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Le Yabi Café
M
13 décembre 2019 18:37
En rentrant dans dans ce foutoir qu'est le yabi café,il était blindé, pire qu'hier..
Je salut mes connaissances, et croise mes amis en train de discuter,ils me font signe de les rejoindre a leurs table,
Je leur dit en souriant :

mon gars, je suis juste fatigué et ennuyé de moi-même
Hé là ma chérie, je pourrais avoir besoin d'un petit coup de main
Je me regarde dans le miroir ,je veux changer de vetements, mes cheveux, mon visage....
Mon gars, je ne vais nulle part..
Je vis juste dans un bled comme celui-ci
Ma puce , que faire ?

Elle me répond : un café ? ?
La conne...mais ce n'est pas de sa faute..

A ce moment là, j'entends deux personnes qui se chauffent:
<< Non c'est toi tu es marié et tu viens agiter ton poireau ici...>>
<< Je te jure que si tu ne présente pas tes excuses,je fais soujoude de l'imprimé,ruku' de l'oprimé, double imprimé recto verso....>>

Puis on distingue une troisièmes voix << khouyas ..khouyas..vous battez pas vous la ba..>>

C'est mon ami et copilote freeassange,qui essaye de les calmer en leur agitant des posters de Ribéry.. drôle de technique..

Bref,les amis , c'est rien on s'en fou de qui a raison ou tord, seulement que les.meilleurs sont ceux qui passent outre...et qui défoncent en mp.

Calmez vous,reconsiliez vous

C'est bientôt Noël , je vous prépare les cadeaux..
*
13 décembre 2019 19:41
La journée tirait à sa fin emportant avec elle les derniers pans d’un ciel gris, triste et pluvieux. Le froid se corsait, pénétrait sous les manteaux, pinçait les corps qui frissonnaient essayant d’échapper à sa morsure cruelle, cherchant à s’abriter dans des lieux plus chaleureux et plus accueillants que ces rues où résonnaient le vent et la pluie.

Je me trouvais une nouvelle fois, devant la porte du café de yabi, un appel, m’avait été lancé, un appel fier étouffé, déguisé, terriblement seul et souffrant …

Cling*

La désolation se peignait sur les murs du café … les lieux avaient perdu leur âme et leur essence, des éclats de voix, des cris … vides, insipides, violents, des combats d’égo ? de fierté ? d’honneur ou de déshonneur ? chacun ne regardant que le seuil de sa porte … un langage de sourd s’était installé, la bonté et la bienveillance avaient déserté les plumes et les cœurs, le chaos était total … des verres et des assiettes brisées, des chaises renversées, des habitués terrifiés, fuyaient l’arène, de peur d’être éclaboussé par la vague de violence, le café semblait plongé dans les abysses profondes de l’indigence et de la désolation humaine … un bien triste spectacle.

Je ressors de ces lieux, qui furent jadis, chaleureux et conviviaux, lorsque j'apperçois un vieil homme, regarder à travers les vitres du café, l’état de cet antre semblait le rebuter. Il se tenait là, le regard triste et perdu, les bras ballants, comme si cet endroit était son dernier souffle de vie … m’approchant de lui, je lui demande avec douceur ….

- Salam al hadj ... est ce que je peux vous aider ?
- Wa alaykoum assalam .... non ma fille, je suis de passage …

Nos deux regards rivés sur ce capharnaüm, je lui pose une question :

- ... Vous semblez connaitre ce lieu …

Il marque un temps avant de me répondre :

- Je venais ici, il y a fort longtemps .... j’avais besoin d’un lieu pour guérir …

- ... Vous a-il apporté l’apaisement et la guérison attendus ?

Il pousse un long soupir …

- Mon mal n’a pas de remède … et il est beaucoup trop tard à présent mon âme et ma chair sont empoisonnées …

Je le regarde un instant puis répond dans un murmure :

- Il n’y a aucun mal sans remède … tout est entre les mains de Dieu …

Le vieil homme marque une pause puis, commence à parler, d’une voix lointaine, le regard perdu dans ses souvenirs …

"Je m'en souviens comme si c'était hier … Il arrivait emmitouflé dans son manteau, la capuche rabattue sur la tête, commandait un café, puis décidait de faire le tour des tables … il parlait peu, et ne dévoilait rien de lui, souriait à l’une, taquinait l’autre, passant devant les sujets corsés sans s’y attarder, les écoutant d’une oreille attentive, mais évitant avec soin de poser un commentaire comme si les paroles lui brulaient la gorge … puis continuait son chemin, vers des lieux plus joyeux à la recherche de légèreté, de quoi se changer les idées, de quoi lui redonner goût à la vie, de quoi ranimer son cœur meurtri …

Chaque jour il revenait et chaque jour il essayait de s’enfuir encore plus loin à l’intérieur de lui, il se fuyait lui-même, enfermé dans sa carcasse, ne trouvant aucune issue, aucune échappatoire, à ce qu’il était … un homme ? une bête humaine ? … il avait été formé et entrainé pour encaisser … entraîné à voir, à écouter, sans jamais ressentir … Ce vide de sentiments le rendait puissant et invulnérable … il était fort et ne ressentait même plus la douleur, on lui disait que sa force était exceptionnelle, on était fier de lui, on lui gonflait son égo, afin de le charger encore plus, heureux était-il de porter ce fardeau, mais s’en rendait-il compte pour autant ? … non il était occupé à se dépasser, jusqu’à ce qu’il se perde … jusqu’à ce que son corps devienne un étranger pour lui … au point de se cacher de lui-même, ne supportant même plus son reflet … on le croyait hautain, parano, il n’aimait rien partager, n’avait que des avis éphémères, changeait d’humeur, changeait de tête, changeait de nom … ne prenait pas le temps de donner de soi ... mais en avait-il un soi ?

Fractionné il était , luttant contre lui-même, incapable de se pardonner, cette absence d’émotions qu’on lui a appris, à tout ensevelir dans les profondeurs de son âme se transformait en rage, en haine contre lui-même, le consommant et le consumant de l’intérieur telle une bombe à retardement, dont le tic tac résonnait en lui dans l’attente d’une explosion afin de le libérer de cette insoutenable agonie.

Suite ...



Modifié 2 fois. Dernière modification le 14/12/19 14:40 par Ambre*.
*
13 décembre 2019 19:45
Suite …

Ce qu’il avait vu en ces contrées lointaines, était l’horreur, aucun humain ne devrait être confronté à un tel spectacle … il ne pouvait revoir ces scènes qu’en cauchemar car les ressentir il n’en avait pas le droit, alors il subissait cette agonie tous les soirs … les cris, le sang, les coups de feu ... des corps inertes couverts de la poussière des éclats, la désolation, le comble de l’horreur humaine … il imaginait ses âmes quelques heures avant marchant, mangeant parlant au sein de leurs vies, s’étalant sous ses yeux aux regards froids, son âme luttant … vomissait ses tripes comme pour se débarrasser de cette image qui le rongeait …

Tous les jours il venait et tous les jours il repartait, voilà maintenant 30 ans que ça dure … 30 ans d’agonie, 30 ans qu’il se punit … »

Il marque un arrêt, je n’ose interrompre son monologue, figée sur place de peur de casser le fil de ses souvenirs, je regarde ses larmes couler sans un bruit …

« Le temps passe vite ma fille, tellement vite … le pardon était un luxe qu’il ne pouvait se permettre, sa vie entière a été rongée par la culpabilité et le mal être … et le voilà aujourd‘hui encore une fois, errant comme un fou à la recherche de sa paix intérieure, titubant péniblement, le dos vouté par le poids de son fardeau que le temps a rendu trop lourd … et ses chaines aux chevilles … ses jambes n’ont plus la force de la sentence … son âme est à bout … à bout … »

Sa voix devient à peine audible … brisée par l’émotion et l’usure … alors je lui dis dans un murmure …

- Qu’en est-il de la Miséricorde Divine ?
- Il juge ne pas en avoir droit …
- Peut-il juger à la place du Seul juge ? … A Dieu nous sommes et à Lui nous revenons … Si nous perdons espoir en le pardon et la miséricorde divine, que deviendrons nous ? …

Les bruits à l’intérieur du café semblaient se calmer mais les lieux avaient perdu de leur hospitalité, sans un mot, nous reprenions nos chemins l’un et l’autre chacun vers une destination inconnue …

Salam

Jade*
b
14 décembre 2019 08:40
Vous n'aviez pas besoin de signer Jade*.

