Yabiladi.com : Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Omar Saghi : Je suis Marocain et je suis né à Rabat. J’ai fait mes études supérieures en France et je suis diplômé de l’Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Paris. J’y ai enseigné parallèlement pendant la réalisation de ma thèse de doctorat.
Vous vous êtes rendu à la Mecque dans le cadre de vos recherches. Comment s’est déroulée cette expérience que vous avez par la suite consignée par écrit ?
J’ai accompli ce voyage plusieurs fois. J’ai été quatre fois en Arabie Saoudite pour mener un travail sociologique. Pas seulement à la Mecque, je me suis rendu en outre à Riyad et dans d’autres villes. Il m’est arrivé de suivre les pèlerins avec l’agence de voyages ou d’interroger soit des fonctionnaires saoudiens soit des personnes qui travaillent dans des agences de voyages par exemple. Mon travail se situe à un carrefour entre les observations faites par les pèlerins, les miennes ainsi que les entretiens avec des agents ou fonctionnaires d’autorité publique.
Quelle est la typologie des pèlerins musulmans Franco-maghrébins?
Dans le livre, je parle de quatre types de pèlerins. Il existe deux types particuliers qu’il faut souligner. Ceux que j’appelle tout d’abord les vieux pèlerins. L’aspect générationnel entre ici en compte. Il s’agit de personnes du 3e âge qui vivent entre la France et l’Afrique du Nord, qui sont des retraités du secteur secondaire. Leur pèlerinage est à caractère traditionnel dans le sens où ils considèrent qu’aller à la Mecque c’est ce qu’on fait après la vie active, après avoir travaillé toute une vie et élevé ses enfants.
Nous avons en second lieu les jeunes pèlerins qui ont entre 20 et 30 ans et qui sont des actifs travaillant dans le secteur tertiaire. Lors de leurs vacances ou de leurs Réductions du Temps de Travail (RTT), ils choisissent d’accomplir ce pilier de l’Islam. Et là, nous sommes vraiment dans une subversion de l’aspect classique du pèlerinage. Ce sont eux, qui introduisent, entre autres, des éléments de «touristisation» du pèlerinage. Ce sont des jeunes habitués à voyager, à réserver des chambres dans des hôtels, ils sont beaucoup plus vindicatifs quand ils rencontrent des problèmes avec les agences de voyages par exemple. Ils sont tout bonnement beaucoup plus professionnels dans leur consommation du pèlerinage.
Au total, ils sont environ 25 000 pèlerins provenant de France et 45 % de la population Franco-maghrébine est féminine.