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Grand Angle

L'après-Covid-19 : La Banque mondiale plaide pour un système éducatif marocain «plus solide»

La Banque mondiale a recommandé, cette semaine, au Maroc de «préserver les dépenses d’éducation pour limiter la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre». Pour ce faire, elle suggère de «tirer les leçons de la crise du coronavirus pour accélérer les réformes».  

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Photo d'illustration. / DR
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«Le renforcement du capital humain au Maroc constitue un levier puissant pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et générer des gains de compétitivité». C’est ce qu’a déclaré, cette semaine, la Banque mondiale dans un nouvel article plaidant pour la construction d'un système éducatif plus solide pour l'ère post-Covid-19.

Dans son article intitulé «Maroc : Pour un système éducatif performant au sortir de la Covid-19», l’institution rappelle que les dernières estimations de l’indice de capital humain font état d’une augmentation de 5% en moyenne des performances entre 2010 et 2020 à l’échelle mondiale. «Pour le Maroc, cette progression atteint même 6%, à la faveur principalement des avancées réalisées dans l’éducation», se félicite-t-elle.

L’institution évoque une «progression encourageante», même si d’importants défis sur le plan de la qualité de l’éducation, de l’équité et de la gestion globale du secteur persistent.

Une pandémie qui fragilise les avancées en matière d’éducation

En effet, «avant même la crise sanitaire, le Maroc peinait à maintenir le cap par rapport au 4e objectif de développement durable (ODD) (Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie)», rappelle-t-elle.

«En 2019, 66% des enfants marocains âgés de 10 ans n’étaient pas capables de lire et comprendre un texte simple, soit un pourcentage inférieur de 2,5 points à la moyenne régionale du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et de 10,7 points à la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.»

La Banque mondiale

Le document rappelle aussi qu’en 2018, les années de scolarité des élèves marocains ajustées en fonction des acquis étaient estimées à 6,2 années. Une durée effective de la scolarité au Maroc qui était en moyenne «inférieure de 4,4 ans au nombre d’années réelles», souligne-t-on, en évoquant des chiffres qui «reflètent la crise des apprentissages que traverse le pays» et l’urgence de résorber les lacunes du système éducatif afin de doter chaque élève des compétences fondamentales nécessaires pour s’insérer à l’âge adulte dans la société et l’économie marocaines.

De ce fait, la Banque mondiale estime que la pandémie du nouveau coronavirus «menace aujourd’hui de fragiliser les avancées du Maroc en matière d’éducation». L’occasion de rappeler que les mesures de confinement ont «entraîné la perte d’au moins trois mois d’apprentissage chez environ 900 000 enfants d’âge préscolaire, huit millions d’élèves du primaire et du secondaire, et un million d’étudiants du supérieur».

Investir dans le capital humain et œuvrer en faveur d’un système résilient

De plus, au grand dam des mesures mises en place par les autorités de tutelles, «les disparités d’accès à l’enseignement à distance risquent de creuser davantage les inégalités face à l’éducation», ajoute-t-on.

Dans un contexte marqué également par des contraintes budgétaires, la Banque mondiale recommande au Maroc de «préserver les dépenses d’éducation pour limiter la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre».

Pour ce faire, elle suggère de «continuer de mettre l’accent sur les objectifs de sa Vision 2015-2030 et tirer les leçons de la crise du coronavirus pour accélérer les réformes».  Ainsi, pour l’apprentissage en présentiel, l’institution estime qu’il est «important de maintenir les écoles ouvertes (…) afin de donner aux élèves les meilleures chances d’apprentissage et de combler les lacunes».

Elle recommande aussi de «prévenir le décrochage scolaire» et «lutter contre (ses) risques» à travers des «campagnes de sensibilisation» et même des «incitations aussi bien financières que non financières» et des cours de rattrapage.

Tout en plaidant pour un «développement professionnelle des enseignants» et des «partenariats public-privé (PPP) plus solides afin d’améliorer l’accès à une éducation de qualité pour tous», la Banque mondiale propose aussi d’«adopter de nouvelles approches pour accélérer les réformes» à travers notamment «des interventions bien ciblées, privilégiant les enfants à risque».

Enfin, l’institution recommande de «s’inscrire dans des alliances internationales stratégiques pour exploiter les possibilités de coopération en matière d’innovation et d’échange de bonnes pratiques», en estimant que «ces interventions sont essentielles pour protéger les futures générations d’élèves marocains de l’impact de la pandémie et au-delà». «Le Maroc doit impérativement maintenir la dynamique enclenchée, en continuant à investir dans le capital humain et à œuvrer en faveur d’un système éducatif résilient», conclut-on.

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