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Grand Angle

Santé : A Rabat, un centre communautaire self-care pour autonomiser les plus vulnérables

Le centre communautaire de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida entend promouvoir les soins auto-administrés pour responsabiliser et autonomiser les personnes vulnérables vis-à-vis de leur santé sexuelle et reproductive.

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Photo d'illustration. / DR
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«C’est un tournant dans le secteur de la santé au Maroc.» En lançant hier le premier centre communautaire de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida (OPALS) pour les soins auto-administrés (self-care) pour la santé sexuelle et reproductive (SSR), le Maroc devient «le premier pays en Afrique et dans le monde arabe à adopter les dernières recommandations de l’Organisation mondiale de la santé en termes de soins auto-administrés», nous dit Nadia Bezad, présidente de l’OPALS.

Par soins auto-administrés, l’OMS entend «la capacité des individus, des familles et des communautés à promouvoir la santé, à prévenir les maladies, à rester en bonne santé et à faire face aux maladies et aux handicaps avec ou sans l’appui d’un prestataire de soins de santé». «Fournir des soins personnels aux populations vulnérables implique un environnement sécurisé et favorable, ainsi que la garantie que des produits et des interventions de qualité sont disponibles en dehors des systèmes de santé officiels. Tout comme les soins de santé de haute qualité sont importants, les soins personnels de haute qualité le sont aussi», souligne l’institution onusienne.

C’est sur la base de ces recommandations que s’appuient les dispositions de ce centre communautaire, assure Nadia Bezad, qui veut centraliser en un même lieu les pratiques médicales liées à la santé sexuelle et reproductive : dépistage de maladies sexuellement transmissible (y compris le VIH avec des tests salivaires que l’individu peut effectuer lui-même), frottis et prescription de moyens contraceptifs pour les femmes, le tout gratuit. «Nous ciblons principalement les populations vulnérables qui ont des spécificités et des problèmes sociaux et psychologiques, notamment les migrant-e-s et les travailleuses du sexe, mais aussi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes atteintes du VIH, qui font souvent l’objet de discriminations», souligne la présidente de l’OPALS.

S’autonomiser en matière de contraception

Le centre communautaire a surtout pour objectif de «responsabiliser et d’autonomiser l’individu, plus particulièrement les femmes, vis-à-vis de leur santé». Dans le sillage de cette autonomisation, la structure veut mettre à disposition des contraceptifs longue durée, adaptés à la santé et à la situation de chacune, a contrario des contraceptifs courte durée que sont notamment les pilules – «il suffit qu’une femme oublie de la prendre une seule fois pour qu’il y ait risque de grossesse non désirée, avec toutes les conséquences que l’on sait». Nadia Bezad prend l’exemple des femmes migrantes : «au cours de leur parcours migratoire, elles n’ont pas accès à des moyens de contraception. Elles ont besoin de contraceptifs de moyenne à longue durée. Dans ce cas, les contraceptifs injectables en sous-cutané sont les bienvenus. Les femmes se l’injectent elles-mêmes et sont protégées d’une grossesse non désirée pendant trois à quatre mois.»

Nadia Bezad plaide également pour que les pilules du lendemain soient disponibles dans tous les services de santé publique, et pas seulement dans ceux du privé. «J’insiste sur ce point, parce que même les femmes mariées peuvent avoir des grossesses non désirées. Il s’agit d’éviter tout un tas de complications, de décès, d’avortements, de nourrissons abandonnés... La femme aura toute latitude pour être autonome en matière de contraception.»

Enfin, une première application des jeunes sur la santé sexuelle et reproductive a été lancée, précise la MAP. Cette application multilingue (arabe, français et anglais) a pour but d’aborder tous les aspects d’un sujet tabou dans plusieurs familles, a relevé Nadia Bezad, déplorant le manque de programmes dédiés à l’éducation sexuelle dans le système éducatif. Elle vise ainsi à faire face aux fausses informations sur la santé sexuelle et reproductive, s’inscrivant en ligne avec le self-care puisque cette application propose une auto-éducation.

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