Menu

Grand Angle

Rif : Le PAM veut abroger la loi d’inéligibilité pour les graciés du Hirak

Depuis sa création en 2008, le PAM multiplie les ouvertures en direction des voix en rupture de ban avec la ligne officielle. Après des initiatives auprès de certaines figures du Mouvement du 20 février à l’approche des élections de 2011 et les agriculteurs du kif à la veille des communales de 2015, le Tracteur a, désormais, dans le viseur les anciens détenus du Hirak du Rif.

Publié
Nabil Ahamjik et Nasser Zefzafi / Archive - DR
Temps de lecture: 2'

Le PAM courtise les anciens détenus du Hirak du Rif. Son secrétaire général, Abdellatif Ouahbi, a exprimé, la semaine dernière et ce mercredi 2 décembre à Tanger, son intention de présenter aux prochaines élections législatives des figures du mouvement de la contestation populaire du Hirak ayant accompli leurs condamnations d’emprisonnement ou bénéficié d’une grâce royale.

Abdellatif Ouahbi s’est dit même disposé à accorder l’accréditation à Nasser Zefzafi et Nabil Ahmajik, s’ils parvenaient à obtenir une grâce royale, en tant que mandataires de listes du Tracteur dans une circonscription à Al Hoceima. Une annonce largement médiatisée mais dont l’opérationnalisation se heurte aux dispositions de la loi organique n°27.11 relative à la Chambre des représentants, publiée au Bulletin officiel du 3 novembre 2011.

En effet, dans son article 6, la loi précise que «la grâce (royale, ndlr) n'entraîne pas la levée de l'inéligibilité» alors que son article 66 dispose que les condamnations prononcées par les tribunaux du royaume «entraînent de plein droit la privation du vote pour une durée de deux ans et l'inéligibilité pour deux législatures successives.»

Les élections de 2021 en ligne de mire

En vue de dépasser ces obstacles légaux, le groupe des députés du PAM a présenté, hier, une proposition de loi portant abrogation de certaines clauses de la loi organique n°27.11. Cette initiative du Tracteur vise à récupérer de la popularité perdue dans le sillage des marches de protestation qu’avaient connues la région au lendemain du décès de Mohcine Fikri en octobre 2016. Les positions contradictoires du PAM vis-à-vis des revendications des Rifains ont érodé la popularité du parti dans cette région qu'il considère comme un bastion électoral depuis sa création en 2008.

Cette main tendue envers les anciens détenus du Hirak du Rif a été précédée, fin octobre, par une réunion entre Salah El Ouadiî, l’ancien porte-parole du PAM qui déclare avoir rompu avec le parti, avec quelques détenus graciés, tels Habib El Hannoudi et Hicham Dallouh.

Cet appel du pied n’est pas sans rappeler les efforts du PAM, sous la direction d’Ilyas El Omari, pour arracher une grâce royale au profit des agriculteurs du kif en 2014, soit une année avant les élections communales et régionales. La forte mobilisation qui s’en est suivie dans les deux Chambres du Parlement n’a cependant pas eu le succès escompté. Un échec qui rappelle celui de l'opération de cooptation de figures du Mouvement du 20 février 2011.

Cette ouverture en direction des leaders du Hirak du Rif aura-t-elle plus de succès ? Rien n'est moins sûr. Dans une lettre datant de mars 2019, Nasser Zefzafi avait rejeté tout dialogue avec les représentants des «officines politiciennes» connues pour leur «proximité avec le Makhzen» et qui lui servent de «babouches». Il plaidait plutôt l'ouverture d’un dialogue direct et sincère avec l’Etat, mais sous certaines conditions. 

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com