Heureux de vous lire à nouveau ...

à +
Citation
Ambre* a écrit:
Suite …

Ce qu’il avait vu en ces contrées lointaines, était l’horreur, aucun humain ne devrait être confronté à un tel spectacle … il ne pouvait revoir ces scènes qu’en cauchemar car les ressentir il n’en avait pas le droit, alors il subissait cette agonie tous les soirs … les cris, le sang, les coups de feu ... des corps inertes couverts de la poussière des éclats, la désolation, le comble de l’horreur humaine … il imaginait ses âmes quelques heures avant marchant, mangeant parlant au sein de leurs vies, s’étalant sous ses yeux aux regards froids, son âme luttant … vomissait ses tripes comme pour se débarrasser de cette image qui le rongeait …

Tous les jours il venait et tous les jours il repartait, voilà maintenant 30 ans que ça dure … 30 ans d’agonie, 30 ans qu’il se punit … »

Il marque un arrêt, je n’ose interrompre son monologue, figée sur place de peur de casser le fil de ses souvenirs, je regarde ses larmes couler sans un bruit …

« Le temps passe vite ma fille, tellement vite … le pardon était un luxe qu’il ne pouvait se permettre, sa vie entière a été rongée par la culpabilité et le mal être … et le voilà aujourd‘hui encore une fois, errant comme un fou à la recherche de sa paix intérieure, titubant péniblement, le dos vouté par le poids de son fardeau que le temps a rendu trop lourd … et ses chaines aux chevilles … ses jambes n’ont plus la force de la sentence … son âme est à bout … à bout … »

Sa voix devient à peine audible … brisée par l’émotion et l’usure … alors je lui dis dans un murmure …

- Qu’en est-il de la Miséricorde Divine ?
- Il juge ne pas en avoir droit …
- Peut-il juger à la place du Seul juge ? … A Dieu nous sommes et à Lui nous revenons … Si nous perdons espoir en le pardon et la miséricorde divine, que deviendrons nous ? …

Les bruits à l’intérieur du café semblaient se calmer mais les lieux avaient perdu de leur hospitalité, sans un mot, nous reprenions nos chemins l’un et l’autre chacun vers une destination inconnue …

Salam

Jade*
b
14 décembre 2019 15:23
Aujourd’hui, c’est le grand jour, au Yabi-café, des rêveurs, celui des essais filousophiques avec pour thème le nouveau modèle de développement.

Une première étape consistait à interviewer, au gré des rencontres et des rues de cette contrée virtuelle, les badauds, pour recueillir et recenser leurs interprétations et leurs préoccupations.

Pour les uns, le « D » du développement c’est kif-kif au « D » de TaNMia et ce dernier n’est-il pas une anagramme de TaMaNi, d’espoirs, mis dans des urnes funéraires comme ce fut le cas aussi de celui figurant dans O.D.I ?

Pour d'autres, le développement c’est-y le contraire de l’enveloppement comme déployer, ployer, dérouler, rouler pour dérouler un tapis ?

Des enveloppes ? Mais quels courriers dans les plis et les replis ? Des missives portant missions, des missions sans démissions possible, pour une rémission durable ?

Selon un autre avis gauchement exprimé : Des milliers de km de littoral atlantique et méditerranéen, un champ dépeuplé, celui de la construction navale, de la marine marchande, de la pêche, de l’armement des navires, de la fabrication de filets, de pompes, de maintenance, d’entretien, de distribution, de transformation, de fermeture d’usines de conserveries etc.… A quand la marocanisation du secteur et des pavillons, à l’intégration des activités, aux joint-ventures et sociétés mixtes hispano-marocaines ?

Tout un domaine, selon lui, un champ de ressources naturelles potentielles, sans représentant représentatif commissionné et ce n’est pas le seul secteur concerné par l’aménagement des belles et touristiques côtes autres que la cuesta del sol qui a connu en son temps, jadis, une formidable recrudescence de l'activité immobilière … Proposant, donc, un second siège pour le tourisme ...

Un autre, aux lunettes de rat de bibliothèque, claironna : avant de dresser un plan de développement n’est-il pas nécessaire d’établir un état des lieux, un audit, identifier les carences, les insuffisances, les manques ?

Hochant la tête, son interlocuteur énonça sur un ton sentencieux, plein d'emphase, en roulant les "r" : "Développer c’est agir, c’est inscrire des actes dans une logique, avec un objectif. Mais les actes ne sont pas simples, ils s’inscrivent à leur tour, dans l’expertise, dans des arts, des technologies spécifiques, d’une complexité de plus en plus grande, dans une dynamique innovante en constante évolution, dont les produits deviennent éphémères et invariablement obsolètes."

Question : Mais alors que viserait le développement ?

Un petit bonhomme, frêle, aux sourcils sourcilleux de financier, s'empressa de répondre, car il avait réponse à tout : " Équilibrer la balance, réduire la dépendance, réduire les importations en les substituant par une production locale ? Mais alors où est passé le siège des banquiers, du patronat, du représentant des douanes susceptible de révéler les créneaux du futur, accessibles, déterminer les mieux offrants en terme de qualité-prix, d'orienter les importations vers d’autres horizons émergents ? d'orienter aussi par le crédit, l’exonération fiscale, le défrichement de nouveaux champs d’activités ?
Développer les comptes bancaires, les agios, les commissions et ne pas siéger en commission, quel outrage !

Un autre grand bonhomme, épris de voyages, très grand, renchérit : " Réduire la dépendance, mais comment ? En l’absence des industries primaires pourvoyeuses de matières et de matériaux : chimie, parachimie, métallurgie, de bureaux d’étude, d’ateliers etc. ?

Développer, répondre au Quoi ?, Où ?, Comment ?, Pourquoi ? etc … Impose des choix, remémorant ceux de la Chine, du Japon, de la Corée, des exemples selon lui à visiter nécessairement, dont on pourrait s’inspirer sans nécessairement copier."

Des actes, des acteurs, des compétences qui s’expatrient au lieu d’œuvrer à l’émergence d’une plaque tournante, d’une plateforme, interface en l’Afrique, l’Europe et le monde, canalisant les flux de matières, de travail, de ressources, mettant à contribution des partenariats pour importer d'autres patrons et leur savoir-faire ?

Le bigleux aux lunettes lui coupa la parole : le développement passe par l’incitation à l’émergence de l’embryon générateur, une base de cet espace multidimensionnel des actes de transformations, complète, un noyau d’activités essentielles sans lesquelles et en l’absence d’une seule parmi elles, il est vain d’espérer ne serait-ce que résister à la concurrence étrangère, ni même rêver à une quelconque émergence.
Sans creuset, ni moule comment donner forme au développement ?

