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Grand Angle

Nabil Sebti : L’étudiant marocain qui a fait trembler Claude Guéant

Nabil Sebti est le jeune Marocain de 25 ans engagé comme porte parole du Collectif du 31 mai en opposition à la circulaire Guéant. Par orgueil, parce qu’il a refusé de se laisser régulariser comme on se fait acheter, il est retourné dans sa famille, à Casablanca. Retour sur une aventure hors du commun.

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Temps de lecture: 4'

Le rendez-vous avec Nabil Sebti est donné dans un café huppé du boulevard d’Anfa à Casablanca. Le jeune homme est installé sur la terrasse, en train de fumer une cigarette, face au soleil, fixant le ciel. Il porte un costume sombre avec une cravate rouge. Il vient de sortir d’un entretien d’embauche avec un grand cabinet de conseil casablancais. Première surprise : Nabil Sebti paraît plus âgé que 25 ans. De petites rides marquent le coin de ses yeux. «J’ai toujours fait plus vieux, parce que je suis grand et que j’ai de la barbe», lance-t-il en riant. Nabil est même très grand : 1m 95.

Après avoir passé près de huit ans en France, 3 ans de classes prépas puis 4 ans à l’école de commerce parisienne HEC, créé deux entreprises, un cabinet de conseil et une start-up spécialisée dans les applications pour les sorties culturelles, Nabil Sebti est rentré au Maroc début décembre 2011. Un retour précipité par la circulaire Guéant dont il est l’une des nombreuses victimes. La circulaire controversée émise en mai 2011 limitait drastiquement l’embauche des étudiants étrangers à un travail en France.

Diplômé d’HEC et clandestin

Des étudiants étrangers, dont Nabil, créent alors le Collectif du 31 mai, en septembre 2011, pour demander le retrait pur et simple de la circulaire. Nabil et ses compagnons mettent sur pied une stratégie de communication ingénieuse. Tout ce que ces étudiants ont appris en matière de communication dans les bancs des grandes écoles et des universités françaises va très vite se retourner, comme un effet boomerang, contre le gouvernement français.

«Si on se présente comme étranger et qu’on dit que nos droits sont bafoués, on ne trouvera jamais d’échos auprès de la presse. Par contre, si on joue sur l’affect et l’émotion, on a plus de chance. J’axe donc mon discours lors de mes interventions médiatiques sur «j’ai fait HEC et je suis clandestin», parce que dans la tête d’un français lambda, c’est une relation impossible. Il se dit qu’il y a un souci quelque part, que ce n’est pas logique et par conséquent ça l’émeut», explique-t-il. C’est ainsi que le jeune homme devient le porte-parole du Collectif du 31 mai.

Cette stratégie de communication porte très vite ses fruits. Le combat du Collectif fait les gros titres dans la presse française et internationale. Pour Nabil, viennent les invitations aux émissions de TV. Il se rend également dans les grandes institutions parisiennes. «On a été reçu à l’Elysée par le Conseiller de Nicolas Sarkozy à la recherche et par l’adjoint de son cabinet. D’ailleurs pour l’anecdote, lorsque je suis rentré à l’Elysée, c’était avec un titre de séjour périmé, à l’Assemblée Nationale et au Sénat aussi !», s’amuse-t-il en écrasant une fin de cigarette dans le cendrier.

Le Voltaire marocain

Sous l’ironie, Nabil dévoile son amour pour la France et sa démocratie. Il cite tantôt Albert Camus, tantôt Voltaire. «Je le dis souvent à mes amis français, la richesse que vous avez, ce n’est pas vos bâtiments mais votre liberté d’expression et moi aujourd’hui j’en jouis», ajoute-t-il en rallumant une autre cigarette. Cette France pour laquelle il a une admiration incommensurable va lui fermer la porte au nez.

Il quitte le pays non pas par obligation mais par fierté. «Un jour la préfecture du 6e arrondissement m’appelle. On me dit «Bonjour M. Sebti, je vous appelle suite à votre demande de statut, j’aimerais qu’on fixe un rendez-vous». La personne finit par m’avouer qu’elle a reçu des instructions ministérielles pour régulariser ma situation. Je lui mens en lui disant que j’ai décidé de rentrer définitivement chez moi et que j’ai déjà pris mon billet d’avion», explique Nabil.

Le jeune homme n’a pas d’autre choix que de précipiter son retour vers le Maroc. «Oui c’est vrai, il y a de la fierté dedans !», lâche-t-il. «Du moment où j’acceptais cette régularisation, c’est comme si je me mentais à moi-même et à tous les diplômés étrangers que je représentais dans le collectif. 

Ce qu’il a surtout du mal à digérer c’est d’avoir été formé dans un pays inculquant à ces étudiants des valeurs fondamentales comme le respect et la dignité et qu’au final, ce pays ne lui donne même pas la chance de faire valoir ses diplômes et ses compétences. Pourtant HEC a transformé sa manière de voir le monde. «Le jour où tu poses tes fesses sur les bancs d’HEC, on te forme pour changer le monde et à devenir un leader», raconte-t-il avec une petite étincelle dans les yeux.

 Case départ

Nabil a également du mal à comprendre le silence des autorités marocaines qui ne se sont jamais exprimées sur la circulaire Guéant. Elles n’ont jamais encouragé non plus le retour de ces jeunes cerveaux marocains au pays. «La moindre des choses, c’est de demander que l’on revienne», estime-t-il.

