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Grand Angle

Maroc : Titre de séjour obligatoire pour acheter un ticket d’autocar pour les Subsahariens

Ce mois d’octobre, certaines agences de transport ont indiqué, dans des notes affichées, que tout ressortissant subsaharien désireux d’acheter un billet devra prouver qu’il séjourne régulièrement au Maroc, surtout s’il se rend dans des villes du nord. L’usage ne serait pas nouveau, mais il aurait été formalisé par une réunion des transporteurs.

Publié
Gare routière Kamra à Rabat / Ph. DR.
Temps de lecture: 4'

A la gare routière Kamra de Rabat, les ressortissants subsahariens sont sous le choc. Quiconque parmi eux souhaitant se rendre dans des villes du nord du pays devra justifier la validité de son séjour au Maroc, en présentant ses documents au guichetier. C’est le cas pour Aimée Lokaké, présidente de la Communauté congolaise au Maroc, vivant dans la capitale et qui s’est confrontée à cette procédure pour se déplacer à Tanger.

A la suite des faits, la militante a alerté que nombre d’agences de transport routier à Kamra affichent une annonce dans ce sens. Voyageant avec la CTM, elle s’est dite choquée de lire qu’«il est strictement interdit de vendre des billets CTM au Africains (sic) qui ne justifient pas une résidence ou un passage régulier au Maroc, surtout vers les destinations Nord et Sud du Maroc : Tanger, Tétouan, Al Hoceïma, Nador, Oujda et Laâyoune».

«Nous étions neuf femmes à acheter nos billets. Au guichet, l’agent de la CTM nous a demandé nos titres de séjour. J’ai refusé de le fournir en lui disant que s’il ne voulait pas me vendre un billet, j’irais l’acheter ailleurs», nous confie Aimée Lokaké. Les neuf passagères étaient de la République démocratique du Congo, de Congo-Brazzaville, du Tchad, de Côte-d’Ivoire et de Guinée, toutes avec des titres de séjour valides.

«J’ai finalement eu mon billet sans présenter de document, mais à l’entrée de l’autocar, un contrôleur a demandé lui aussi à voir nos titres de séjour», ajoute-t-elle. La militante dénonce ainsi une «mesure raciste [qui] vise les Subsahariens». «Un ressortissant belge et des Syriens n’ont pas subi ce contrôle, contrairement aux Subsahariennes que nous sommes», s’indigne-t-elle.

Aimée Lokaké rappelle avoir contesté la demande du contrôleur en lui signifiant qu’il n’était «ni un policier ni un agent d’autorité pour se donner le droit de vérifier les identités». «Nous avons fini par présenter nos titres de séjour pour monter» à bord, raconte-t-elle encore, en décrivant des passagers choqués, notamment les étrangers qui ne se sont pas faits contrôler, mais qui ne pouvaient pas réagir.

Les agences d’autocar auxiliaires du contrôle aux frontières ?

«Au moment du pointage, les chargés de clientèle doivent vérifier les papiers à cette catégorie de voyageurs et interdire aux immigrés clandestins qui restent dans le Maroc de manière illégale de monter dans les autocars», lit-on dans la suite de l’annonce. Elle est affichée dans certaines agences de la CTM, mais pas dans d’autres, comme nous avons pu constater. Si toutes n’affichent pas cet avis, elles expliquent en tout cas avoir reçu des instructions pour refuser la vente de tickets aux Subsahariens qui ne présenteraient pas leur carte de séjour.

«Une note d’information nous a été transmise par l’administration de la CTM, selon laquelle nous devons demander aux ressortissants étrangers de justifier leur séjour au Maroc, s’il y a des soupçons qu’ils pourraient traverser vers l’Europe.»