Bref, dans un Discours retenu , il est fait mention d’une synergie entre le privé et le public et c’est ce qui devrait ressortir dans la composition de la commission chargée d’une mission lourde, vitale, de la plus haute importance en termes de devenir.

Une mission qui nous l’espérons ne connaitra pas le sort de l’Office du Développement Industriel



Modifié 1 fois. Dernière modification le 14/12/19 15:42 par blagueur.
P
15 décembre 2019 01:56


Cling*

La porte de verre s'ouvre sur une pièce baignée d'une lumière invariablement orangée.

Je te cherche des yeux, scrute chaque recoin du café sans remarquer qui que ce soit, je n'apercois que des silhouettes anonymes qui parlent fort et s'agitent.

Je ne te trouve pas, je ne te vois pas... Tu n'es pas là...
Cet endroit peuplé de monde semble soudain désespérément vide sans toi, si sombre sans ta belle lumière. Tu me manques petit frère, tellement, si tu savais...

Tant pis, il faut que j'aille jusqu'au bout à présent.
Je pousse la porte au dessus de laquelle est indiqué le terrible mot "purgatoire".
En se refermant, elle émet un bruit sourd.

Clong*

À peine entrée, un sentiment démesuré de tristesse m'assaille, m'accable. Instantanément mon cœur se serre et mes yeux s'emplissent de larmes. Je manque de défaillir, je crains d'en perdre la raison.

Je me dirige vers le grand miroir...
Elle est là, elle me regarde avec ses grands yeux tristes, l'enfant à la frimousse couleur de blé et au regard lointain. C'est bien toi Petite Antigone !
Je pose ma main sur ta main, je serre ton cœur contre mon cœur.
Je ne t'abandonnerai plus désormais , je t'en fais la promesse! Je porterai tes larmes, j'égrènerai tes mots et acceuillerai tes rires avec tout l'Amour qu'il m'a été donné... Je t'aime Petite Antigone, je t'aime dans Son Amour.

Viens, je t'emmène loin d'ici. Il nous reste encore tant à vivre, tant à découvrir, tellement d'histoires à écrire.

Clong*

Je ne me retourne pas.

Cling*






Modifié 1 fois. Dernière modification le 15/12/19 02:16 par Antigone 2.0.
*
15 décembre 2019 06:19
Je suis partie, loin, très loin du lieu de tous les malheurs, de toutes les souffrances et toutes les futilités, ce lieu où les biens immatériels s’amenuisent au lieu de se multiplier, frappées de stérilité car ne pouvant être fécondées … c’est ainsi que boudant le café, je me retrouve dans la quiétude des champs et des montagnes de mon pays natal, là où la nature sauvage rebute encore les buildings de la civilisation.

J’ouvre néanmoins le journal du café, afin de prendre quelques nouvelles … Ah ben le thème du jour est le développement chez mes voisins, les neurones chauffent et macèrent, les réflexions vont bon train, chacun allant de son propre avis. Je pose le journal, afin de m’atteler à monter ma myonnaise qui accompagnera à merveille la soupe de poisson fumante dont la délicieuse odeur commence à se dégager du pot en terre cuite.

Œuf, moutarde, ail, un trait de vinaigre, une pointe de sel, armée de mon pied à mixeur, et d’un filet d’huile d’olive continu, je commence à monter ma fameuse mayonnaise, regardant mes ingrédients se transformer sous mes yeux en une émulsion de plus en plus blanche, triplant de volume dans le verre … le développement … peut-on parler de développement dans ces pays longuement et profondément exploités qui resteront peut-être jamais dans la périphérie, d’un centre dominant ?

Chassant ces idées pessimistes, je refixe le fond de mon pot en verre, portant une attention particulière à la consistance de mon savant mélange ... Serait-ce cette transformation de matières premières alliée à un savoir-faire certain et un effort fourni en conséquence ? ça parait drôlement simpliste comme réflexion, une seule équation posée et un nombre de variables conséquent … ou peut être ces kilomètres de béton synonymes de mètres carrés rentables ? Offrant du tourisme, de l’emploi et augmentant la croissance de surcroit ? … Mon regard se perd à travers la fenêtre de ma cuisine qui donne sur un champ vierge, déserté par la civilisation, pensant aux oubliés du développement … ces petits villages, et ces petites gens, aux vies simples souvent écartées des plans, peut être par manque de rentabilité, créant ainsi une inégalité dans une démarche se voulant unificatrice. Le développement serait-il une injustice sociale ?

De mon petit avis des hauteurs isolées des montagnes, loin des têtes bien pensantes, du pouvoir et des connaissances économiques, je repense à tout ce que le développement pouvait toucher d’immatériel … des biens à la rentabilité infinie … le bien-être de chacun d’entre nous, qui commencerait par une estime de soi et un perfectionnement des connaissances, une banque inépuisable qui rend riche le plus démuni … à l'amour, l'amour de soi, l'amour de l'autre, l'amour du don et du partage, qui rend chacun d'entre nous unique et rayonnant par ce qu'il est et ce qu'il fait … une appropriation équilibrée du savoir-être et du savoir faire ... c’est ainsi armés que nous pourrions demain participer au développement de nos pays, impliquant de mettre en pratique nos capacités dans un climat sain, sans injustice, et en toute liberté … en toute liberté ? en voilà de drôles d'idées ...

Souriant à ma naïveté utopique, j'examine ma mayonnaise enfin prête, puis retire le pied du mixeur et pose un film sur le verre afin de la laisser refroidir. Je retourne à mes tâches simples du quotidien, oubliant vite les inégalités et les jeux de pouvoir, les exploitations et les mensonges d’état, les injustices et les faux débats, depuis quand la voix du petit peuple était entendue dans tout ça …



Modifié 2 fois. Dernière modification le 15/12/19 07:43 par Ambre*.
*
15 décembre 2019 09:06
….

Il avait quitté cette jeune femme reprenant sa route vers l’infini … l’infinie douleur, l’infinie solitude, l’infini isolement. Il avait pris l’habitude de se côtoyer, de se parler, les gens le pensaient fou, peut-être l’était-il au fond, il ne le savait pas vraiment, voilà 30 ans qu’il luttait contre son principal ennemi, lui-même, le sermonnant, le malmenant, comme personne ... Il avait peur, peur d’écouter sa douleur et de libérer par là la bête qu’il avait pris soin d’enfermer à double tour, au fond de ses entrailles, elle était là tapie, parfois endormie, et parfois luttant avec une violence inouïe. Alors il se repliait chez lui, s’enfermait à double tour, assénant coup sur coup à son punching ball … ça c’était du temps ou ses bras avaient encore leur force, aujourd’hui il était incapable ne serait-ce que pousser cet énorme sac …