Aujourd’hui, Nabil Sebti habite chez ses parents pas très loin du Boulevard Massira à Casablanca. Il avoue parler rarement de son choix de retour avec ses parents, un sujet sensible à la maison. Il n’a pour le moment aucun revenu mais a une incroyable confiance en lui. Il pense à l’avenir faire montre de ses talents d’entrepreneurs.

Depuis son arrivée au pays, ses parents lui ont donné une somme de 2000 dirhams pour circuler et se payer sa bière au café la Cigale. Il n’a pas accepté plus. «Il faut que je reconstruise tout depuis le zéro pour payer mes dettes car j’ai un prêt d’étudiant à rembourser et c’est beaucoup d’argent. C’est vrai je n’ai jamais manqué de rien dans ma vie ; mes parents gagnent bien leur vie mais pas suffisamment pour payer les frais d’une scolarité à HEC et en plus celles de mon petit frère et petite sœur», déclare-t-il, en desserrant sa cravate.

Aujourd’hui, Nabil est régulièrement invité à prendre la parole pour raconter son parcours dans les grandes écoles marocaines et dans des conférences. Il rencontre beaucoup de monde, mais n’a pas de petite amie. «Les filles, ça n’a jamais été une priorité. Surtout au Maroc, c’est encore plus difficile de s’engager», lâche-t-il. L’entretien est soudainement interrompu par un SMS qu’il vient de recevoir. Il s’agit de sa mère qui s’inquiète de ne pas le voir rentrer et de le presser de rentrer pour le déjeuner.

merci Georges
Auteur : abdo447
Date : le 06 février 2012 à 11h55
nabil a pris une décision egoiste, il avait une promesse d'embauche en france à plus de 400.000 dhs/an ( au maroc si jamais il trouve un bolo , il ne dépassera guerre 150.000 DHS Par An !!!) pas suffisant pour vivre et rembourser son Emprunt!

et puis comme tu le dis, le Maroc est un pays du FLOU et de l’ambiguïté , les discours genre "Bienvenu dans ton pays " c'est vraiment de la littérature !!!!

si demain nabil tombe malade , il va affronter la dure réalité des "Hôpitaux Cimetière" au Maroc !!!
En réponse à georges : Il n'y a pas que la France pour choisir le lieu sa vie
Auteur : berhoc
Date : le 06 février 2012 à 11h45
Pour lui le Maroc est largement mieux que la France.
Au Maroc il n'y a pas du flou comme tu essaies de dire.
Nabil est maintenant sans ressources mais demain il aura son emploi qui sera meilleur qu'en France.
Il faut comprendre que l'immigration ne doit pas être conçue comme un objectif en soi.
C'est un choix personnel qu'il faut respecter. La France n'est pas le meilleur choix pour tout le monde.
Ce n'est pas le seul exemple, il y a plusieurs personnes qui ont choisi leur pays et ils vivent maintenant mieux que certains qui ont choisi de rester en France,c 'est la réalité.
Avec ce genre de diplôme, on vit très bien au Maroc.
Mais c'est homme à saluer et à encourager, je le répète et je le répète.
Il faut arrêter ce raisonnement :
"Si la France refuse de faire des papiers, elle a raison vu qu'il y a de la crise, donc il faut rentrer au Maroc pour construire le pays. Et si on refuse de vivre en France pour justement construire notre pays, il n'a pas raison vu qu'en Maroc qu'il y a rien" Arrêtez ce jeu s'il vous plaît dont le but est simplement de ternir l'image du Maroc et embellir celle de la France ! On ne peut pas comparer comme 2 pays, cela dépend du choix de chaque personne;


Dernière modification le 06/02/2012 12:06
Hommes
Auteur : ElChamali
Date : le 06 février 2012 à 11h41
Au contraire, il a pris une décision d'homme.
Il préfère mettre son intelligence, et ses capacité de travail au service de son pays plutôt qu'être pris de haut par les nouveaux français;

Nos parents partaient pour de meilleures conditions de vie, était respectés et avaient des papiers comme préalable à leur immigration, etc....

De nos jours, les politiques méprisent les immigrants. Quand la situation l'exige il faut prendre les décisions dignes.

Ce garçon s'est d'abord respecté lui-même en de telles circonstances.
Garde espoir
Auteur : moba86
Date : le 06 février 2012 à 11h30
C'est possible de faire un bon projet au Maroc, mais ça va être un partout de combattant. En tout cas , bon courage pour la suite.
pas futé
Auteur : georges
Date : le 06 février 2012 à 11h24
ben moi j'aurais pris la carte et fait le choix entre le Maroc des promesses et du flou ou bien la france ou des milliers souhaitent travailler et il y a plethore de diplomes de l'afrique du nord dans l'educatio, la recherche ect ..
Ensuite avec des papiers français on peut facilement
integrer le Canda ou usa si le bonheur n'est pas sur place
alors je crois qu'il faut s'assoir sur son ego quelquefois et penser à ses parents qui ont subi des privations pour sortir
leurs enfants des etudes avec succes comme Nabil,
bref chacun voit midi a sa porte ...
Nabil est sans ressources , c'est debile !
Bien sur il ne sera jamais français , ni americain , ni anglais , car notre education fait de nous un gawry ,
ailleurs , selon notre premiere education , mode de vie,
cela n'a rien de mal c'est un plus .
Il y a 60ans les Marocains ont choisi leur voie .
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