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Grand Angle

Diaspo #173 : Depuis l’Allemagne, Yassine Moumad veut révolutionner le monde de l’aviation

Yassine Moumad s’est fait connaître dans l’industrie aéronautique allemande. Il supervise le développement d’avions propulsés à l’énergie électrique et travaille sur un projet de moteur d’avion à hydrogène. Depuis son deuxième pays, son espoir est de se rendre utile un jour au secteur au Maroc.

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Yassine Moumad, ingénieur en Allemagne / DR.
Temps de lecture: 3'

Expert dans le domaine de l’industrie aéronautique et de la fabrication de moteurs d’avions, Yassine Moumad vit en Allemagne depuis 17 ans. Il supervise actuellement deux projets pour une grande entreprise d’aviation.

Yassine a vu le jour en 1984, à Casablanca. Il a fait ses études à l’école publique, jusqu’à obtenir son baccalauréat en sciences expérimentales, en 2002. Son choix de faire des études scientifiques n’a pas été le fruit du hasard, puisqu’il a été fortement influencé par son environnement familial. «Mon oncle était un modèle pour moi. Professeur d’université en physique, il a publié dans des revues bien connues», confie-t-il à Yabiladi.

Un rêve de faire des études en Allemagne

Yassine Moumad a songé poursuivre des études en Allemagne, contrairement à nombre de ses camarades bacheliers qui visaient un cursus universitaire en France. Mais pour ce faire, il lui a d’abord fallu prendre des cours pour l’apprentissage de la langue. Curieux et assoiffé d’apprendre, il se souvient notamment d’avoir eu comme habitude d’enregistrer des programmes en allemand pour les réécouter.

Mais bien des mois après que Yassine a entrepris ce projet, un amendement de la loi relative à l’accueil des étudiants étrangers en Allemagne a exigé que ces derniers fassent deux ans de maîtrise de la langue au lieu d’une année. Dépités, nombre de collègues de Yassine ont abandonné. Ce sera sans compter sur la détermination du jeune homme, décidé à aller au bout de son ambition.

L’effort aura payé, puisqu’il a pu se rendre en Allemagne et commencer son cursus, dans un environnement où il n’avait ni amis ni connaissances.

«Au début, les choses ont été difficiles. A l’époque, j’avais 19 ans. En descendant du train qui m’amenait de l’aéroport à Cobourg, je suis resté immobile pendant un moment, sans savoir où je devais aller. J’observais tous les passants autour qui, eux, savaient où ils se rendaient. Il est difficile pour quelqu’un qui n’a pas vécu ce genre de situations de bien les imaginer.»

Yassine Moumad

«Sans que je ne le sache et sans qu’il ne m’en parle, un de mes professeurs d’allemand au Maroc et à qui je parlais de mon voyage a pris contact avec ses ex-étudiants se trouvant en Allemagne. Je les connaissais de loin mais peu après mon arrivée à la gare, je les ai vus venir vers moi», explique Yassine. Dès lors, le jeune étudiant a pu tisser de nouveaux liens dans le pays d’accueil.

Un ingénieur confirmé dans le secteur de l’aviation

Après une année préparatoire, Yassine intègre l’Université de Munich en 2005 pour étudier l’ingénierie aéronautique. Il confie avoir été particulièrement marqué par le grand intérêt de son deuxième pays pour les étudiants et le regard valorisant de la société envers eux.

«Un jour par exemple, j’étais à la bibliothèque universitaire à la recherche d’un livre sur la mécanique. La demande était grande. Je ne l’avais pas trouvé et l’un des bibliothécaire a proposé qu’il me le cherche dans d’autres bibliothèques», se souvient Yassine. Après avoir pensé que les choses en resteraient là, un courrier est parvenu à l'étudiant marocain une semaine plus tard. La bibliothèque universitaire l’informait que faute d’avoir trouvé le livre, elle le lui a acheté, ce qui l’a particulièrement touché.

Son histoire avec les courriers postaux ne s’est pas arrêtée. Il raconte qu’après avoir été surpris par son échec à l’un des examens, il a demandé à son professeur une révision de sa copie, puisqu’il était sûr de ses réponses. De retour chez lui, déçu d’avoir essuyé un refus, il reçoit un nouveau courrier, deux semaines plus tard. La commission des examens l'informait que sa copie a bien été révisée, par l’intervention d’un enseignant ayant pris connaissance de l’incident. Yassine décrochera son diplôme d’Etat en génie aéronautique fin 2010.

Le jeune diplomé a commencé sa vie active au sein d'une entreprise de réparation des moteurs d’avion, puis pour une seconde de fabrication et d’entretien des avions et de leurs moteurs. C’est pour cette firme qu’il travaille jusqu’à présent.

«De par ma spécialisation dans tout ce qui touche aux moteurs, je suis responsable de deux projets, dont le premier concerne les avions électriques. Nous aspirons à fabriquer le premier véhicule aérien pouvant transporter 19 passagers ou plus et propulsé par un moteur électrique. Le second est lié à un moteur d’avion propulsé à l’hydrogène. Le gaz qu’il dégage ne sera pas du dioxyde de carbone, mais de la vapeur d’eau.»

Yassine Moumad

Le jeune ingénieur dit aussi suivre de très près le secteur de l’industrie aéronautique au Maroc. Il émet l'espoir de trouver un moyen de travailler pour le pays, prochainement, ou du moins de «faire le lien dans ce domaine entre l’Allemagne et le Maroc».

Pour avoir réussi à faire de ses rêves une réalité, tout en continuant à avoir de nouvelles ambitions, Yassine recommande aux jeunes «de s'investir, d’autant plus que les portes de la connaissance sont devenues ouvertes à tous grâce au développement des nouvelles technologies». «La patience, la persévérance et le fait de considérer les obstacles comme des défis à relever pour atteindre ses objectifs sont la clé du succès», affirme-t-il.

Article modifié le 19/12/2020 à 18h42

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