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Grand Angle

Renault Tanger : Un danger pour le « Made in France » ?

Alors que le débat sur la désindustrialisation bat son plein en France, Renault inaugure ce jeudi à Tanger, en présence du roi marocain, une nouvelle usine dédiée au développement de sa gamme de véhicules low cost. Les politiques, complètement retournés, collent de vives critiques à la stratégie du géant français de l’automobile. Une stratégie qui, selon eux, remet en question le «Made in France».

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Temps de lecture: 3'

A Tanger, ce jeudi en fin d’après-midi, aura lieu l’inauguration de la nouvelle usine du groupe Renault destinée au développement de sa gamme de véhicules low cost. Si le Royaume du Maroc accueille ce projet avec beaucoup d’enthousiasme, en France, ce n’est pas la joie.

«Une politique qui ne profitera pas aux Marocains»

«Renault et M.Ghosn organisent une production qui ne profitera même pas aux Marocains… et encouragera la misère en France» déclare avec certitude, sur Canal+, le leader du parti Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan. «Si cette usine au Maroc était destinée au marché du Maghreb, au marché africain, ça ne me choquerait pas, explique le député de l'Essonne. Ce qui me choque c’est que c’est une usine perdant-perdant : pour les Marocains car c’est sur une zone franche – Renault ne va pas payer d’impôt sur les sociétés pendant 5 ans –, et perdant pour les Français car cette usine est destinée à réimporter 90% des voitures sur le marché européen et principalement sur le marché français», s’est-il indigné en direct sur Radio RMC jeudi matin. En effet, seulement 10% de la production de cette usine sera destinée au marché marocain, maghrébin et du Moyen-Orient.

M.Dupont-Aignan a crié au «scandale d’Etat» et demande l’ouverture d’une enquête. «Alors que le déficit commercial français bat tous les records et que le "produire français" est à la bouche de tous les candidats à la présidentielle, cette inauguration démasque le double discours du gouvernement», dénonce-t-il.

Dans cette même lancée le FN intervient. Au sujet de l’inauguration de Renault Tanger, au FN, on crie aussi au scandale, rapporte Le Parisien. C’est «un véritable scandale», lance le numéro 2 du parti, Louis Aliot. «On devrait empêcher un grand groupe français d'avoir cette politique de mondialisation à outrance, qui fait qu'aujourd'hui, ce sont des ouvriers français qui sont au chômage», assure-t-il. Pour lui, Renault à Tanger, «c'est l'exemple de l'aberration de ce système ultra-libéral…système absolument fou».

«Erreur stratégique»

Pour Dominique de Villepin, il s’agit purement et simplement d’une «erreur stratégique» de la part de Renault. «Cette course au low cost, nous ne la gagnerons pas. Si on ne monte pas en gamme, on ne peut pas trouver d'espace», a-t-il martelé. De Villepin est «inquiet pour Renault». L’ancien premier ministre ne fait pas que critiquer. Il propose : «Il faut changer l'économie française et l'industrie française d'orientation…la spécialiser, l'élever en gamme».

Ce jeudi matin sur LCI, le sénateur UMP Gérard Larcher s’exprime : «J'ai envie que Renault produise aussi en France, à Douai comme en vallée de Seine, j'ai aussi envie que Renault travaille avec des sous-traitants français». C’est «une des responsabilités sociétales, sociales» de Renault, a-t-il ajouté. Propos rapportés par Le Monde.

Ghosn se défend

Quelques heures avant la fameuse inauguration du site industriel tangérois de Renault, le PDG du constructeur français a réagi sur RTL. La fabrication massive de véhicules au Maroc «n’est pas quelque chose qui se fait au détriment de la France, [mais] qui vient au contraire s'ajouter à la charge de travail en France (...) dans nos ingénieries, dans nos usines moteur, au niveau de nos fournisseurs. Et en même temps, nous localisons en France des produits à plus haute valeur ajoutée comme les voitures électriques, les batteries», a-t-il déclaré, annonçant l'ouverture d'une nouvelle usine de batteries en France avec le ministre de l’industrie.

Le PDG de Renault a justifié le choix de la côte nordique marocaine pour les constructions de la marque. «Toutes les productions de l'usine de Tanger sont des productions que nous qualifions de +low cost+ (...) donc il fallait aller dans des pays dans lesquels il y avait d'un côté une main d'oeuvre abondante, qualifiée, et aussi des coûts extrêmement compétitifs», a-t-il expliqué. Pour être compétitifs ces coûts le sont vraiment, avec 240 euros de salaire mensuel, contre 450 en Roumanie et 1 800 en France. En plus, Renault bénéficie au Maroc d’importants avantages fiscaux.

Trouver un équilibre

Renault est confiant, mais les syndicats émettent des réserves rapporte le site Estrepublicain.fr. Selon le délégué central de la Confédération générale du Travail (CGT), Fabien Gâche, il ne faut «pas tout rapatrier en France mais trouver un équilibre des volumes de production entre les différents sites industriels en Europe». Les cadres aussi, à travers la CFE-CGC, conseillent un équilibre entre véhicules d’entrée de gamme, produits à l’étranger, et voitures provenant des bases françaises.

Qu’à cela ne tienne, pour le constructeur automobile français, il n’y aurait pas de soucis à se faire. Le directeur général délégué de Renault, Carlos Tavarès, estime que la future production de véhicules par Renault au Maroc va générer de l'activité en France, selon Le JDD. «La fabrication de voitures à Tanger rapportera 800 euros à la France» par voiture produite, «parce qu'il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France, où sera aussi réalisé 400 euros d'ingénierie» a-t-il expliqué lors d'une audition au Sénat.

Quoi qu’il en soit, les autorités marocaines voient en ce projet, l’occasion de promouvoir un secteur (celui de l’automobile), longtemps resté dans l’ombre du fait du manque d’infrastructures. Il a ainsi financé la construction d’un centre de formation dédié aux ouvriers de Renault Tanger.

R21Break
Auteur : Filali099
Date : le 09 février 2012 à 19h56
Salam alaykoum,,

Renault au Maroc, Scandale en France (ah bon!)

Quand Renault produit en Roumanie ou Citroen en Chine , quelqu'un à entendu ce vacarme médiatique...Non!!!
Le salaire de base est de 240euros net mais dans une voiture que représente le coût de la Main d'oeuvre dans le prix final de vente --->peanuts à mon sens et personne ne le sait à vrai dire...
L'etat est actionnaire à 15% (argent public, ect) mais on oublie de rappeler qu'à la fin de l'année, le pays touche des dividendes ...
Si l’État français ou le made in France était si attractif pour produire des voitures par exemple alors pourquoi aucun constructeur mondial (hormis Toyota Valenciennes) n'est implanté dans notre douce France...

Chauvinisme quand tu nous tiens...

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