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Grand Angle

Aux origines de la médecine préventive et la vaccination au Maroc    

Le Maroc s’apprête, dans quelques jours, à lancer une campagne pour la vaccination contre le coronavirus. L’annonce, faite par le roi Mohammed VI il y a deux semaines, n’est pas sans rappeler les «Journées nationales de vaccination» de 1987 et toute une histoire des vaccins au Maroc.

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Dans quelques jours, la campagne de vaccination contre la Covid-19 débutera au Maroc, comme annoncé le 9 novembre par le roi Mohammed VI. Une opération d'envergure qui n’est pas sans rappeler l’histoire de la médecine préventive et les premières campagnes de vaccination de masse qu’a connues le pays le siècle passé.

Depuis la nuit des temps, l’être humain a su faire face à des épidémies en utilisant ses propres moyens. L’histoire retient plusieurs pratiques d'inoculation, de la variolisation et d’autres pratiques de médecine traditionnelle.

C’est pendant le XVIe siècle que les premiers vaccins commencent à être inventés. Mais au Maroc, le premier vaccin a été introduit en 1929 contre la variole. Mais cette vaccination fait d’abord suite à plusieurs successions d’événements.

Nous sommes au début du XXe siècle. Au lendemain de la Conférence d’Algésiras, Eugène Louis Georges Regnault, diplomate français, est nommé ministre plénipotentiaire à Tanger. La même année, soit 1906,  il fait part au sultan du Maroc de sa volonté de doter la ville d’un institut d’hygiène et de bactériologie.

Quatre ans plus tard, le projet aboutit et le Maroc est ainsi doté premier Institut Pasteur, homologue de l’Institut Pasteur de Tunis et de l’implantation pastorienne d’Algérie, écrit-on dans un document retraçant l’histoire des Instituts Pasteur dans le royaume.

«Certains services pratiques commencent à fonctionner en 1912 et, le 14 juillet 1913, l’institut sanitaire devient officiellement l’Institut Pasteur de Tanger. Le contrat entre l’Institut Pasteur de Paris et le ministre des Affaires Etrangères de France est signé le 1er janvier 1914 et porte sur l’organisation de 3 services techniques : la préparation des vaccins antirabique et antivariolique, mettant ainsi fin à l’importation des vaccins d’Alger ou de Séville, le service de vaccination et le service d’analyses bactériologiques médicales et vétérinaires», détaille-t-on. Toutefois, «aucun mandat de recherche particulier n’est confié à l’Institut Pasteur de Tanger».
 
De l’Institut Pasteur de Casablanca à l'Institut d'hygiène de Rabat
 
C’est en 1918 que la France coloniale introduit une première loi, adoptée sous forme de Dahir publiée dans le bulletin officiel no 319 du 2 décembre 1918, pour réglementer les vaccins au Maroc. «Décrets et circulaires alternent et se succèdent pour instituer tour à tour vaccins et campagnes de vaccination en fonction de l’évolution sociale, des conjonctures épidémiologiques et des possibilités humaines et financières», indique l’Académie nationale de médecine de France.

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Il faut attendre 1919 pour qu’un premier service antipaludique voit le jour, à la demande du Maréchal et Résident général Hubert Lyautey, introduisant pour la première fois de la recherche scientifique dans ce domaine depuis le Maroc. Ainsi, à partir de 1921, une Sous-Direction civile de la Santé est créée, avant de laisser la place, en 1926, à la Direction de la Santé, avec deux services, l'un de Santé et Hygiène Publique, l'autre étant le Service Médico-Social et de l'Assistance, écrit le docteur Pierre Charbonneau, dans «La médecine préventive au Maroc pendant le Protectorat».

En 1928, la France coloniale est convaincue de la nécessité de doter le Maroc d’un deuxième Institut Pasteur. Le 15 novembre 1929, une convention entre le résident général et l’Institut Pasteur de Paris est alors signée et la construction de l’Institut Pasteur de Casablanca débute,  La même année, 17 décembre, un conseil d'administration de l'Institut désigne le Dr George Blanc, directeur de l’Institut Pasteur d’Athènes depuis onze ans, comme directeur du nouvel institut marocain. Il y a restera jusqu’à 1962.

C’est dans ce sillage que le Maroc débutera ses premiers pas en termes de médecine préventive. L'Institut d'hygiène de Rabat, avec des laboratoires de recherches et d'application, est alors créé dans les années 1930. Le royaume est alors doté, dans chaque région, d’un médecin-chef du service régional d'hygiène et de médecine préventive.
 
Le Maroc, du premier vaccin de 1929 aux «Journées nationales de vaccination» de 1987

De ce fait, un premier vaccin contre la variole est alors introduit au Maroc dès 1929. En 1940, la Direction de la santé, de la famille et de la jeunesse est alors réorganisée par le Dahir du 28 septembre, écrit Abdellah Boudahrain dans «Le droit de la santé au Maroc : Plaidoyer pour une santé humaine» (EditionsL'Harmattan, 2000). S’ensuit l’introduction du BCG en 1949 et l’antidiphtérique, l’anti- tétanique puis de l’anticoquelucheux (DTC) en 1963, selon l’Académie nationale de médecine de France.

Mais dès la première année de son indépendance, le royaume introduit le décret n°2-56-036 du 1er août 1956, organisant ainsi les services du ministère de la Santé publique. Ce texte sera abrogé par le décret du 25 février 1976 puis complété par un arrêté ministériel du 21 novembre 1980, explique Abdellah Boudahrain.

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Entre temps, le Maroc organisera ses premières campagnes de vaccination contre la poliomyélite, entre 1964 et 1967. «L’année 1967 fut celle du lancement des premières activités de vaccination de masse et de vaccination au niveau de points fixes», rapporte-t-on. Cependant, dans les années 1980, l’évaluation des stratégies vaccinales du royaume démontre une certaine faible efficacité. En 1981, le Maroc introduit alors un programme élargi de vaccination (PEV) dans son plan quinquennal de développement 1981-1985.

L’année 1987 est alors marquée par l’introduction de grandes campagnes de vaccination, appelées «Journées nationales de vaccination» (JNV) d’octobre, novembre et décembre 1987, afin de permettre au Maroc de combattre six principales maladies : la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et la rougeole chez les enfants de la naissance à cinq ans, ainsi que le tétanos chez les femmes en âge de procréer.

Les résultats sont alors probants dès 1988 quand la couverture vaccinale contre les six maladies atteint 81% chez les enfants de 12 à 17 mois et 87% pour ceux âgés de 12 à 59 mois, au niveau national, signe de la réussite d'une campagne de vaccination de masse. 

Article modifié le 27/11/2020 à 13h50

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