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Grand Angle

Après Ghannouchi, les islamistes algériens veulent une Union maghrébine sans le Maroc

Le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le plus grand parti islamiste en Algérie, a confirmé hier son soutien à Rached Ghannouchi, qui assure la présidence du parlement tunisien. Abderrezak Mokri a déclaré soutenir l’idée du leader d’Ennahdha pour une Union du Maghreb excluant le Maroc.

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Abderrezak Mokri et Rached Ghannouchi / DR.
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Samedi, Abderrezak Mokri a été cité dans les médias algériens, auprès desquels il a soutenu une idée du président du parlement tunisien, l’islamiste Rached Ghannouchi, qui a proposé la construction d’une Union du Maghreb sans le Maroc. Pour le chef du plus grand parti islamiste en Algérie, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le royaume devrait être exclu du projet régional pour avoir «amené les sionistes à la porte de la maison» et avoir ainsi perdu la confiance de Mokri. L’idée tiendrait la route, selon lui, «à moins que le Maroc ne s’écarte de la voie qu’il a empruntée».

«Nous nous en tiendrons au Maghreb arabe et soutiendrons tout accord entre les quatre pays, et le reste suivra, comme cela s’est produit avec l’Union européenne», a-t-il déclaré. Avant lui, en Tunisie, Rached Ghannouchi a appelé à la mise en place d’une union maghrébine tripartite, composée de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye, écartant le Maroc et la Mauritanie.

Par la même occasion, il a appelé à accorder plus d’attention aux relations de la Tunisie avec l’Algérie et la Libye, ajoutant que «ce triangle devrait être un point de départ pour relancer le rêve de l’Union du Maghreb arabe, qui contribuera à résoudre les problèmes que la Tunisie connaît dans le contexte régional». Le leader d’Ennahdha a préconisé l’ouverture des frontières entre les trois pays et l’unification de la monnaie, car «l’avenir de ces Etats est commun».

La position de Ghannouchi critiquée par le PJD

Les islamistes de Tunisie et d’Algérie avaient critiqué la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël et ont considéré cette démarche comme «une trahison de la cause palestinienne». Les dirigeants du mouvement Ennahda et du MSP ont aussi tiré à boulets rouges sur le Parti de la justice et du développement (PJD), puisqu’il est à la tête du gouvernement marocain et son secrétaire général a apporté sa signature à l’accord prévoyant cette normalisation, en décembre dernier.

Dans ce sens, Abderrezak Mokri a même accusé le PJD et son secrétaire général, Saâdeddine El Othmani, de trahison, considérant que sa position en tant que président du MSP «est un devoir de toute personne libre, dans le monde arabo-musulman».

L’appel des islamistes en Tunisie et en Algérie à construire une Union du Maghreb sans le Maroc intervient à un moment où les relations entre le parti tunisien Ennahda et le gouvernement algérien s’améliorent, tandis que le MSP s’identifie plus qu’avant au régime algérien et se retrouve en accord avec les dirigeants du pays sur un certain nombre de questions, particulièrement au sujet de l’intégrité territoriale du Maroc et sa souveraineté sur le Sahara occidental.

La proposition de Ghannouchi a été critiquée par des membres du secrétariat général du Parti de la justice et du développement. Mais pour l’heure, la formation islamiste marocaine n’a formulé aucune réponse officielle.

Article modifié le 28/02/2021 à 15h39

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