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Grand Angle

Maroc : Cinq étapes pour que la vaccination contre le nouveau coronavirus soit un succès ?

Pays participant à la troisième phase des essais du vaccin développé par Sinopharm contre le nouveau coronavirus, le Maroc devra lancer très prochainement une campagne nationale de vaccination élargie. En attendant, des questions se posent sur les différentes étapes de ce processus.

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Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 4'

Quelles sont les étapes après les essais cliniques pour vacciner la population contre le nouveau coronavirus ? Quel est le rôle de cette vaccination pour renforcer une immunité de groupe et désengorger les systèmes de santé ? Ce processus permettra-t-il de dépasser la situation de crise sanitaire ?

Des questions d'autant plus brûlantes pour les Marocains avec le lancement imminent d'une première campagne vaccinale contre la Covid-19 avec la solution Sinopharm.

Résultats des essais cliniques en Chine, au Maroc et dans les pays participant à la phase 3

Peu après le début de la pandémie du nouveau coronavirus, l’Institut des produits biologiques de Wuhan en Chine a mis au point un vaccin à virus inactivé, que la société étatique Sinopharm a soumis à des tests cliniques.

En première et en seconde phase des essais, les données ont montré que le vaccin produisait des anticorps, avec comme effets secondaires légers comme la fièvre. En plus de la population chinoise, les tests cliniques de phase 3 ont été étendus aux Emirats arabes unis, à partir de juillet dernier, puis au Maroc et au Pérou, à partir du mois d’août.

En été, le gouvernement de Pékin a déjà autorisé les injections de deux vaccins développés par Sinopharm CNBG (China National Biotec Group Company Limited) en phase expérimentale, avec une priorité au personnel médical et militaire en Chine. Le 14 septembre dernier, les Emirats arabes unis lui ont emboîté le pas, en privilégiant d’abord les travailleurs de santé, surtout ceux en contact avec les patients atteints de la Covid-19.

Au Maroc, ces essais ont concerné un peu moins de 600 personnes éligibles et constituant une population générale. Ils sont actuellement en phase terminale et devraient toucher à leur fin dans les prochains jours, sous la supervision d’un comité scientifique et technique désigné par le ministère de la Santé.

Selon la direction de la population au sein du département, «il n’y a pas eu d’effets indésirables majeurs» chez les volontaires et «ceux observés sont très minimes, tout à fait normaux, comme on en remarque pour tous les autres vaccins».

Transparence et accès aux données

Au terme des essais de cette troisième phase d’essais entreprise au Maroc, les résultats finalisés par le laboratoire chinois seront attendus, afin de définir un protocole médical de vaccination. Si la publication des résultats ne peut se faire qu’une fois l’ensemble des données relatives à la troisième phase d’essai est collecté, Sinopharm s’est voulu rassurant quant à l’innocuité de ses deux vaccins actuellement aux dernières étapes expérimentales.

Validation par les autorités sanitaires

Selon le protocole de validation des vaccins, l'approbation de celui de Sinopharm devra se faire sur la base des résultats finaux du laboratoire ayant développé la formule vaccinale. L'accès aux données finales permettra aux autorités sanitaires marocaines d'autoriser l'utilisation du vaccin.

Conformément au partenariat scellé avec la Chine à cet effet, le Maroc devra recevoir 10 millions de doses, au cours du mois de décembre, pour vacciner 5 millions de personnes, dans un premier temps.

Défi logistique

Toute distribution de vaccin nécessite un système efficace et ininterrompu de réfrigération simple, pour lequel les fabricants pourraient être appelés à augmenter rapidement leur production.

L’efficacité d’une campagne élargie de vaccination en dépend particulièrement, à tel point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF et Médecins sans frontière (MSF) ont déjà mis en place, par le passé, des installations de «chaîne du froid» pour relever ce défi.

Comme la formule développée par Sinopharm, les vaccins à virus inactivé peuvent être conservés de manière régulière au réfrigérateur, entre 2 et 8 degrés. C’est également le cas pour celui développé par AstraZeneca.

Cependant, la bonne conservation d’autres vaccins commandés par le Royaume nécessitera une chaîne ultra-froide, avec un stockage à près de -70°C. C’est le cas du vaccin à base d’ARN messager, développé par l’Américain Pfizer. Pour cause, l’ARN est une molécule particulièrement instable. Sa conservation mobilise donc des moyens de congélation spécifiques et onéreux, selon les chercheurs du Johns Hopkins Center for Health Security.

Pour l’heure, les médecins de ville et les pharmacies de quartier dans de nombreux pays ne sont pas équipés à cet effet, ce qui risque de limiter l’accès à ce type de vaccination, en plus de son coût élevé. Encore en négociation avec les autorités sanitaires des Etats-Unis, le prix suggéré avoisinerait les 19,50 dollars par dose, ce qui rendrait ce vaccin peu adapté à une vaccination de masse, surtout dans les pays en développement.

Arriver à une immunité de groupe entre 60% et 70%...

Au début de la pandémie du nouveau coronavirus, quelques tentatives de créer une immunité de groupe «naturelle» ont prouvé leurs limites. En Belgique par exemple, les autorités sanitaires ont déclaré, ce vendredi, capitaliser d’une manière plus importante sur un vaccin efficace. En conférence de presse, le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, Yves Van Laethem, a déclaré que ce taux devrait atteindre 60% à 70% d’une population donnée. «La seule option est donc d’attendre un bon vaccin en limitant nos contacts et en respectant les mesures», a-t-il souligné.

Si suffisamment de personnes sont immunisées grâce à un vaccin à travers le monde, la propagation du virus sera moins rapide et les systèmes de santé dans les pays pourront prendre en charge les malades, sans engorger le système sanitaire.

Pour autant, malgré la peur du virus, il n'est pas certain que 60 à 70% de la population accepte de se faire vacciner. La pédagogie dans la communication des pouvoirs publics et l'implication de l'ensemble du personnel médical, et d'autres acteurs de la société seront nécessaire pour rassurer ceux qui appréhendent l'administration d'un nouveau vaccin, et les autres qui sont réticents à tout type de vaccination par principe.

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