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Grand Angle

L’Algérie tente un sursaut diplomatique face aux succès géopolitiques du Maroc

Avec le retour de son président, Alger entend renouer avec son «espace régional voisin». Pour sortir de l’isolement que le Maroc l’a contraint, l’Algérie a mis le cap sur la Mauritanie et la Tunisie.

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Abdelmadjid Tebboune, président de l’Algérie / DR
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Abdelmadjid Tebboune a présidé, hier, une session du Haut conseil à la sécurité, consacrée à l’examen des «développements inédits survenus récemment dans la région, et particulièrement dans l'espace régional voisin», indique la présidence algérienne dans un communiqué. Une référence à l’intervention des Forces armées royales du 13 novembre à El Guerguerate, à la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara et à la normalisation des relations entre le royaume et Israël. Des développements que les plus hautes autorités du voisinage maghrébin n’ont, officiellement, pas condamné, isolant davantage l’Algérie.

Pour corriger une absence que le pouvoir en place commence à admettre publiquement - en témoigne l’article parue hier dans le quotidien L’Expression- la présidence a décidé de reprendre les rênes de la diplomatie dédiée au Maghreb. Immédiatement après la réunion du Haut conseil à la sécurité, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, s’est envolé vers Nouakchott pour remettre des aides médicales destinées à la prévention contre le Covid-19. Si en juin dernier, Alger avait déjà envoyé une assistance médicale à Nouakchott, c'était Sabri Boukadoum qui était en charge.

Boukadoum, responsable de l'isolement d'Alger ? 

Le choix de la Mauritanie comme première destination de cette «générosité» ne relève pas du hasard. Il intervient dans un contexte marqué par un réchauffement des relations entre le Maroc et son voisin du sud. Preuve en est la tenue, fin décembre, de la 2e session de la commission mixte maroco-mauritanienne. Ces retrouvailles ont bénéficié de la normalisation des relations entre Rabat et Abou Dhabi après trois longues années de tension.

La Tunisie est l’autre destination de la diplomatie présidentielle algérienne. Hier, le Premier ministre, Said Djerad, a téléphoné à son homologue tunisien, Hichem Mechichi. L'objectif étant d’apaiser la colère des Tunisiens, après le dérapage de l’ambassadeur algérien à l'égard des voix tunisiennes ayant critiqué la politique anti-Maroc suivie depuis des décennies par Alger. L'ambassadeur a publiquement exigé sur un ton martial au ministre des Affaires étrangères de les museler. Une revendication déclinée avec diplomatie par Othman Jerandi.

Par ces deux actions diplomatiques en direction de la Mauritanie et la Tunisie, l’Algérie tente de resserrer les liens avec les deux pays voisins. D'autant que Tunis et Nouakchott sont dans le viseur des responsables à Tel-Aviv pour les convaincre à normaliser leurs relations diplomatiques. Pour mémoire, l’Etat hébreu avait une ambassade dans la capitale mauritanienne de 1999 à 2009. Comme le Maroc, la Tunisie avait fermé son bureau de liaison en Israël en 2000 ou un certain Khemaies Jhinaoui, l’ancien ministre des Affaires étrangères (2016–2019) avait dirigé les premières années.

Le grand absent de cette réaction diplomatique algérienne est Sabri Boukadoum. Le ministre des Affaires étrangères a été tenu à l’écart. Hier le quotidien L’Expression, porte-voix du Rassemblement national démocratique (parti de la majorité présidentielle), a énuméré dans un article les échecs attribués à Boukadoum au Maghreb, au Sahara et au Mali.

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