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Grand Angle

Maroc-Espagne : Deux commissariats conjoints à Tanger et Algésiras

Le Maroc et l’Espagne planifient l’ouverture, en mai, de deux postes de police conjoints à Tanger et Algésiras. Cette coopération policière vie à renforcer la coopération sécuritaire des deux pays dans le cadre de leur politique de voisinage.

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Joan Fernandez Diaz ministre espagnol de l'Intérieur (gauche) et son homologue marocain, Mohamed Laenser (droite)
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Les relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc se poursuivent. La visite du ministre espagnol de l’Intérieur, Joan Fernandez Diaz, auprès de son homologue marocain, Mohamed Laenser, lundi 27 février, a débouché sur le renforcement de la coopération policière entre les deux pays. «Nous avons convenu de mettre en place au mois de mai prochain deux centres de police conjoints à Tanger et à Algesiras», a affirmé le ministre marocain, assurant que les détails techniques relatifs au fonctionnement de ces deux centres seront examinés par le groupe de travail formé à cet effet.

Selon M. Laenser, l’ouverture de ces deux centres témoigne de «l'entente parfaite et la confiance absolue» entre les deux pays. «Les chefs de gouvernement espagnols effectuent traditionnellement leur première visite hors d'Espagne au Maroc, ce qui témoigne du niveau des bonnes relations entre les deux pays», a-t-il ajouté.

Hausse de l'immigration clandestine en Espagne

Au cœur de ces dispositions : l’immigration clandestine. Encore aujourd'hui, le détroit de Gibraltar reste un lieu de passage pour les migrants marocains et subsahariens venus de toutes les régions d’Afrique qui essaient de traverser illégalement vers l'Espagne. «Nous reconnaissons l’effort que le Maroc déployés pour prévenir la migration irrégulière, et nous le remercions : l'Espagne ne pouvait pas faire face à un problème de cette nature, par cela la coopération du Maroc est pour nous indispensable», a dit M Diaz, à la RTVE.

Selon les dernières statistiques, le nombre d’immigrants clandestins, en Espagne, est passé à 5 443 personnes en 2011 contre 3562 l’année précédente, soit une augmentation de 52,8%. En outre, Sebta et Melilla ont enregistré, en 2011, 3 345 arrivées clandestines soit le double de l’année précédente. Une rupture nette, puisque durant les quatre années qui ont précédé l’année 2010, la tendance était décroissante.

Le dispositif policier prochainement fonctionnel, permettra de renforcer les systèmes de lutte contre les traversées clandestines. Les ministres marocain et espagnol se sont engagés «à privilégier une approche globale et intégrée dans le respect des droits et de la dignité des émigrés» en ce qui concerne la gestion des flux migratoires.

Les deux commissariat conjoints visent également à lutter contre le trafic de drogue et la menace terroriste d'AQMI. «Nous voulons renforcer la lutte anti-terroriste dans la région sahélo-saharienne. Une réunion entre des responsables sécuritaires des deux pays se tiendra en octobre au Maroc», a déclaré M Diaz.

A qui l’avantage ?

A regarder à cette progression de la collaboration policière entre le Maroc et l’Espagne, la question qui subsiste est : à qui bénéficieront ces deux centres de police ? Pour M. Darif, «cette collaboration policière profitera aux deux pays. On voit que les dirigeants espagnols font toujours leur première sortie officielle au Maroc. C’est devenu comme une tradition. Cela démontre le rôle du Maroc dans les stratégies de l’Espagne. Les responsables espagnols pensent que le la sécurité de l’Espagne commence au Maroc». 

Cependant, c’est du Maroc que viennent ceux qui passent la mer clandestinement pour atteindre la côte espagnole, du Maroc encore que les trafiquants de drogue viennent pour aller dans le pays voisin. L'émigration qui transite par le Maroc ou des Marocains eux mêmes n'est donc pas un problème pour le Maroc, c'est celui de l'Espagne. L'augmentation très forte du nombre d'entrées clandestines sur le territoire espagnol est difficilement supportable politiquement dans un contexte socio-économique très tendu. Le taux de chômage en Espagne était de 22,9% de la population active, en décembre 2011, selon Eurostat.

Pour Mehdi Lahlou, professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée spécialiste des migration au Maghreb et en Afrique, l’octroi au Maroc de statut avancé par l’UE est, d’une part, une forme de remerciement pour «son engagement en faveur des attentes des Européens en matière de politique migratoire» et, d’autre part, conditionné à la pérennisation de cette politique de collaboration active, expliquait-il à Yabiladi

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