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Grand Angle

Après la crise sanitaire, le Maroc absorbera (difficilement) les impacts économiques

Fitch Ratings a abaissé la note de défaut des émetteurs (IDR) en devises à long terme du Maroc (LTFC), qui est passée de BB+ à BBB-. Cependant, l’agence de notation estime que le pays est en mesure d’amortir les impacts économiques de la pandémie.

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Photo d'illustration / DR.
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La révision de la note du Maroc par Fitch montre les effets d’une forte chute du PIB et de l’affaiblissement des finances extérieures, ce qui illustre les «graves impacts de la pandémie du nouveau coronavirus» sur l’économie marocaine, ses finances publiques et extérieures. Dans un rapport consacré à la situation du royaume, l’agence de notation a indiqué, ce jeudi, que le Maroc connaîtra ainsi «une récession record en 2020, suivie d’une légère reprise en 2021».

Ces prévisions se confirment, selon Fitch, par des indicateurs montrant un redressement provisoire de certains secteurs économiques nationaux, au cours du troisième semestre de l’année 2020. Cependant, les perspectives ne sont pas aussi positives, dans l’ensemble, vu l’incertitude entourant l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays et les risques que la crise sanitaire y perdure.

Une stabilisation de la dette possible mais difficile

Les chocs entre offre et demande dus à la pandémie entraîneront ainsi «une détérioration significative des finances extérieures du Maroc, qui étaient déjà plus faibles que leurs homologues notés ‘BBB’», a souligné Fitch. Par ailleurs, «une baisse des exportations entraînera un doublement du déficit du compte courant», bien qu’une «contraction des composantes de la demande à forte intensité d’importations et la chute des cours du pétrole» pourront atténuer cette tendance.

Dans un autre registre, le recours accru aux emprunts extérieurs, principalement pour le secteur public, pourrait mener à «une hausse de la dette extérieure nette». Pour Fitch, «le coup porté aux recettes budgétaires entraînera une détérioration significative du déficit» en 2020, malgré les efforts visant à limiter ces tendances via des subventions et des économies sur les dépenses opérationnelles. Egalement, les projets de généralisation des prestations sociales au cours des cinq prochaines années, «parallèlement à une lente reprise des recettes fiscales», pourraient limiter les efforts de stabilisation de la dette.

Dans cette configuration, la dette publique se stabilisera au-dessus des médianes BBB et BB «à partir de 2022», selon les estimations de Fitch, «mais des passifs conditionnels importants et des pressions budgétaires continues présentent des risques pour la trajectoire de la dette».

Si la crise sanitaire a provoqué la première récession du pays en 22 ans. Dans ce contexte, Fitch prévoit que le PIB du Maroc «baissera de 6,5% en 2020, sa plus forte contraction jamais enregistrée, en ligne avec la médiane prévue «BBB» (6,7%) et une baisse plus forte que la médiane prévue «BB» (4,5%)».

Une détérioration de l’économie liée au tourisme

Cette situation s’accentue par «une forte baisse de la production agricole causée par deux années de faibles précipitations» et de sécheresse qui perdure, dans un contexte également où l’activité touristique ne s’est pas encore réellement remise des effets de la crise sanitaire. «Les arrivées de touristes internationaux entre janvier et août 2020 ont chuté de 77% et le nombre de nuitées à l’hôtel a chuté de 67%», détaille le rapport.

Malgré la levée, en juin, des interdictions de vols internationaux dans le cadre de programmes spéciaux, ce sont cette fois-ci les restrictions de circulation au niveau des villes pour contenir la propagation du coronavirus qui ont impacté les centres touristiques les plus importants : Fès, Marrakech et Tanger. Le tourisme interne en a été entravé, et le secteur «ne commencera à se redresser que dans le second semestre de 2021».

«L’impact économique dans le secteur est probablement plus important, compte tenu de la part d’activité informelle et les retombées considérables sur d’autres secteurs, en particulier les transports et le commerce.»

Fitch Ratings

Ces perspectives pourraient s’assombrir en effet, avec l’incertitude sur l’évolution de la pandémie en Europe, principal marché emetteur des touristes étrangers en visite au Maroc. L’impact serait considérable, surtout que le secteur constitue «une source essentielle de devises et un moteur de croissance» pour le PIB.

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