Menu

Grand Angle

Diaspo #203 : Amina Belhassan Alaoui, l’entrepreunariat comme pont entre la France et le Maroc

Destinée à une carrière dans la communication, Amina Belhassan Alaoui a fini par renouer avec l'entrepreneuriat. Grâce à son goût du risque, elle a réussi précocement à tracer son chemin dans le monde de l’entreprise, en montant son enseigne de distribution de maroquinerie importée.

Publié
Amina Belhassan Alaoui / Ph. Visages du Maroc
Temps de lecture: 3'

Une férue d'économie depuis la plus tendre enfance. Après avoir fait l’école primaire à Kénitra, Amina Belhassan Alaoui déménage avec sa famille à Rabat, où elle a fait le lycée Descartes, jusqu’à obtenir son baccalauréat. «Depuis que j’étais petite, je voulais faire des études en économie à l’étranger», se souvient-elle. Elle finira par changer de cap en optant pour une école de communication.

«Après mon BAC, j’étais très contente de partir en France mais une fois là-bas, j’ai voulu rentrer ! Lorsqu’on est jeune étudiant et qu’on part à l’étranger, les parents nous manquent beaucoup, au cours des premiers mois d’installation. Mais après, on s’habitue et on se crée des amis venus de partout dans le monde ; nous sommes en contact encore aujourd’hui», note Amina.

Après cinq ans d’études à Paris, Amina décide de rester encore une année, avec l’optique d'y trouver un emploi. Cette année lui permettra d’opérer un nouveau changement dans sa carrière, pour devenir cheffe d’entreprise de distribution de marques de sacs importés au Maroc.

Sa présence en France lui permet de faire sa prospection auprès de ses premiers clients, puis le bouche-à-oreille finit par gagner la confiance de fournisseurs. «Avec la crise de 2008 dans le secteur de la communication, j’avais un diplôme de directrice artistique mais il était impossible de travailler en agence», se rappelle Amina, qui décide alors de rentrer au Maroc. Loin de se résigner après son retour au pays, elle réfléchit à un moyen d’apporter, à son échelle, de la plus-value à l’économie marocaine, tout en ayant cette possibilité de se rapprocher de ses parents après tant d’années en France.

De la communication à la distribution de marques importées

Revenue avec l’idée de créer une agence de communication, l’entrepreneuse commence d’abord par travailler en freelance, puis pour une agence web. Elle se dirige ensuite vers la gestion de projets, afin de créer son portefeuille clients. Passionnée du web et des réseaux sociaux, elle s’est donnée le défi de se lancer dans le e-commerce et dans l’importation de maroquinerie, à travers son entreprise Sac à Elle.

«Quand j’étais étudiante à Paris, j’ai toujours porté des sacs haut-de-gamme mais avec un bon rapport qualité prix. Au Maroc à l’époque, il n’y avait que des produits de luxe ou du bas-de-gamme, le moyen-gamme n’existait pratiquement pas. Je me suis dis alors pourquoi ne pas commencer à importer les marques que je connaissais déjà et que j’utilisais moi-même», nous raconte-t-elle. Certaines de ces marques étaient déjà connues au Maroc, puisqu’elles avaient leurs boutiques à Casablanca.

«Les acheteurs marocains les connaissaient et savaient que c’étaient des valeurs sûres, je me suis dis autant les rendre disponibles à nouveau.»

Amina Belhassan Alaoui

De plus, «les propriétaires de marques étrangères sont contents de voir une jeune femme s’investir dans le monde de l’entreprise et leur proposer de devenir leur fournisseur au Maroc», selon elle. Inversement, Amina a remarqué moins d’engouement dans son pays natal. «J’étais très jeune quand j’ai commencé, donc on m’a plus mise en garde sur les risques que je prenais, mais c’est bien à Rabat que j’ai monté mon entreprise, malgré les difficultés administratives auxquelles ont est confronté au début», nous confie l’entrepreneuse. «Je ne voulais pas être salariée, j’avais le goût du risque et j’ai préféré travailler à mon compte en lançant mon propre projet de commerce en ligne», ajoute Amina.

En effet, le e-commerce n’a pas encore le vent en poupe au Maroc des années 2000 et «beaucoup de gens trouvaient cela bizarre», se rappelle la cheffe d’entreprise, qui a également ouvert un show-room sous forme de boutique en appartement. «Les gens trouvaient cela encore plus bizarre, mais au fur et à mesure des années, ils ont commencé à s’y habituer, à me faire confiance et à toucher concrètement le rapport qualité-prix des articles mis en vente», nous indique Amina.

Une importatrice qui fait le pont entre la France et le Maroc

Quelques années plus tard, sa marque de distribution gagne la confiance du Festival international du film de Marrakech en 2016, puis du Festival Mawazine en 2017, où la cheffe d’entreprise décroche des partenariats pour les produits de maroquinerie. «Les réseaux sociaux ont commencé de plus en plus à aider pour faire connaître les produits à travers des utilisateurs qui attestent que les marques importées étaient originales et parvenaient au marché marocain dans le respect des lois en vigueur», souligne Amina.

Parallèlement à l’entrepreneuriat, Amina Belhassan Alaoui confirme son talent de peintre, après s’être intéressée au dessin depuis ses années d’étudiante. Après que les responsabilités familiales l’en ont éloignée après son retour au Maroc, l’artiste revient à ses pinceaux et à ses toiles depuis deux ans maintenant. En septembre prochain, elle organisera sa première exposition de tableaux abstraits à Rabat, intitulée «Sphère et matière».

Par ailleurs, son entreprise évolue entre la France et le Maroc, mais son activité principale gagne du terrain dans son pays natal, où la cheffe d’entreprise passe désormais plus de temps. «Je continue à me rendre à Paris régulièrement pour aller à la rencontre de mes fournisseurs, voir les nouvelles collections et participer aux salons», nous confie Amina, installée de manière plus régulière au Maroc depuis 2018. A terme, elle rêve de créer sa propre marque de confection de maroquinerie.

Article modifié le 07/08/2021 à 00h46

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com