La silhouette frêle et voutée, il continuait son chemin afin de rentrer chez lui, chez lui ? pour se retrouver avec comme compagnons lui-même et le vide des lieux ? non, il n'en avait pas le courage. S’il n’avait plus ce café, où allait-il aller ? cet antre s’était inscrit dans ses habitudes, il se mêlait et passait inaperçu aux pays des fous, le masque étant de rigueur à l’entrée, ce lieu était le seul où il pouvait être un autre que lui, ou peut-être lui ... Posant son fardeau au pas de la porte, il s’asseyait et se mêlait à l’assemblée, il aimait ce lieu, rien que pour le sentiment de pseudo-normalité qui lui procurait … Il était venu une première fois il y a de cela 30 ans, puis une deuxième, et enfin une troisième, et depuis revenait régulièrement changer le pansement d’une plaie jamais cicatrisée. Une plaie infectée qui avait finie par se refermer emprisonnant ses germes, aujourd’hui enfouie tel un abcès au fond de lui risquant de se rompre et de l’emporter d’une septicémie. Il avait ainsi fait le choix de vivre sa vie une épée pointée entre ses deux yeux, dans l’espoir d’expier ses pêchés. Alors oui ce café était tout ce qui lui restait, plongé dans le monde des apparences et de l’explicite, des futilités et des fausses joies, il ressentait moins sa douleur, ce lieu était plus puissant que le plus dosé des morphiniques, la preuve étant le voilà encore, 30 ans plus tard, dépendant de cet exutoire afin de drainer son mal violent et sa douleur … mais avait-t-il pour autant trouvé la paix ? rien n'était sûr … aurait-il emprunté le mauvais chemin depuis tout ce temps ? ... l'âme en peine il cherchait simplement son salut, que les années avaient rendu aussi inaccessible que le graal, il s’était perdu dans le labyrinthe de son mal, sa vie était un champs de ruine, chaque pierre qu’il mettait à l’édifice s’effondrait au contact de la bête … que lui restait-il à présent ? et qu’allait-il devenir maintenant que ses plus belles années étaient derrière lui ? qu'allait-il faire ? le temps avait eu raison de sa force, mais la bête n'avait rien perdu de la sienne … le temps passait si vite, il s'écoulait sans s'arrêter, sans lui prêter attention, linéairement et fatalement ... perdu il était, sa vie, ses joies, ses amours, ses ennuis, sa banalité, sa monotonie … perdu dans les dédales de la douleur et de la culpabilité, perdu car ne trouvant la force de se pardonner …

Après avoir erré au gré de ses pensées toute la nuit, ses petits pas, lents et fatigués, habitués à emprunter le même chemin le ramenèrent au seuil du café, au pas d'une addiction pdeudo-salvatrice … un labyrinthe … un labyrinthe dans lequel il était prisonnier …

Un nouveau jour se levait sur le yabi café, … dehors la nuit pliait avec douceur sa couverture sombre. Je boudais encore ces lieux, je leur menais une guerre psychologique, accueillants physiquement, ils épuisaient moralement le plus aguerri d’entre nous, non je ne rentrerais pas, je me contenterais de regarder leurs mouvements à travers la vitre depuis la terrasse d'en face où je buvais mon café, préférant la morsure du froid à celle de l’humain … une jeune femme quittait furtivement les lieux tenant un enfant par la main, un vieil homme à la silhouette frêle et voutée regardant à travers les vitres n’osant franchir le seuil des lieux … non je ne le sirotais pas, mon café était sans sucre …



Modifié 2 fois. Dernière modification le 15/12/19 09:48 par Ambre*.
P
15 décembre 2019 12:41


Attirée par la douce lumière du soleil d'hivers en ce dimanche matin, j'ai gravis, vaille que vaille, l'une des collines qui encercle mon écrin de magie.

J'ai trouvé refuge dans le creux d'un bel arbre aux branches nues et entortillées. Le clocher sonne déjà midi, ma vallée se déploie, belle et ensoleillée, devant mes yeux émerveillés. Le vent souffle, frais et purificateur. Au loin paissent de jolis moutons floconneux, et là juste en bas j'aperçois la rivière, tumultueuse, tentant de ravaler les déboires d'une nuit trop arrosée.

Blottie dans les bras de mon beau chêne à l'écorce couverte de mousse verte et deveteuse, je m'imprègne de sa belle énergie, stable, constante, émergeant directement de la terre mère. Je ferme les yeux. Bienveillant et affectueux, mon protecteur me purifie des énergies de la ville et du deuil de ma journée d'hier. Il me régénère, me ramène à la terre et me rappelle à la paix.

Le vent souffle, j'ai un peu froid.

D'ici, étrangement, je peux voir l'enseigne du Yabi Café, sa porte de verre, sa lumière orangée, la rue pavée qui le supporte. Mais mon regard est attiré vers le trottoir d'en face.
Là, une terrasse, un autre café, ce qu'il y a de plus ordinaire.
Je les vois comme si j'y étais, ces visages familiers attablés devant un thé ou café fumant.
Une belle jeune femme à la tenue altière, à la longue chevelure de jais, princesse guerrière à l'armure brisée, absorbée par l'amertume de son café.
Là, une jeune fille frêle et pâle, belle et lumineuse pourtant,le regard tourné vers l'intérieur, comme si la vie voulais s'échapper d'elle. Que t'est t'il arrivé petite abeille, toi si douce et pleine de vie?
Plus loin, derrière la fumée d'un chocolat chaud, ma petite Fricassette, fébrile, oscillant entre joie trop vive et tristesse démesurée. Je ne te l'ai jamais dis ma chérie, mais j'ai souvent eu envie de te prendre sous mon aile, de te bercer de mots tendres, de te serrer dans mes bras pour réparer ton cœur en mille éclats.
J'entends le sifflement du train qui transporte les touristes du dimanche dans un tchoukoutchouk d'un autre temps, laissant s'échapper des nuages de vapeur blanche et épaisse.
Et toi petit frère ? Où es-tu ? Même ici je ne te vois pas. Reviendras tu un jour ?
Les voyageurs sont accueillis par une fanfare claironnant des chants de Noël. Tout cela me paraît tellement irréel.

Tu vois Petite Antigone, c'est la solitude qui t'a attirée vers ce lieu où tout semblait plus facile. Et c'est plus seule que jamais que tu t'en retourne.
Triste constat aujourd'hui, que de voir que finalement, nous portons tous notre fardeau dans la plus grande des solitudes.

C'est dans ce lieu que je t'ai retrouvée, douce enfant, toi et toutes les souffrances dont tu voulais me protéger. Je les porterai avec toi désormais et ensemble nous les soigneront. Il nous reste encore une longue route à faire ensemble, celle du pardon et de l'Amour pur, inconditionnel, pour que s'ouvre à nous la porte de la rédemption. Que Dieu nous guide.

La locomotive bleue, celle que je préfère, fait des allés retours juste en bas, pour le plaisir de mes yeux, dans la musique fanfaronne qui inonde ma vallée.

Quelle étrange journée.

Dans l'Amour pur de Celui qui aime, je vous aime...






Modifié 2 fois. Dernière modification le 15/12/19 13:33 par Antigone 2.0.
b
16 décembre 2019 10:26
Une nouvelle fenêtre du Yabi-café, s’ouvre, sur la mémoire des tribus répondant au "Qui êtes vous vraiment", celles de jadis, du temps où le temps se comptait en jours de marche de caravanier, de dromadaire, de coursiers et d’ânes.

Depuis qu’ils avaient abandonné le port du khandjar, du bordo, du selham, du séroual ample et aéré, des babouches et de la rezza, plus rien n’allait plus, selon lui.

N’importe qui ou quoi pouvait s’en prendre à lui, à ses biens, à sa dignité, à sa vie. Même les scorpions, les serpents et les chiens, pas toujours errants, semblaient avoir redoublé de courage, à l’ombre des occupants et de leurs sbires, mais lui résistait toujours et encore, à sa manière en priant, en ressassant le passé.

Ce passé, celui d’une jeunesse exaltante, farouche, à cheval, galopant sur son pur-sang arabe, dont ses congénères avaient su préserver la lignée, de génération en génération. Ce cheval, alezan, à la robe miroitante et lustrée, robuste coureur de fond, faisait sa fierté et son univers.

