Menu

Grand Angle

«Pour un Québécois, le Maroc se résume aux chameaux» [Interview avec un MRE du Canada rentré au Maroc]

Hicham Fahmi est un journaliste et écrivain, né à Marrakech et âgé de 41 ans. En 2001, Il quitte le Maroc pour émigrer vers le Québec. Il y restera 11 ans et finira par avoir la nationalité canadienne. Mais il y a un an et demi, Hicham a décidé de rentrer dans son pays d’origine. Il nous raconte comment s’est passée sa vie au Canada et comment il voit le Maroc aujourd’hui après 11 ans d’absence. Interview.

Publié
Hicham Fahmi, un ex-MRE du Québec rentré au Maroc depuis un an et demi
Temps de lecture: 3'

Yabiladi : Pour quelles raisons avez-vous quitté le Maroc pour le Québec ?

Hicham Fahmi : Lorsque j’ai quitté le Maroc en 2001, j’étais licencié en littérature arabe. J’ai voulu ensuite poursuivre mes études en Europe et en particulier en Suisse et en Belgique. Mais hélas, je n’ai pas réussi à partir à cause de problèmes de visas. J’étais très déçu. J’ai donc décidé d’aller vivre au Canada. Ca a été une expérience de vie extrêmement riche pour moi surtout en tant qu’écrivain et poète.

Une expérience riche sur quels points ?

HF : Je me suis ouvert sur une autre culture, la culture québécoise. Au Québec, je m’aperçois que les Québécois ont un grand problème d’identité. Le Québec est entouré d’anglophones, de Canadiens et d’Américains. Au départ, je ne savais pas que j’allais vivre dans un pays purement francophone. Je découvre que les Québécois mènent une lutte au quotidien pour revendiquer leur identité et leur indépendance. Peu à peu, je découvre que les Québécois ont des points communs avec les Marocains. Un Marocain est toujours à la recherche de son identité. On a toujours un problème avec l’autre. J’ai vraiment compris la définition de la diversité culturelle au Québec, une diversité qu’on ne reconnait pas toujours ici au Maroc.

Vous êtes donc resté 11 ans au Québec. Comment s’est passée votre vie au Canada ?

HF : J’ai des amis qui ont émigré vers l’Europe et eux ont eu plus de difficultés à s’intégrer en Europe que moi au Canada, notamment dans le monde du travail. Tous ont été au moins une fois victimes des stéréotypes à l'encontre des Arabes. Il n’empêche qu’au Québec tu restes toujours un étranger. Tu dois travailler plus dur pour avoir un poste. Tu dois prouver que même si tu es Marocain, tu peux faire tes preuves. Néanmois, ce qui est bien c’est qu’on te donne ta chance en Amérique. C’est ainsi, que j’ai pu travailler dans plusieurs secteurs, dans le tourisme, la restauration. J’ai ensuite décidé de lancer ma société de production d’évènements culturels. Et ce qui est ironique, c’est que j'ai fini par découvrir les Marocains du Canada.

Comment sont les Marocains au Canada ?

HF : Je trouve que ces Marocains sont trop repliés sur eux-mêmes. Ils vivent trop en communauté et ça me faisait mal au coeur de les voir vivre ainsi. Un Marocain va boire un café dans un établissement marocain. Il ne va pas s’ouvrir aux autres. Quand j’ai monté ma boîte de production, j'ai invité un groupe de Gnawas des Etats-Unis et un groupe amazigh. Et les Marocains du Québec ont commencé à se poser des questions. Ils ont cru que je faisais cela pour défendre avant tout l’identité amazigh. Ils n’ont pas compris que ce je voulais faire était de faire connaitre la culture marocaine aux Québécois. Là-bas, pour un Québécois, le Maroc ne se résume qu’aux chameaux. Cela veut dire qu’il y a un problème quelque part. Notre culture n’a pas été pas bien véhiculée. Chaque Marocain où qu’il vive est un ambassadeur de sa culture. Il n’y a pas que le chanteur Stati ou les Chikhates dans la vie ! Il ne faut pas penser qu’à danser. Je parle ainsi de Stati mais je respecte ce chanteur. Il faut penser à échanger aussi.  Et au final, mon projet n’a pas réussi et j’ai dû l’abandonner.

Qu'est-ce qui vous a poussé à revenir au Maroc ?