Un agent de la CTM à Taza

A Nador, ses collègues sont intransigeants. «Pour des destinations à l’intérieur du pays, nous n’exigeons pas des ressortissants subsahariens de justifier leur séjour. Cependant, s’ils veulent voyager vers des villes proches des frontières européennes, nous ne pouvons pas leur vendre de ticket s’ils ne fournissent pas leur titre de séjour, car ils risquent de passer à Melilla ou Ceuta depuis Nador ou Tétouan. Comme ça s’ils veulent s’y rendre, ils peuvent y aller à pieds et à ce moment-là, ce sera la police qui les arrêtera», déclare un agent de la CTM à Nador.

Président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans la ville, Omar Naji dénonce ces mesures en rappelant que «c’est à la police de vérifier l’identité des gens et non pas aux agences de transport et à leurs salariés». «Nous observons ces usages depuis au moins une année, au niveau de Nador et pour différentes entreprises de transport routier, alors qu’aucune loi n’oblige les voyageurs à fournir des documents d’identité pour circuler à l’intérieur du pays», affirme-t-il auprès de Yabiladi. Et de fustiger une forme de «sous-traitance du travail des autorités».

Selon d’autres agents de la CTM à Nador, «la police embarque le conducteur au commissariat pour signer le procès-verbal, au cas où des migrants parmi les voyageurs n’ont pas leurs papiers, comme si les chauffeurs commettaient une contravention en conduisant ces personnes», ajoute encore Omar Naji. Contacté par Yabiladi, la CTM n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Un document de la Direction du Transport, de la logistique et de l’eau à Laâyoune indique que cette mesure donne suite à des instructions du Wali de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra pour «contrer le phénomène des migrants clandestins» (sic) avec l’implication active des sociétés de transport. Lors de cette réunion dont le procès-verbal a fuité, «le directeur provincial [des transports] a affirmé que les transporteurs doivent coordonner avec leurs directions centrales pour donner leurs instructions à leurs agences du nord, afin de ne pas accepter de transporter des migrants clandestins qui ne présentent pas de titres de séjour».

Selon la même source, «les agences qui ne se plient pas au consignes s’exposent à des pénalités, pouvant arriver à la saisie» et la CTM n’est pas la seule concernée. En effet, des représentants de Supratours, SATAS, SAT, Express Sahara et Noujoum Sahara ont été également présents lors de ladite réunion.

Pour Omar Naji, «les autorités marocaines doivent assumer leurs responsabilités au lieu de se cacher derrière un PV de réunion pour ne pas avoir à justifier une mesure raciste, surtout que ce document n’a aucune valeur juridique». «Si le gouvernement veut véritablement assumer ses responsabilités en mettant en place un processus de vérification au faciès, il peut formaliser les choses en diffusant une circulaire, pour qu’elle soit attaquable en bonne et due forme», conclut le militant.

