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Grand Angle

M'jid El Guerrab : "Nous demandons plus de diversité au PS"

M’jid El Guerrab, membre du Conseil fédéral du Cantal au Parti socialiste (PS) en France, fait parti d’un collectif d’élus et militants socialistes qui a décidé d’interpeller Martine Aubry, Secrétaire général du PS, et la direction du parti sur «l’absence» d’un vrai débat interne sur la diversité et la représentativité politique. La nature de ce mouvement relance le débat sur la place accordée aux Français d’origine maghrébine au sein des instances du PS.
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Temps de lecture: 3'
- Yabiladi : Qu'est-ce qui explique l'existence de votre courant au sein du PS? Vous vous sentez à l'étroit?
- M’jid El Guerrab :
Notre appel n’est pas un « courant » en soi, au contraire il regroupe plusieurs jeunes issus de différents courants au sein du PS. Les grands partis comme le PS ou l’UMP ne donnent pas la place facilement aux nouvelles générations, c’est le moins qu’on puisse dire ! Vous pouvez attendre encore un peu avant de voir surgir un Obama en France… Comme nous le décrivons dans notre appel, il y a des situations de rente politique qui sont inacceptables, des baronnies locales se sont formées au fil des années qui n’ont rien à envier à l’ancien régime ! Le PS est certes un parti d’élus issus des territoires mais pour pouvoir porter le maillot à des élections, en plus des dizaines d’années de militantisme, il faut bien souvent « montrer pattes blanches »… dans tous les sens du terme !
Donc avec plusieurs membres du PS, jeunes et moins jeunes, nous voulons dire « assez des discours, passons à l’acte ». Arrêtons avec cette diversité artificielle qui nuit à ceux qu’elle est sensée représenter ! La plupart d’entre nous ne se sentent pas comptables des erreurs que le PS a pu commettre à l’égard des jeunes de banlieues, alors nous voulons le dire : « oui, nous sommes socialistes, fiers de l’être, et oui, nous aspirons à prendre des responsabilités ! ». Personne ne peut venir nous faire un procès en légitimité parce que nous sommes des vrais militants de terrain et parce que personne ne nous a fabriqué.
Vous savez, comme la plupart des militants sincères, j’en ai rangé des chaises à la fin de réunions et j’ai encore de la colle d’affiches sur le bout des doigts ! Nous avons tous fait des campagnes présidentielles, cantonales, municipales et législatives… Nous n’avons aucune leçon à recevoir du type : faites vos preuves d’abord !


- Pour un parti qui prône la diversité, votre démarche ne jette-t-elle pas un discrédit sur l'idéologie du parti socialiste?
- Pensez-vous avoir votre place au sein de cette famille de pensée?
Nous sommes tous des militants de terrain et la plupart sont membres des instances locales du PS. Entre le discours et les actes, parfois le fossé est grand, trop grand. Cet appel s’adresse donc à la direction du PS mais également à tous les citoyens français, en substance, nous disons : « la bagarre pour la représentativité doit se mener à l’intérieur des partis politiques ! ». Rien ne sert d’aboyer de l’extérieur, à nous de prendre nos responsabilités, d’intégrer les partis politiques et de faire évoluer les choses de l’intérieur. Je ne suis pas dupe aussi de la difficulté de mettre du renouvellement quand derrière vous devez faire place au rapport de force politique… Même si nous sommes des militants sincères, on pèse beaucoup moins qu’un baron local qui gère 5 000 cartes !
Beaucoup d’anciens militants – un peu dégoûtés par le PS, il faut l’avouer – me disent : « ça sert à rien, on a déjà essayé ! ». Moi, je leur réponds par cette citation que j’aime : « ceux qui ont voulu changer le monde en sont morts et ceux pour qui rien n'a changé sont morts également » !
Alors oui, sans me sentir héritier des erreurs de mes aînés, j’accepte l’héritage progressiste socialiste et je pense que nous avons toute notre place pour porter des valeurs de fraternité (au sens de Blum mais pourquoi pas aussi de Ségolène Royal !), de justice sociale, de redistribution des richesses et d’égalité réelle !


- Cette « offensive » répond-elle à l'agenda politique et aux élections européennes du mois de juin?
- Oui, bien évidemment si l’on peut considérer que c’est une « offensive » ! Nous n’en sommes pas encore à prendre la rue Solferino à coup de lance-pierres et de javelots ! Mais pourquoi pas (rires)… Plus sérieusement, nous souhaitons prendre au mot notre Première Secrétaire Martine Aubry qui a indiqué que les critères de candidature pour les européennes seraient : diversité, non-cumul et renouvellement ! Dont acte. Nous verrons ce qu’il en ressort dans quelques semaines.

- Et enfin, si Martine Aubry ne donne pas une suite favorable à vos requêtes, que ferez-vous?
- Les lance-pierres et les javelots ! (Rires)… Non, nous verrons, mais je serais terriblement déçu, c’est clair. Ce que je crains le plus en vérité ce sont les répercussions sur « notre électorat », si tant est qu’il nous appartienne... Et ça malheureusement le PS a trop tendance à croire qu’il est propriétaire d’un vote. Aujourd’hui, le PS ne doit pas oublier qui a voté pour Ségolène Royal en 2007.

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