ne seront connus qu'en septembre.

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