Un cheval fougueux, au cou puissant, au poitrail large, soigneusement harnaché et sellé au prix fort, qu’il avait entrainé, jour après jour, à la guerre, au nez et à la barbe du colon imberbe, la traditionnelle fantasia en alibi.

Un compagnon noble qui ne se dérobait pas au son d’une déflagration ou à la vue d’un obstacle. Accoutumé au son de la m'kehla dont ni le canon ni la fumée acre, sulfureuse, de la poudre noire, ne l’effrayait, il faisait corps avec son cavalier, offrant à ce dernier, une assise stable lors du seul et unique tir, qui se devait de faire mouche.

Un Jaouad se tenant au repos sur trois pattes, grattant d’impatience le sol, de son antérieur droit.

Les narines dilatées, le souffle puissant battant les oreilles au rythme des cœurs, la blanche sorba, aux couleurs de linceul, de kfen, s’élançait dans un galop, celui d’une chevauchée fantastique d’apocalypse, à l’aube, après la salat al fajr, en une charge meurtrière des postes ennemis encore en sommeil, dispersant les envahisseurs en semant le chaos et la terreur, ceux de la guerre éclair, en une poussiéreuse blitzkrieg, une guerilla d’antan.

En un éclair, la sorba avait disparu, fondue dans les derniers soubresauts de la nuit, hors des chemins, sans laisser de trace.

Il avait perdu, alors, quelques amis, quelques membres de la tribu, quelques « chouhada’es » , quelques « témoins », pas des martyrs …

Des « chouhada’e » qui témoignaient de cette résolution des peuples à combattre pour leur survie, leur liberté, leur foi, leur identité, leurs familles, leurs us et coutumes, leurs terres et leurs ressources.

Des « chouhada’es » anonymes, sans tombes ni monument aux morts, qui pourtant témoignaient depuis plus d’un millénaire de cette lutte contre l’incessante ingérence étrangère en des escarmouches côtières, en des comptoirs, en la colonisation, en le néo-colonialisme, en l’exploitation au gré de la différence d’échanges.

Des « chouhada’es » d’outre-tombe, tournant le dos au soleil couchant, au maghreb, les yeux rivés sur la Qibla …

Des « chouhada’es » … De l’insoumission …

Allah, s.w.t, y Rhemhoum jami3an ...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/12/19 10:38 par blagueur.
b
16 décembre 2019 13:29
Toc Toc Toc ....
La porte du Yabi-café, s'entrouvre ...
Je dérange ?
Le temps de déposer un fardeau, un coulis et je repars

Une mayonnaise .. Des œufs … Le développement …

Des œufs, semblables à ceux que ramassaient les premiers hommes, ceux de ce petit livre d’histoire, ceux qui vivaient dans les cavernes, apprivoisant le feu, celui des âges de pierre, de bronze, de l’acier.

Un feu qui fascine, au puissant pouvoir de transformation et de changement d’état, celui du mythe de Prométhée, mais aussi celui de la vie, sans flamme, d’une respiration saccadée, d’une silencieuse combustion entretenue par les flammes dévorantes de l’amour, encore celui de l’homéostasie.

Le souvenir de ce petit livre d’histoire qui lui avait appris que ses ancêtres étaient gaulois, l’invitait à relire l’Histoire, à retrouver l’âme des pionniers, des premiers artisans, à imaginer leurs découvertes comme leurs quêtes, de génération en génération.

Il se remémora, alors, ces femmes aimées, ces mères, armées de fourchettes ou de fouets, en sueurs, versant précautionneusement un filet d’huile, quelques gouttes de vinaigre, pour donner une texture de gel à un liquide, sans moutarde, ni citron, c’était jadis.

Déjà, ce simple acte requerrait de la force dans les bras, des ustensiles ordinaires, cependant produits par des techniques de transformation de la silice et du verre pour le bol, du fer pour les fouets, d’extraction des huiles sous l’action de meules taillées dans les parois des grottes d’hercule, puis au moyens de presses hydrauliques hyperbares, de centrifugeuses.

Quand à l’avènement du mixer c’était une toute autre musique, d’une complexité plus grande et que l’on peut imaginer aisément faisant intervenir une multitude d’équipements pour en fabriquer les matériaux thermoplastiques ou métalliques, les constituants et les composants, amener l’électricité à domicile, etc …

Effectivement, il y a eu un développement considérable pour faire monter une mayonnaise.

Appuyer sur un bouton et c’est des siècles d’efforts, de recherche, de développement et d'optimisation d'actes sur la matière, qui sont libérés pour servir.

Se pencher sur l’histoire du développement, sur les transitions significatives et pertinentes qui ont accompagné l’émergence de nouvelles formes dans l’organisation du travail, dans le développement de la connaissance et le savoir-faire (information), fournit les clés du plus court chemin à emprunter pour sortir de ce cercle vicieux qu’est la dépendance de l’étranger et ne plus être réduits au rôle de consommateurs d’équipements et de technologies importées.

Une voie est révélée par le concept de concentration : concentration dans l’espace ou le temps de l’énergie, de la matière, de l’information. De la loupe au laser en passant par les barrages, de la distillation au raffinage, du manuscrit au livre, à la bibliothèque et à l’encyclopédie, de l’artisan au patron d’usine, tout est concentration : des rayons lumineux, des émissions synchrones de photons, d’eau sous forme d’énergie potentielle, d’huiles essentielles, de carburants, de minerais en corps purs et métaux précieux, d'écoles, d'universités, de banques de données, de savoirs et de savoir-faire.

La construction européenne a engendré des fusions de grandes sociétés établies dans les pays membres en de puissantes sociétés et conglomérats. A ce niveau apparait le rôle de la concentration des énergies, de l’agrégation ou de réunion d’objet ou de fonctions : une réunion de médecins de diverses spécialités fait émerger le concept de clinique dont le niveau des ressources cumulées permet d’acquérir des équipements sophistiqués et d’orienter les équipementiers selon les besoins, de même le remembrement agricole a permis de mieux rentabiliser des terres.

Dans nos pays l’individualisme et l’absence de concentration de moyens comme de forces productives présentement disparates jouent contre nous. On peut remédier à nos tares organisationnelles, emprunter le chemin court, comme on peut laisser le temps faire, tout est question de volonté politique et d’orientation.

De même la concentration de compétences multidisciplinaires sur des projets permettrait de faire le saut qualitatif espéré, nous ramenant à la clé de voûte : former et retenir les compétences qui s’expatrient pour avoir un meilleur niveau de vie, de meilleurs soins, une plus grande sécurité, un meilleur environnement éducatif pour leurs enfants, ouvrant les champs de l’emploi, de l’éducation, de la santé, de la sécurité à une sérieuse remise en question.


En espérant que la mayonnaise prenne et ne retombe pas, ciao ….



Modifié 4 fois. Dernière modification le 17/12/19 07:33 par blagueur.
b
20 décembre 2019 10:01
Concentration dans l’espace et le temps …

Assemblages d’éléments, de lettres, de chiffres, d’atomes, d’individus en ménages, en force de travail, en entreprises, en sociétés, en états …

Formation de couples, copulation, reproduction et variabilité génétique, accumulation de gènes, mutation d’ ADN au fil des millénaires, émergence et développement d’espèces, de lignées …

De telles concentrations constituent, certes, des conditions nécessaires au développement mais non suffisantes au vu des échecs, des faillites, des ruines, des banqueroutes : des concentrations improductives, stériles, artificielles qui foirent, à l’image des civilisations disparues, des états balkanisés, des usines fermées ou encore des écoles et universités paradoxalement toujours ouvertes.