Article modifié le 30/10/2019 à 19h38

KarimCasa75
Date : le 31 octobre 2019 à 14h13
Question principe de droits marocain, ils n'ont rien a faire sur le territoire marocain sans papiers. Donc, ils doivent etre expulses. Sur les principaux ronds-points de Casa et d'ailleurs, ils chassent les mendiants marocains pour s'accaparer la position et quemander de l'argent aux automobilistes et ils le font par groupe d'une dizaine de personnes a chaque fois. Le nombre est une pression psychologique sur le conducteur. Ce probleme doit etre pris a bras le corps par les autorites marocaines. Si le Maroc continue a devenir un point de passage de l'emigration africaine en Europe, il faut s'attendre a une aggravation du phenomeme. Rien que le Nigeria frolera un demi-milliard d'habitants dans 30 ans.
Citation
aladin4617 à écrit:
les africains sont nos freres. leur volonté de partir en europe n’est pas notre problème (ils aspirent a une meilleur vie comme tt le monde). c’est le pb des européens, pas le notre. ils payent pour les empêcher de passer notre pb c’est qu’il ny ai pas de voyous chez nous. de là à ce qu’on demande un titre de séjour pour acheter un ticket, c’est qu’on est descendu trop bas. en tant que marocain je suis outré qu’on se comporte comme ça avec nos cousins d’ailleurs les transporteur ne sont pas des policiers pour contrôler la validité des titres de séjour. enfin ce comportement est incompatible avec les principes et le droit marocain et est condannable
Hsoun 2
Date : le 30 octobre 2019 à 16h58
@ Aladin. Est-ce que les personnes détenteurs de cartes séjours en Europe peuvent accéder la fonction publique, ou à des emplois dit "sensibles" ? Bien sûr que non ! Certains sont également refoulés des boîtes de nuit.. Il s'agit ici de limiter les migrants clandestins qui se déplacent vers le Nord du pays. En lisant votre commentaire, ont s'aperçoit tout de suite que vous n'avez jamais mis les pieds au Maroc, ou très peu. Il suffit que nous essayons de résoudre un problème qui concerne l'immigration dans le pays pour être tout de suite taxé de raciste. Cette idée ne limite pas réellement leurs déplacements mais au moins nous avons le mérite de faire quelque chose pour les ralentirent un peu. Encore une fois, ceux qui sont en règles ont tout à fait le droit de se déplacer à travers le pays. Quand vous parlez de fraternité, je vous rappel que le gouvernement marocain a, à plusieurs reprises appelé ces migrants à faire leurs demandes de cartes séjours. Une majorité d'entre eux n'en veulent pas uniquement pour pouvoir rejoindre l'Eldorado européen. Apportez nous des solutions, au lieu de jeter le blâme sur toute une population.
Citation
aladin4617 à écrit:
les africains sont nos freres. leur volonté de partir en europe n’est pas notre problème (ils aspirent a une meilleur vie comme tt le monde). c’est le pb des européens, pas le notre. ils payent pour les empêcher de passer notre pb c’est qu’il ny ai pas de voyous chez nous. de là à ce qu’on demande un titre de séjour pour acheter un ticket, c’est qu’on est descendu trop bas. en tant que marocain je suis outré qu’on se comporte comme ça avec nos cousins d’ailleurs les transporteur ne sont pas des policiers pour contrôler la validité des titres de séjour. enfin ce comportement est incompatible avec les principes et le droit marocain et est condannable
aladin4617
Date : le 30 octobre 2019 à 02h40
les africains sont nos freres. leur volonté de partir en europe n’est pas notre problème (ils aspirent a une meilleur vie comme tt le monde). c’est le pb des européens, pas le notre. ils payent pour les empêcher de passer notre pb c’est qu’il ny ai pas de voyous chez nous. de là à ce qu’on demande un titre de séjour pour acheter un ticket, c’est qu’on est descendu trop bas. en tant que marocain je suis outré qu’on se comporte comme ça avec nos cousins d’ailleurs les transporteur ne sont pas des policiers pour contrôler la validité des titres de séjour. enfin ce comportement est incompatible avec les principes et le droit marocain et est condannable
Dernière modification le 30/10/2019 02:39
Hsoun 2
Date : le 30 octobre 2019 à 01h03
Je ne vois pas où est le racisme dans cette histoire... Dans certains pays européen il y'a des endroits où les porteurs de cartes de séjours sont indésirables. Alors, qui s'en plaint ? Ces subsahariens deviennent très exigeants même quand ils sont dans l'illégalité.
safranlxyxy
Date : le 29 octobre 2019 à 19h55
Seulement voilà, des transporteurs peu scrupuleux, ou des camionneurs peuvent se charger de les transporter. C'est une porte ouverte pour aggraver la situation des subsahariens. Je pense qu'il faut trouver un moyen plus efficace et moins dégradant pour empêcher les subsahariens d'accéder à sebta et Melilia. Des marocains, des algériens, et des syriens cherchent eux aussi à regagner Sebta et Melilia.
HMIMID69
Date : le 29 octobre 2019 à 19h36
une bonne initiative de la par de CTM c'est vrai, pourquoi donc les subsahariens remonte vers le Nord du Maroc si ce n'est que d'attendre l'occasion pour traverser clandestinement vers l'Espagne pour que le Maroc se trouve complice.
Dernière modification le 31/10/2019 14:13
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