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Grand Angle

Qualifié de «mirage» par l’Algérie, le projet de gazoduc Maroc-Nigéria de retour à la CEDEAO

Après que l’Algérie l’ait récemment qualifié de «mirage», le projet de gazoduc devant relié le Nigéria au Maroc, en passant par plusieurs pays ouest-africains fait l’objet d’une réunion de la CEDEAO ces mercredi et jeudi. Le Maroc y est représenté par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM).

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Photo d'illustration. / DR
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La capitale du Burkina Faso, Ouagadougou abrite, ces mercredi et jeudi, une réunion des Etats membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur le processus de développement du projet d’extension du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP). Dans un communiqué publié sur son site, la CEDEAO a expliqué que «l’objectif de la rencontre est d’échanger avec les Etats membres sur les développements actuels liés au WAGPEP».

«Il s’agira aussi de présenter aux Etats membres l’état actuel de mise en œuvre du WAGPEP, ensuite de faire le point sur les interactions entre le WAGPEP et le Gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) et enfin de recueillir les orientations des Etats membres sur le processus de synergie entre WAGPEP et NMGP.»

La CEDEAO

Cette rencontre est marquée par la participation des représentants des ministères en charge des hydrocarbures et de l’energie des 15 Etats membres de la CEDEAO. «Plusieurs autres Institutions sont également attendues à Ouagadougou, notamment l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), l’Autorité du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (AGAO), la Société du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAPCo), l’Unité de préparation et de développement des projets d’infrastructures de la CEDEAO (PPDU), la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC) et l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM)», précise la CEDEAO.

«Deux projets concourant à des objectifs communs»

L’organisation régionale rappelle qu’en 2015, sa Commission avait initié une étude de faisabilité pour l’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest, sur recommandation des chefs d’Etats et de gouvernements. «Les conclusions de l’étude avaient été adoptées par les ministres sectoriels en charge de l’énergie/hydrocarbures puis par les instances statutaires de la CEDEAO en décembre 2018 à Abuja, conduisant à une réunion des parties prenantes pour le développement de la phase 1 du Projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP)», explique-t-on encore.

La CEDEAO note que «dans l’intervalle de développement du WAGPEP, le Nigéria et le Maroc ont initié la construction d’un gazoduc (Gazoduc Nigeria-Maroc), en vue de valoriser les importantes réserves de gaz naturel du Nigéria et de répondre aux besoins croissants du Maroc et de l’Europe en gaz naturel».

«Au vu des conclusions de l’étude sur le Gazoduc Nigéria-Maroc (NMGP), il est apparu que les objectifs communs sont la valorisation des ressources gazières de la région et l’approvisionnement des pays en énergie propre y compris les États membres de la CEDEAO.»

La CEDEAO

La fin du projet de gazoduc Algérie-Nigéria ?

L’intérêt de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest pour le projet de gazoduc maroco-nigérian intervient à un moment où les responsables algériens ont déterré un projet de gazoduc entre le Nigéria et l’Algérie via le Niger, datant des années 1980.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a même annoncé, lors de sa visite au Nigéria à la fin du mois dernier, «la résurrection du projet de gazoduc transsaharien entre l'Algérie et Abuja». Des médias algériens ont alors rapporté que la visite du chef de la diplomatie algérienne a «mis un terme au projet marocain» de gazoduc.

De son côté, le ministre algérien de l'Énergie, Abdelmadjid Attar a qualifié, lundi, le projet de gazoduc maroco-nigérian d’«inimaginable» et «politique», ajoutant que «techniquement, il reste très difficile à réaliser car traverse plusieurs pays.

Cependant, l'intérêt de la CEDEAO pour le projet marocain vient contredire les certitudes du ministre algérien, et le projet algéro-nigérian, tombé aux oubliettes depuis des décennies. De plus, le risque terroriste dans les zones traversées rend le projet d’Alger difficile à mettre en œuvre. Enfin, il est à noter que la relation entre la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest et l’Algérie n’est pas à son meilleur ces derniers mois, à cause du Mali. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune a récemment exprimé son vive agacement face aux mesures prises par le regroupement régional concernant l’évolution de la situation au Mali.

«Ils ne nous ont pas consultés, et à notre tour nous ne les avons pas consultés et nous ne les consulterons pas dans le dossier financier», avait-il lâché, en assurant que «la solution à la crise au Mali ne se fera pas sans un accord avec l'Algérie».

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