Une concentration d’atomes ne saurait voir se développer en elle une réaction en chaine, sans des considérations de nature, de masse critique, de vitesse des neutrons thermiques, pour enfin libérer une énergie considérable …

Concentrer, accumuler l’énergie musculaire des esclaves, des serfs, des goumiers, des citoyens contrits et contribuables contraints où encore celles d’états vassaux au prix de guerres pour contrôler des colonies, du charbon, du pétrole ou de l’uranium.

Une forme de développement par l’appropriation, l’exploitation, les exactions, les tapis de bombes asservissants, le racket, la « protection » des vaisseaux marchands des canaux de Suez ou du Panama, des détroits et golfs, au prix d’assurances réassurées rassurantes …

Alors, comment créer les conditions suffisantes au développement ?

Les approches systémiques chères aux fans de la méthode de la méthode apportent quelques réponses en termes d'auto-régulation, de rétro-action, en d'autres termes si un ouvrier, un cadre, un administrateur est nul comme une mule, il faut le mettre de coté, quelques soient les soutiens, pistons dont il bénéficie.

Sans contraintes point de déformations, d'évolution ou de développement c'est ce que l'on peut retenir des mécaniques classique, analytique ou des milieux continus ...

Les ronds de cuir savent que responsabilité et méritocratie rendent leurs sièges éjectables et s'entourent alors de plus nuls qu'eux, ceux qui ne risquent pas de leur faire de l'ombre ....

L'inertie, le repos sur les lauriers, la loi du moindre effort, les cercles et alliances auto-protectrices sont de mise dans la jet-set de l'administration ...

Une remise en question nécessaire permanente, sans l'auto-critique communarde, une "révolution" constante au quotidien autre que celle du grand Timonier ? ...

Établir une boucle de rétro-action entre la base et le sommet, démocratique, autre que l'action unidirectionnelle et unilatérale du poids d'une hiérarchie écrasante, étouffante, oubliant qu'elle est financée par l'argent public et ce depuis l'indépendance sans grands résultats : des pays totalement détruits par la guerre se sont reconstruits et modernisés pendant le même laps de temps ...

That is the problem ...



Modifié 7 fois. Dernière modification le 20/12/19 11:17 par blagueur.
b
24 décembre 2019 07:17
A Louloute, en mémoire à feue Marie-Claude, qui éveille d’autres souvenirs.

Yabi-café, emmitouflé dans une chapka, un fraternel cadeau, il se laissa porté par les vagues souvenirs, en flots nostalgiques d'une vie estudiantine ...

Ses yeux pétillants dissipaient une généreuse bonté d’âme.

Cette attachante boulangère de son état, toujours souriante, pourtant encore jeune, avait tissé un imperceptible lien maternel avec cet étudiant sérieux et timide, venu d’un pays d’au-delà de la méditerranée.

Un rayon de soleil auréolait alors son visage sans nom, tandis qu’elle s’affairait à choisir pour lui un pain. Un pain qui réchaufferait ce frileux sans famille, cet étranger du sud perdu dans l’immense solitude glaciale du froid hivernal parisien.

Lui, qui avait mis du temps à défaire sa valise, à la condamner au vide pour remplir l’autre vide de l’armoire jusque là délaissée et boudée, retrouvait dans le regard de cette boulangère toute la noblesse, la compassion désintéressée qui emplissait son cœur, ceux d’une personne anonyme foncièrement bonne et attentionnée.

Sans vains mots, elle l’avait pris sous son aile et avait accroché son annonce pour des cours particuliers de maths et de physique, bien en vue, près de la caisse. Il était convaincu qu’elle le recommandait vivement et encourageait les parents à lui envoyer leurs enfants en difficultés.

Un visage gravé à jamais dans sa mémoire et dont le seul souvenir ravivait une paisible sérénité, un tendre sourire nostalgique.

La boulangerie était mitoyenne à un magasin spécialisé en bibelots, gadgets et cadeaux de fin d’année, tenu par un couple de juifs de Meknès, qui lui confièrent leur fille unique qui traversait les sempiternelles difficultés scolaires passagères de la puberté et de l’adolescence. En y repensant, parmi ses élèves, nombre étaient des enfants uniques voire de familles monoparentales.

Des Juifs, eux aussi perdus en région polaire parisienne, sur le chemin de leur interminable aliya, une famille bien marocaine, déjà en perte d’identité à une vitesse vertigineuse.

Que sont devenus, les juifs de notre pays ?
*
24 décembre 2019 07:33
Quel plaisir de te lire … je ne te remercierai jamais assez pour ta patience, à garder ces lieux vivants ... un refuge chaleureux, au coin du feu où même lorsque l'inspiration nous fait défaut, on se laisse aller à lire, rêver, pleurer, rire … tout simplement à vivre ... le vrai cœur de ce forum.

Merci à toi.


Citation
blagueur a écrit:
A Louloute, en mémoire à feue Marie-Claude, qui éveille d’autres souvenirs.

Yabi-café, emmitouflé dans une chapka, un fraternel cadeau, il se laissa porté par les vagues souvenirs, en flots nostalgiques d'une vie estudiantine ...

Ses yeux pétillants dissipaient une généreuse bonté d’âme.

Cette attachante boulangère de son état, toujours souriante, pourtant encore jeune, avait tissé un imperceptible lien maternel avec cet étudiant sérieux et timide, venu d’un pays d’au-delà de la méditerranée.

Un rayon de soleil auréolait alors son visage sans nom, tandis qu’elle s’affairait à choisir pour lui un pain. Un pain qui réchaufferait ce frileux sans famille, cet étranger du sud perdu dans l’immense solitude glaciale du froid hivernal parisien.

Lui, qui avait mis du temps à défaire sa valise, à la condamner au vide pour remplir l’autre vide de l’armoire jusque là délaissée et boudée, retrouvait dans le regard de cette boulangère toute la noblesse, la compassion désintéressée qui emplissait son cœur, ceux d’une personne anonyme foncièrement bonne et attentionnée.

Sans vains mots, elle l’avait pris sous son aile et avait accroché son annonce pour des cours particuliers de maths et de physique, bien en vue, près de la caisse. Il était convaincu qu’elle le recommandait vivement et encourageait les parents à lui envoyer leurs enfants en difficultés.

Un visage gravé à jamais dans sa mémoire et dont le seul souvenir ravivait une paisible sérénité, un tendre sourire nostalgique.

La boulangerie était mitoyenne à un magasin spécialisé en bibelots, gadgets et cadeaux de fin d’année, tenu par un couple de juifs de Meknès, qui lui confièrent leur fille unique qui traversait les sempiternelles difficultés scolaires passagères de la puberté et de l’adolescence. En y repensant, parmi ses élèves, nombre étaient des enfants uniques voire de familles monoparentales.

Des Juifs, eux aussi perdus en région polaire parisienne, sur le chemin de leur interminable aliya, une famille bien marocaine, déjà en perte d’identité à une vitesse vertigineuse.

Que sont devenus, les juifs de notre pays ?
b
24 décembre 2019 16:02
Mais où sont passé les juifs du Maroc ?

Au cours du protectorat, ils ont émigré du mellah vers la ville nouvelle européenne, côtoyant alors les colons et les occupants, en quête d’une place au soleil, laissant derrière eux leurs compatriotes dans la vieille médina, aux sombres rues étroites, pour se lancer dans les affaires, œuvrer dans l’administration coloniale, les banques et le secteur privé.

Au lendemain de l’indépendance, ils entamèrent alors une autre émigration vers de nouveaux horizons : la France, le Canada, toujours en quête d’un Eldorado et de châteaux en Espagne.

