Menu

Grand Angle

Maroc: Tensions politico-économique autour de la grève des chauffeurs de taxis

Le projet de loi organique portant sur l’adoption d’un nouveau code de la route a créé un véritable tollé au Maroc. Les organisations de chauffeurs de taxis – plus particulièrement les taxis «blancs» - ont décidé de s’opposer fermement et avec beaucoup de détermination au ministre de tutelle, Karim Ghellab.
Publié
DR
Temps de lecture: 3'
Tout avait débuté en 2007 avec des mouvements de grève de masse sur l’ensemble du pays qui étaient pilotés par des organisations professionnelles de taxis. A cet époque, l’Etat avait fait marche arrière car les conséquences économiques (blocage du port de Casablanca, problèmes d’approvisionnement en fruits et légumes,…) et sociales (chômage partiel, gel de l’activité marchande) étaient trop lourdes à supporter.

C’est tous les pans de l’économie qui se retrouvaient en panne…sèche. Face à cet état de fait – et sous la pression du pouvoir central – Karim Ghellab et le gouvernement de Driss Jettou opéraient alors une grande marche arrière.

Les tractations et autres négociations «souterraines» entre l’Exécutif et les représentants des fédérations (et associations) de taxis n’ont pu endigué la colère des chauffeurs de taxis. Du coup, Karim Ghellab faisait le dos rond sans pour autant changer de…philosophie. 2007 est une année marquée par un rendez-vous politique avec les élections législatives et la flambée mondiale des denrées alimentaires de première nécessité.

En effet, le ministre décidait de contourner le «bloc». Comment ? Via une double démarche. Primo. Donner l’impression de lever le pied en ouvrant le débat et en promettant d’écouter et de tenir compte des revendications exprimées par les chauffeurs de taxis. Secundo, avec le lancement d’une offensive secrète (lobby auprès des parlementaires, ralliement de certains chefs de file du mouvement contestataire) destinée à faire passer le projet de nouveau code de la route au sein de la Première chambre au Parlement.

«Le ministre n’a tenu compte d’aucune suggestion. Il en a fait qu’à sa tête. De facto, et devant son attitude, nous avons décidé de repasser à l’offensive avec une série d’actions de protestation», déclare Bouâzza El Ghadi, Secrétaire général de la Confédération générale des taxis.

Une large majorité des propositions des organisations des chauffeurs de taxi portaient sur les amendes et autres sanctions jugeaient trop sévères. En effet, le projet de loi prévoit des peines de 3 à 10 mois de prison pour conduite en état d’ivresse (dans un pays où la consommation d’alcool est interdite pour les musulmans ?!), de drogues ou de médicaments, le refus d’obtempérer, les situations de blessures volontaires (vive l’arbitraire) ou d’accidents mortels. Les amendes vont de 300 à 7 000 dirhams.

Et ce n’est pas tout. L’introduction du permis à point est également dans les tuyaux, comme du reste la refonte du système de mise en fourrière des véhicules et le durcissement des conditions de retrait du permis de conduire.

«Nous avons le sentiment que ce projet de code la route n’a pas tenu compte des conditions d’exercice de notre métier, de la situation sociale des chauffeurs et des conséquences dramatiques que ce code pourrait avoir pour les chauffeurs de taxis. Que propose Karim Ghellab pour améliorer l’état des routes ? Très souvent la cause d’accidents», indique Bouâzza El Ghadi.

Ce nouvel affront pour Karim Ghellab a également des soubassements politiques. Candidat «à la candidature» au scrutin communal de juin 2009 pour devenir Maire de la ville de Casablanca, il devra s’attacher à revoir sa copie pour conserver des chances de succès. Et les chauffeurs de taxis le savent. D’où leur (nouvelle) proposition pour sortir du conflit : le retrait pur et simple du nouveau code la route. Va y avoir du sport !
Panne sèche dans les stations de service !

Selon des sources recoupées, les habitants de la ville de Casablanca sont privés de carburant. En effet, les organisations de chauffeurs de taxis bloquent l’accès à tous les camions en charge de ravitailler les stations service. La situation devient donc de plus en plus critique pour Karim Ghellab et le gouvernement de Abbas El Fassi. A noter que certains propriétaires de stations service ont réclamé la protection de la police pour tenter un ravitaillement de leur points de vente en carburant.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com