HF : C’est un ami qui m’a contacté en 2010 au Maroc. Il voulait que je développe avec lui une web TV au Maroc. Au début, j’ai hésité. Pour moi, c’était impossible de revenir à cause de la mentalité du pays et surtout je me suis habitué à la vie outre-Atlantique. Et j’ai fini par décider de revenir. Après 10 ans de vie loin du Maroc, tu reviens et tu découvres que tu es un étranger dans ton propre pays. Le pays se développe, des bâtiments se sont construits partout, les voitures inondent les routes. Tous ces changements, c’est bien, mais il faut aussi que les mentalités des gens évoluent. Tu découvres que l’administration est toujours aussi lente. Aujourd’hui, je voudrais pouvoir organiser des spectacles comme je l’ai fait au Canada mais il y a toujours des obstacles administratifs.

Qu’allez-vous faire maintenant ? Rester au Maroc ou repartir au Canada ?

HF : Ma vie est assez floue pour le moment. J’aurais aimé que le Maroc avance durant les 10 ans de mon absence. Ce ne sont en réalité que les apparences qui ont changé. Pour le moment je vais rester au Maroc car je travaille pour un quotidien. Je veux malgré tout donner une chance au Maroc. J’ai beaucoup d’idées et beaucoup de projets. Je vais me battre pour mener une vie digne dans mon propre pays.

garmouma
Auteur : faux visage
Date : le 24 novembre 2012 à 23h03
Nass li kayztoutha f bladhoum kaydirou garmouma ou nass li mafidihoumch rah leur femme katdihoum l canada ou kay3ich ghir b lbisbis et enfin de compte kayrja3 lbladpu 7da mamah tssaraf 3lih jnab rif
Aucune comparaison
Auteur : TheCondor
Date : le 11 mai 2012 à 00h11
M. Alexis de Montréal,
je n'ai jamais comparé le Maroc à une pierre, malgré que l'ensemble d'un pays se compose de sable et de roches :)
j'ai juste donné un exemple quand je t'ai dis une roche, dans n'importe quel pays au monde entier rien ne changera si les citoyens ne bougerons pas, il y'a des gouverneurs, ils décident ce qu'il veulent et le peuples subit à leur décision (exemple les étudiants au Québec...), au Maroc il y'a beaucoup de corruption encore et ce n'est pas le Maroc qui a choisit cette situation, c'est les chefs d'états qui le veulent ...
Je vous comprends
Auteur : Alexis de Montréal
Date : le 10 mai 2012 à 23h50
La comparaison avec la pierre est plutôt inadéquate : on ne peut pas dire que le Maroc est par essence quelque chose d'immobile. Vous poursuivez d'ailleurs en appelant aux réactions, aux mouvements de ses citoyens. Je suis entièrement d'accord. Ensuite, pour ce que Mr. voulait dire...
@Charmeur de serpent
Auteur : Alexis de Montréal
Date : le 10 mai 2012 à 23h48
«Il me semble que vous êtes mal placé pour juger le sérieux d'un site Marocain qui s'adresse avant tout aux Marocains. »

Je n'ai pas jugé le «sérieux» d'un site, mais d'un commentaire qui m'était destiné, ainsi que de d'autres commentaires qui étaient en relation avec ma société.

«Les Marocains comprennent bien les messages véhiculés dans l'interview parce qu'ils connaissent très bien le Maroc, chose que vous devriez faire avant de vous permettre d'exprimer votre point de vue».

Je vous le concède, je ne suis allé que peu au Maroc, mais s'il fallait attendre de connaître quelque chose pour en parler, le silence règnerait sur la terre. Un forum est un lieu d'échanges, où nous sommes supposés apprendre de la contribution des autres.

«P.S. : Au Maroc, il n' y a pas que des chameaux et de la danse, il y a aussi une culture d'une civilisation millénaire qui a contribué à l'évolution de l'humanité».

Je comprends votre amertume face aux propos de Mr. Fahmi. À ce moment, c'est à vous de vous soucier de cette culture si vous voulez qu'elle continue de fleurir et de résonner. Cela se fait au Québec, mais pas toujours assez, puisque, comme vous dites, le Maroc ne se limite pas à la danse. J'ajouterais qu'il ne se limite pas aux tajines non plus.

Je n'y ai pas vu personnellement de chameau, mais bien d'autres choses...
et nous ? ...
Auteur : TheCondor
Date : le 10 mai 2012 à 17h23
Alexis, ce qu'il a dit est claire : il donne la chance au maroc ! on ne peut pas donner une chance à quelque chose qui ne réagira jamais, exemple peux-tu donner la chance à une roche de se transformer en sable, la réponse est non, donc pour que le maroc change on doit réagir, on doit bouger car c'est les êtres humains qui change les choses et non le contraire ! et il doit être chanceux qu'il a un pays ou il peut retourner puisqu'il n'a pas réussi sa vie ailleurs car y en a qui n'ont aucune identité et aucune citoyenneté où il peuvent retourner.
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com