Un flux migratoire qui généra un appel d’air frais qui ne tarda pas à entrainer dans leur sillage, leurs compatriotes musulmans sur les mêmes chemins, celui de l’exil, de l’ahrig, de l’émigration clandestine, d’abord en qualité d’ouvriers non qualifiés, puis de cadres et de compétences.

Les familles se retrouvèrent dispersées au gré du pain, d’un meilleur lendemain, les étudiants ne revenaient plus au pays, même pas pour les vacances estivales.

Les foyers n’étaient plus que cendres dispersées par les vents.

Restait Jacques, cet impassible fan de mots croisés, qui ne se séparait jamais de journaux qu’il lisait à peine et qui n’avaient de valeur à ses yeux, que par les grilles qu’ils comportaient. Ces journaux qui ne portaient aucune analyse et rapportaient des faits divers pour meubler des mémorables articles sans consistance.

Ces grilles de mots croisés qui aidaient à tuer le temps dans les salles d’attente de capricieuses administrations entre des rendez-vous souvent remis au lendemain. Il savait qu’il finirait par avoir gain de cause, que la patience et la persévérance sauraient être récompensées.

Le temps, il en avait, lui, à revendre, mais il s’inquiétait pour le pays et ses compatriotes, car chaque jour de perdu, retardait le développement espéré, paralysait les projets en cours, immobilisait les capitaux engagés, freinait leur circulation, réduisait les recettes fiscales escomptables, gelait la croissance.

Les autorisations tardaient à être accordées, malgré les discours, portant dahir, limitant les délais de réponse de l’administration, délais au delà desquels les demandes étaient considérées comme recevables et autorisées et ce en l’absence de réponse de l’administration dans les délais impartis.

Obtenir gain de cause à l’usure, sans créer de vagues, ni risquer de faire face à des mesures de rétorsion, c’était sa philosophie.

Ne pas créer de vagues, jeûner partiellement le ramadan, s’autorisant discrètement à quelques gorgées d’eau pour étancher sa soif en plein été, il vantait les bienfaits d’un changement temporaire de régime alimentaire sur sa santé, malgré les valves cardiaques qui, selon lui, cliquetaient dans sa poitrine dans le silence de la nuit, retardant son sommeil.

Un ami qui a entrepris son dernier voyage, pour être enterré au Maroc, parmi les siens, dans cette terre qui l’a vu naitre, fonder une famille et vu ses enfants suivre leurs destins ailleurs au Canada et à la Réunion …

Paix à son âme …
b
25 décembre 2019 07:20
Il s’installa au Yabi-café, au second rang, à l’abri du soleil hivernal qui resplendissait. Le lourd silence présent, n’était pas celui de la torpeur estivale, ni celui du farniente méditerranéen, car chacun s’activait religieusement, s’agitait, les yeux rivés sur le téléphone portable.

Les oreilles distraites par les écouteurs étaient devenues assurément sourdes, même à l’appel du muezzin.

Le wifi avait envahi l’éther, l’espace et le temps, avec son déluge d’informations sans forme. Le ludique distractif s’épanouissait et déployait son emprise. Les nouveaux arrivants, sitôt attablés passaient commande à la serveuse qui leur apportait sur un plateau, le fameux password devenu vital.

Accaparer l’attention, le wifi dressait le chapiteau, charmeur, il offrait des croisières gratuites, pour des voyages dans des contrées virtuelles, pour des destinations pas toujours recommandables : un nouvel opium du peuple, celui du foot de jadis mais aussi celui du streaming-dreaming les yeux grands ouverts éblouis. Il impactait, accoutumait tant il était addictif.

Quel impact aurait-il à long terme sur l’être humain, sur les sociétés et les générations futures ?

Déjà, la télévision avait été accusée par Nixon de créer des zombis, ailleurs aux USA ou en Russie, des enfants avaient tué leurs parents car ils s’étaient révolté contre l’interdiction parentale de se connecter.

Un wifi, désormais incontournable, qui imposait aux parents de préparer les nouvelles générations à gérer leur temps, leurs centres d’intérêts, à leur faire prévaloir une approche sélective encore plus stricte que celle qui accompagna le développement des chaines satellitaires du XXX.

S’adapter à l’évolution de l’environnement informationnel, concentrer les informations « utiles » et constructives sur des plateformes dédiées, constituera l’un des défis à relever dans un proche futur.

Jadis les critiques littéraires permettaient d’orienter, sans orient et de diriger les lectures vers le profitable, le pertinent.

Qu’en est-il aujourd’hui, avec les buzz en pétards mouillés, les frasques des stars du show-bizz ?

Les éditeurs comme les libraires se plaignent déjà du manque de lecteurs. Manque de lecteurs, mais aussi manque de bibliothèques, d’ouvrages spécialisés, techniques et scientifiques dans les pays sous-développés, hormis les quelques ouvrages de droit grand public

La maitrise de l’information façonnera le devenir des sociétés, des nations. Une tâche difficile impliquant une synergie entre parents, éducation nationale, enseignants, universités, médias, pourvoyeurs de contenus et de ligne éditoriale, etc. …

Apprendre à apprendre, à aller à l’instructif, au profitable, à l’essentiel …

To be or not to be … That is the question …

Pourquoi le Yabi-café semble désert, connait-il la même crise que celle de 2M, alors que l’on peut se passer de wifi, pour partager ?

Bye …
b
26 décembre 2019 11:16
Les fourberies de Soltane Balima

Un curieux personnage que celui tout de blanc vêtu, à la chachiya rouge, semblable à celle caractéristique portée par les serviteurs du palais et autres parlementaires, portant avec un brin d’élégance un selham blanc, dont il tenait un pan avec sa main gauche, s’appuyant de la droite sur un long bordo.

Il marchait, majestueusement, cédant le trottoir au commun des mortels, lui préférant le voyant et visible côté droit de la route. Les effets de manche des avocats n’avaient plus aucun secret pour lui, pas plus que les effets de selham qu’il rejetait en arrière d’un geste ample quasi princier.

Il avançait le long de l’avenue Mohamed V, en direction du Tribunal de première instance, devenu depuis, siège du parlement. Derrière lui, se profilait la Mosquée en devenir et à sa droite, la longue enfilade d’immeubles appartenant à la société Balima le saluait.

Il se dirigea vers l’esplanade de l’hôtel Balima et prit place à une table qui ressemblait à s’y méprendre à celles de Yabi-café. Il n’avait pas besoin de commander, vu que le serveur en complice connaissait ses moindres habitudes.

Il était là, dans son repaire, à l’affut des nouveaux arrivants, ceux qui venaient du fin fond du bled, pour engager des procédures en Justice.

Aussitôt, le serveur s’écriait : « Moulay Soltane, au téléphone, le Président du Tribunal vous demande ».

Alors le Sultan se levait, doucement avec arrogance et se dirigeait vers le téléphone.

Les blédards fascinés par les apparences, pensant que le Soltane avait de solides introductions dans le Tribunal ne tardaient pas à rejoindre sa table, pour chercher conseil, espérer son intervention auprès du tribunal en leur faveur.

Tous finissaient par lui verser des sous, autre pot de thé, et en retour il satisfaisait leur désirs, à sa façon.
Celui qui désirait rencontrer un juge avait droit à une expédition et mise sur orbite par ascenseur au dernier étage d’un immeuble mitoyen à l’entrée bardée d’enseignes, de médecins, d’architectes, d’avocats.

