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Grand Angle

Coronavirus et confinement : Quelles mesures pour les Marocains vivant avec le VIH

Si le confinement s’applique à tous les Marocains sans distinction, il impacte une partie des Marocains déjà victimes de stigmatisation, en l’occurrence ceux vivant avec le VIH. A l’heure où l’ONUSIDA a émis plusieurs recommandations aux pays dont le Maroc, les ONG nationales s’adaptent pour continuer à venir en aide à cette population vulnérable.

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Photo d'illustration. / DR
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Au Maroc, le confinement entame sa deuxième phase après avoir été prolongé, samedi, d’un mois supplémentaire. Dans ce contexte, associations et ministère de la Santé s’adaptent pour garantir un accès aux soins et au soutien aux personnes séropositives.

En effet, dès le début de cette pandémie, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) a émis nombre de recommandations pour continuer la lutte contre ce virus, tout en respectant les mesures de prévention mis en place par les Etats.

«Pour l’instant, le risque pour les personnes vivant avec le VIH d’être plus confrontées à des complications par rapport au Covid-19 n’a pas été démontré. Toutefois, les personnes qui n’ont pas accès au traitement et qui ont une plus faible immunité pourraient être impactées», nous déclare ce lundi Kamal Alami, directeur ONUSIDA-Maroc.

Traitements multi-mois et continuité de services recommandés par l’ONUSIDA

Le responsable rappelle ainsi que ce programme onusien destiné à coordonner l'action des agences spécialisées de l'ONU pour lutter contre la pandémie de VIH/Sida a recommandé des «traitements multi-mois» pour cette population, soit de «leur donner une dotation suffisante». «L’objectif est de leur permettre de suivre leur traitement à domicile pendant plusieurs mois, sans se rendre aux hôpitaux», nous explique-t-il. Cette mesure permet d’éviter que les malades rencontrent des difficultés à se procurer des traitements, tout en restant confinés autant que possible.

L’ONUSIDA a également recommandé «une continuité de service, tout en tenant compte du confinement», des programmes de prévention menés par les associations au profit des populations les plus exposés au VIH. Kamal Alami cite l’exemple des usagers des drogues injectables, qui bénéficient de traitement de substitution à la méthadone. «L’ONUSIDA a recommandé de leur donner un traitement pour plusieurs jours afin d’éviter qu’ils se déplacent quotidiennement dans les centres», ajoute-t-il.

Et de nous informer que le ministère de la Santé a repris les recommandations de l’ONUSIDA pour suggérer à d’assurer la dispensation sur des traitements antirétroviraux. «Des directives ont été émises aux centres régionaux pour qu’ils donnent un traitement suffisant. Cela est aussi valable pour le traitement de substitution à la méthadone», poursuit le directeur de l’ONUSIDA-Maroc.

«L’ONUSIDA a aussi insisté sur la question des droits de l’Homme pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation, en lien avec le VIH, surtout dans le contexte de cette pandémie qui génère elle-même une stigmatisation par rapport aux personnes touchées.»

Kamal Alami

Double précaution et isolement pour les personnes séropositives

Du côté des associations actives dans la lutte contre le VIH au Maroc, l’heure est à l’adaptation. «Nous vivons une situation particulière et difficile mais nous continuons à prodiguer des services médicaux et psychologiques aux personnes vivant avec le VIH», nous assure ce lundi le docteur Nadia Bezad, présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le Sida (OPALS).

Cette ONG a adopté un «rythme de travail différent», en optant pour des consultations «sur rendez-vous» au lieu des «consultations ouvertes». De plus, «le VIH étant une maladie chronique, les patients ont eu leur traitement pour trois mois, nous sommes en contact régulier avec eux et ils disposent des contacts de médecins référents en cas de problème», ajoute-t-elle.

La présidente de l’OPALS insiste sur l’aspect psychologique, assurant que ces patients «sont effrayés». «Si nous, séronégatifs, avons peur du Covid-19, ces personnes ont déjà le VIH et sont ainsi très vulnérables», rappelle-t-elle. 

«Nous avons fait des séances pour qu’ils se prennent en charge avec une double précaution. Ils devaient comprendre que le confinement est indispensable pour leur santé et celle de leurs familles et faire très attention. Nous préconisons le téléphone et les applications de messageries instantanées pour tenter de leur venir en aide.»

Nadia Bezad

Rappelant qu’il s’agit de «personnes qui ont besoin non seulement des rétroviraux mais aussi d’attention et de conseils pour être rassurés», elle pointe du doigt «l’isolement» de ces malades. «La majorité n’ont pas le RAMED et doivent garder l’anonymat. Ils sont mis à la marge car ils sont souffrants mais ne peuvent pas déclarer leur maladie, la société marocaine n’étant toujours pas capable d’accepter les personnes atteintes de SIDA», conclut-elle.

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