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Grand Angle

Défis et opportunités des banques marocaines en Afrique subsaharienne

Présentes notamment dans une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne, avec une part de marché de 27,8% dans la région de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, les banques marocaines continuent d’enregistrer un «développement significatif» dans cette région. Mais elles doivent toutefois «maintenir leur dynamique de croissance» comme le suggère une étude récente de CDG-Capital.

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Image d'illustration. / DR
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En Afrique, le secteur bancaire a connu des changements importants dans la structure du marché ces dernières années. Si certains groupes européens ont décidé de réduire leur exposition sur le continent, à l’instar du groupe français BNP Paribas, les banques marocaines continuent d’enregistrer un «développement significatif» dans la région, en procédant notamment à l’acquisition des parts de groupes internationaux dans plusieurs banques africaines.

C’est la raison pour laquelle CDG-Capital a dédié sa dernière étude aux défis des banques marocaines en Afrique. Intitulé «L’Afrique, une terre d’opportunités et de défis pour les banques marocaines», le document rendu public samedi dresse l'état des lieux en Afrique subsaharienne, tout en pointant les principaux risques auxquels font face les principales banques marocaines, BMCE Bank Of Africa, Attijariwafa Bank ainsi que la Banque centrale populaire (BCP) en l’occurrence.

Des perspectives prometteuses avec un paysage politique encore fragile

Le document rappelle la concurrence rude dans le paysage de la banque de détail africaine et de plus en plus féroce. «Aujourd’hui, le continent compte quelques banques panafricaines – Ecobank, Bank of Africa Group (BOA), United Bank for Africa (UBA) - présentes dans plus d’une dizaine de pays, et bon nombre de banques régionales en forte croissance», poursuit-il.  De nouveaux acteurs, avec de plus grandes ambitions qui contribuent justement à accroître le niveau de concurrence et à augmenter l’activité bancaire observée en Afrique.

Le document ne manque pas d’insister sur «le mobile money», devenu un élément important du paysage bancaire en Afrique Subsaharienne puisque «plus de la moitié des transactions liées aux services du mobile money au monde sont situées dans cette région». Mais, en Afrique subsaharienne, le système financier dans les pays d’implantation des banques marocaines en Afrique (PIBMA), comparativement au Maroc, reste faible en termes de profondeur.

Dans la note, les analyses effectuées portent sur le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Togo et le Niger. «Les résultats réalisés en Afrique Subsaharienne par nos banques marocaines proviennent à hauteur de 66% de ces pays», explique le document.  

Avec des perspectives économiques prometteuses, «ternit par un paysage politique encore fragilisé», le financement de l’habitat demeure «très limité» alors que les PIBMA peinent à décoller sur le plan industriel, notamment en raison du manque d’infrastructures.

Dans cette atmosphère, la CDG-Capital prévoit des «revenus des banques marqués par une baisse graduelle de la contribution de la marge d’intérêt»,  qui devrait se développer à un rythme «plus lent que ce qui a été observé dans le secteur au cours des cinq dernières années».

Les banques marocaines en constante adaptation

En 2018, les banques marocaines sont présentes dans une vingtaine de pays d’Afrique, couvrant l’ensemble de la région subsaharienne, avec une part de marché de 27,8% dans la région de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Des actions ont été entreprises par les banques marocaines dans ce contexte africain. Le document passe en revue le renforcement des fonds propres de la filiale BOA Togo de la BMCE, la cession par le groupe ABI d’une partie de ses actions dans Atlantic Business International (ABI) du groupe BCP au profit du fond britannique Development Partners International (DPI) ou encore le renforcement des capitaux propres au niveau des filiales au Niger et au Togo du groupe Attijariwafa Bank.

«En dépit du renforcement en fonds propres, les filiales marocaines dans les PIBMA restent sous-capitalisées comparativement à leurs pairs, affichant un ratio FP/Total Actif de seulement 7,1% (2017) contre 9,4% pour les banques occidentales et 8,3% pour l’ensemble des banques PIBMA», constate le rapport. «Une sous-capitalisation provenant essentiellement des filiales de BCP, qui affiche un ratio de 4,7% contre 7,8% pour BMCE et 8,8% pour Attijari», ajoutent ses rédacteurs.

«Il est certain que les banques marocaines devraient renforcer davantage leurs fonds propres et se préparer le plus vite possible pour faire face aux nouvelles contraintes réglementaires et pour continuer à soutenir leur plan de développement. Dans les années à venir, nous pensons que le secteur bancaire africain devrait continuer à offrir un potentiel important.»

Extrait du rapport de la CDG-Capital

Mais, afin d’exploiter ce potentiel, les banques devraient «maintenir leur dynamique de croissance, en investissant davantage dans les ressources humaines et techniques, et en participant activement au renforcement des systèmes bancaires nationaux et régionaux», suggère le document. Une formule qui «permettra de renouer avec la confiance des investisseurs internationaux et donc d’accompagner au mieux la réalisation des objectifs de développement du continent africain».

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