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Grand Angle

OVNIS au Maroc : Entre arguments scientifiques et ésotériques

L’étude des ovnis rassemble quelques milliers d’adeptes à travers le monde. Si au Maroc des centaines de témoignages existent, cette pseudo-science n’a jamais connu un réel engouement. Pourtant, un homme a décidé de compiler toutes ces informations dans son ouvrage «L’histoire des ovnis au Maroc». Il explique à Yabiladi sa démarche.

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Photo d'illustration. / Ph. DR
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La croyance en l’existence d’une vie extraterrestre paraît assez loufoque, ou plutôt «ufoloque» diraient les amoureux des anagrammes. Pourtant, des communautés d’ufologues (terme issu de l’anglais UFO, abréviation de Unidentified Flying Object – se dit des personnes qui s’intéressent aux objets volant non identifiés) existent un peu partout dans le monde. Si les plus sceptiques et cartésiens n’adhérent pas, des documents déclassifiés de l’Agence centrale américaine de renseignement (CIA) sont venus semer le doute il y a quelques années.

Publics depuis 1978, ces documents, qui sont des mémos internes de l’agence, ainsi que des articles de la presse étrangère «non corroborés» au sujet des ovnis entre les années 1949 et 1990, avaient été répertoriés par la CIA. Ils avaient d’ailleurs été largement relayés par la presse en 2016, lors de la sortie de la saison 10 de la série américaine X-files, et pour qui l’agence n’a pas manqué de faire un petit clin d’œil pour sa promotion.

Des ovnis aperçus aux quatre coins du Maroc

Plusieurs pays sont référencés dans ces documents et, aussi étrange que cela puisse paraître, le Maroc est cité à plusieurs reprises. Les témoignages sont nombreux et datent de plusieurs décennies. Ainsi le 7 juin 1942, vers 13 heures, «deux témoins ont rapporté qu’une soucoupe volante avait été vue au-dessus de Meknès», peut-on lire.

«L’un d’entre eux a déclaré avoir vu une lumière brillante dans le ciel se déplacer à la vitesse de l’éclair. Il a pu comparer sa vitesse à celle de certains avions T-33 volant à proximité de la base de Meknès, car ils semblaient très lents en comparaison. L’appareil inconnu a émis une traînée de fumée blanche mais aucun son. Il s’est approché, a décrit une parabole dans le ciel, s’est arrêté, puis a disparu en direction d’Ifrane au sud.»

Document déclassifié de la CIA

Quelques jours plus tard, le 15 juin, une autre soucoupe volante est aperçue dans le ciel casablancais par l’ancien pilote André Assorin. Des témoignages similaires à Taourirt, Marrakech, Mechra Bel Ksiri, Mohammedia, Chichaoua ou encore Daït Aoua sont rapportés par la CIA, qui cite des militaires ou de simples civils.

Photo d'illustration. / Ph.DRPhoto d'illustration. / Ph.DR

Ces témoignages et tant d’autres plus récents ont été recompilés dans l’ouvrage en ligne intitulé «L’histoire des ovnis au Maroc», de Gérard Lebat. Contacté par Yabiladi, l’auteur, qui s’intéresse à ce phénomène depuis plus de 40 ans, revient sur les origines de ce travail de recherche.

Une vie consacrée aux ovnis

Après s’être frotté à plusieurs spécialistes, avoir milité activement auprès d’associations d’ufologues, Gérard Lebat décide, à l’âge de la retraite, de s’installer à Marrakech. Il explique avoir «rapidement été rattrapé par le virus de ce qu’on appelle aujourd’hui l’ufologie». Il se lance ainsi à la recherche de témoignages au Maroc et découvre qu’il ne s’agit pas d’un phénomène isolé et uniquement connu en Occident.

«Je pensais rapidement clore ce travail en recensant quelques dizaines de cas. Mais au fil des semaines, des mois, mes recherches, faites en collaboration avec une centaine de chercheurs domiciliés dans le monde entier, ont démontré qu’en fait, des centaines de cas concernaient le Maroc.»

Gérard Lebat

Ainsi, des témoignages de gendarmes, paysans et d’autres personnes ont été compilés par ce licencié en droit, ex-policier devenu chef comptable. Toutefois, la tâche n’a pas été mince, explique-t-il, étant donné que ces témoignages peuvent faire «l’objet d’une enquête s’ils sont d’un haut intérêt d’étrangeté».

En effet, afin de corroborer ces témoignages, «il est alors indispensable de consulter toutes les autorités locales publiques ou privées concernées, comme on peut le faire en France», souligne-t-il. Au Maroc et par manque de moyen et de coopération, l’auteur explique s’être contenté «uniquement de rencontres amicales et privées avec les témoins», ainsi que d’articles parus dans la presse internationale pour rédiger cet ouvrage.

Une certaine acceptation culturelle

Contrairement au Québec, à la France ou aux Etats-Unis, aucune association ou communauté d’ufologues n’est présente au Maroc. Il y a une dizaine d’années, un petit groupe d’étudiants s’intéressant au sujet a vu le jour, avant une dissolution quelques temps après, se souvient Gérard Lebat. Il existe toutefois quelques pages et groupes sur les réseaux sociaux d’adeptes de cette pseudo-science et des phénomènes dits ufologiques.

Gérard Lebat, invité dans une émission de France Bleu en 2006. / Ph.DRGérard Lebat, invité dans une émission de France Bleu en 2006. / Ph.DR

Cet engouement modéré s’expliquerait par la culture locale qui est ancrée dans la société marocaine, estime notre interlocuteur. Selon lui, certaines lectures et interprétations du Coran pourraient même confirmer l’existence d’une vie extraterrestre. Se référant à trois sourates et versets (65/12 -16/49 et 51 – verset 56), sur la création et l’existence de sept cieux, celle des anges, et des djinns, le Français affirme :  

«Si fondamentalement, il semble que le concept de la vie extraterrestre ne pose pas de problème dans la religion musulmane, selon des spécialistes, dans la tradition populaire dans de nombreuses régions au Maroc, on assimile tout ce qui est étrange, observés à la nuit tombante, près des points d’eau, aux Djinns cités dans le Coran, ces créatures surnaturelles, qui habitent la terre et qui peuvent prendre différentes formes.»

Gérard Lebat

De plus, pour notre ufologue marrakchi, bien que «le milieu scientifique n’admettait pas qu’une vie extraterrestre puisse exister ailleurs que sur Terre, il a beaucoup évolué depuis une vingtaine d’années et revient aujourd’hui clairement sur cette conclusion».

C’est pour cela que Gérard Lebat dit vouloir continuer son travail pour peut-être qu’un jour il y ait des réponses aux questions éternelles, telles que «d’où viennent ces ovnis ?», «sont-ils d’origine extraterrestre ?» et «pourquoi viennent-ils ?». En attendant, notre interlocuteur, souvent invité dans les studios radios et à des conférences, affirme qu’il continuera à alimenter cet ouvrage sur l’histoire de ces objets étranges au Maroc, dans l’espoir de le publier un jour en format papier.

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