Le Soltane de l’arnaque n’avait aucun complexe, son ingéniosité prêtait à rire. Il pouvait parcourir la campagne, se prétendant chargé de mission d’étude du tracé d’une autoroute, pour le compte du ministère de l’équipement et des travaux publics. Les fermiers et agriculteurs alors le couvraient de pots de thé, de sous, bien sonnants et trébuchants afin de faire dévier le tracé initial et éloigner ce dernier de leur propriété …

Le nombre de victimes de ses arnaques était tel qu’il finissait en garde à vue et en prison à maintes reprises et il répétait aux policiers : « Tant qu’il y aura des veaux, n’ayez crainte, je saurais survivre »

Finalement, il a été interdit de se vêtir de manière traditionnelle et makhzenienne, dépossédé de ses atours, vieillissant, il avait finalement revêtu la misère, celle crue sans vernis ni maquillage.

Plus de 600 000 arrestations en 2019, Soltane Balima a certainement fait des émules, Mais ce chiffre est alarmant, compte tenu du fait que bien des citoyens ne portent pas plainte pour des vols à la tire comme pour des agressions violentes ou des viols de la honte …
b
26 décembre 2019 14:34
Un écho et une avancée ?
Une pensée à Jacques, paix à son âme et aux mots croisés ...
[www.bladi.net]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 26/12/19 14:41 par blagueur.
*
28 décembre 2019 12:04
Cela fait déjà plusieurs jours que je suis revenue. Plusieurs jours que j’erre entre les murs du café, sans trouver l’inspiration nécessaire, pour écrire en cette fin d’année, où les préoccupations sont festives, des préoccupations que je trouve fades, insipides, qui ne m’inspirent rien, ou pas assez pour laisser courir ma plume. Pourtant les conversations vont bon train, chacun y mettant du sien, venu peindre le mur du café d’une couleur qui lui est propre, il y a là toute une palette allant d’un rose fuchsia atrocement criard où les filles s’amusent à se déguiser en passant par un bleu masculin et électrique rythmé par le bruit des pots d’échappement, pour finir dans un coin sombre, où certains prennent visiblement plaisir à broyer du noir, à ressasser toujours les mêmes sujets n’arrivant jamais à une conclusion satisfaisante, mais en ont-ils envie en même temps, rien n’est sûr …

Toutes ces couleurs étalées de façon brouillonne et confuse qui surprennent tant à l’ouverture de la porte du café, mais le plus surprenant est de se retrouver au beau milieu de cet étalage sans trouver une seule couleur qui nous corresponde.

Cling*

Je ressors d’entre ces murs, pour m’assoir dans la petite terrasse en face, un endroit clé pour voir sans participer, une plate-forme tampon, offrant un arrêt salutaire pour une arrivée comme pour un départ. L’heure est aux résolutions, alors autant réfléchir à celles qui changeront le 2020 …

A qui doit-on s’adresser pour les changements futurs ? question épineuse du jour, le concept du père Noël recevant une lettre de souhaits était puéril et original, mais il avait fermé boutique, jusqu’à l’année prochaine … Je ne pense pas non plus que ma lettre atterrissant sur le bureau de la DRH change quelque chose à ma vie, quoiqu’on peut toujours demander une augmentation, en s’appuyant sur les prévisions d’une horrible inflation résultat d’une crise économique sans précèdent... mais est-ce cela 2020 ? un nouveau joujou au prix indécent ? … Non, je fais fausse route, l’ambiance de ce café doit surement y être pour quelque chose, cette vision ridiculement réduite du futur, des souhaits et de l’avenir … les couleurs de ce café ne me conviennent pas, ne me ressemblent pas, ne me correspondent en rien, en même temps je ne suis pas là pour m’improviser peintre alors où chercher ?

Oublier le temps … où le suspendre pour l’empêcher de fuir, afin de se retrouver, voilà ce qu’il faut. Je règle donc mon café au goût amer et quitte cette terrasse, marchant au gré de mes pensées, dans ces ruelles pavées aux mille et une boules dorées suspendues, comme défiant la gravité. Des silhouettes frileuses se faufilant d’une boutique à l’autre, chargées de mets, et de bouteilles tintant au fond de leurs sacs. Ont-ils réfléchi à leurs résolutions ? ils semblent s’en moquer comme du dernier déluge, ou autant que ceux qui attendent la nouvelle année pour changer d’agenda, car sa couverture était sale et fanée … Cela aurait été tellement plus simple si le changement d’années s’arrêtait à celui des agendas … Je souris à cette idée farfelue en me disant au fond de moi que c’est probablement déjà le cas des 2/3 de la planète, tellement occupée dans son quotidien que la nouvelle année, n’était que l’équivalent d’une nouvelle écriture sur le tableau du jour.

S’arrêter au milieu de toute cette marée humaine qui nous emporte malgré nous, se poser et prendre le temps de regarder les couleurs du tableau de nos cœurs … voilà ce qu’il faut. Prise d’une impulsion je rentre dans une librairie et achète du papier à lettre et un stylo plume, puis me faufilant entre les silhouettes je trouve refuge dans un parc vide, sous un arbre, dont le banc à ses pieds me rappelle un souvenir lointain … Alors là inspirée, je commence à lui parler …
*
28 décembre 2019 12:15
Le regard perdu entre la grisaille d’un ciel de Décembre, et le vert sombre des feuilles hivernales persistantes, me rappelant que le vivant pouvait résister à toutes les intempéries … Je voulais tellement de choses, inaccessibles, intouchables, échappant à ma volonté, je rêvais comme chacun d’un monde meilleur, régit par la justice et l’équité, ne plus voir de guerres, de souffrance humaine, de destruction, et de jeux de pouvoir, de pays effondrés, déchirés, agonisants, de populations disloquées, sans toit et sans avenir, errant comme des fantômes humains dans les décombres de l’oubli … Je rêvais d’un monde où la famine n’existerait plus, où la maladie pourrait être soignée, les enfants sauvés, l’illettrisme combattu, la pauvreté éradiquée, le mal enseveli, la cupidité et l’égoïsme abolis. Où les mains seront tendues, sans attente de retour, où l’amour de Dieu et du prochain feront partie intégrante de notre savoir être, où la paix, as’salam serait le mot d’ordre et non pas seulement pour dire bonjour …

Dis papa, toi qui me connais si bien y a-t-il une limite à nos rêves ? Sauver le monde ou décrocher la lune … toi qui m’a maintes fois écouté toute petite débiter un flot de babillement qui n’était compréhensible que de toi, de rêves aux couleurs d’enfant , toi qui me prenais dans tes bras quand j’avais peur, quand les cris des victimes, et les rafales de balles sifflaient dans le voisinage, et que je tremblais en écoutant la mort, la mort d’autrui … avant de subir la tienne … Je sais qu’aujourd’hui tu me dirais : il n’y a rien d’inaccessible, alors sauver le monde ou décrocher la lune, peu importe ma fille si par la, ta finalité et de te faire du bien et le propager autour de toi … oui il y aura un monde meilleur … j’y crois encore papa.

C’est ainsi que forte de ma grande résolution 2020, celle de devenir une personne meilleure, et de faire du bien autour de moi, je referme ma lettre à mon père, dont la voix résonnait sous cet arbre, un arbre et un endroit similaire qui abritaient sa tombe dans un lieu bien lointain, d’ici.

Je termine mes vœux en récitant al fatiha … afin de fermer symboliquement une page et en ouvrir une autre … Encore une nouvelle année qui se profile à l'horizon …

A toi papa, repose en paix ...

Ta fille qui t’aime.

Vous souhaitant à tous de trouver vos pas …



Modifié 2 fois. Dernière modification le 28/12/19 12:37 par Jade*.
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