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Grand Angle

Censure: Le dernier combat de Mohamed Leftah

Primé, certes. Mais censuré ou pas censuré ? Mohamed Leftah, quoique décédé en 2008, soulève la polémique avec son livre posthume, «Le dernier combat du capitaine Ni’mat». Primé par le Prix littéraire de la Mamounia à Marrakech, le livre de Leftah reste introuvable dans les librairies. Il serait donc l’objet d’une censure émanant du ministère de la communication. Ce que la map dément ce 12 novembre.

Publié
Mohamed Leftah (DR)
Temps de lecture: 2'

Dès sa sortie en janvier 2011, le livre posthume de Mohamed Leftah a reçu une critique largement positive. «Le dernier combat du capitaine Ni’mat» a même été sacré meilleur livre de l’année par le Prix littéraire de la Mamounia en octobre dernier en présence du ministre de la Culture, Bensalem Himmich ainsi que l’ancien ministre de la Culture français Jack Lang. Cependant, si voussouhaitez le lire et que vous habitez au Maroc, il vous sera impossible de mettre la main dessus.

Homosexuels : réduits au silence jusque dans les livres

«Le dernier combat du capitaine Ni’mat» est introuvable dans les librairies marocaines, et serait frappé par la censure du ministère de la Communication. Mohamed leftah, auteur marocain installé en Egypte depuis dix ans avant sa mort en 2008, y raconte l’histoire d’un capitaine séditieux qui tue les longues journées de la retraite dans un club égyptien huppé, jusqu’au jour où tout bascule. Le capitaine Ni’mat découvre avec curiosité le sentiment amoureux envers le même sexe avec un jeune serviteur nubien au nom d’Islam, et s’y abandonne. L’homosexualité qui y est contée serait-elle la cause de cette censure ? Sans doute, puisque il n’y a aucune autre raison évidente à une éventuelle interdiction. L’écrivain marocain Abdallah Taia, quant à lui, a fait son coming-out dans ses livres, pourtant ils sont en vente libre dans les librairies du royaume.

Khalid Naciri : «Je ne m’occupe pas de ‘tafahate’»

Interrogé par le quotidien arabophone Achourouk sur le mystère de l’absence du livre de Leftah des librairies, Khalid Naciri, ministre de la communication a répondu, avec le ton qu’on lui connait : «N’avez-vous donc rien de mieux à faire ? Je m’occupe de grandes affaires de la Nation, pas de «tafahate» (futilités, ndlr)». Le distributeur Sochepress qui a commandé 250 exemplaires aux éditions la Différence s’est vu se faire retourner les livres sans motif aucun. D’après l’Economiste, Abdelkader Retnani, l'éditeur de la maison «La Croisée des chemins», est en négociation pour reprendre les droits du livre. Pour sa part, l’écrivain marocain Mohamed Laâbi fait tourner une pétition pour exiger la levée de «l’interdiction sur le livre de Mohamed Leftah». Déjà signée par des centaines d’artistes de tous bords, journalistes, universitaires, associatifs, politologues…etc. la pétition continue de tourner.
Entre temps, un démenti a été publié par la MAP sur l’éventuelle censure, tout en évitant soigneusement de mentionner l'homosexualité du capitaine Ni'mat. «La réponse à la non distribution de ce roman au Maroc est à trouver auprès du marché», assure une «source proche du gouvernement» citée par la MAP. Les libraires auraient-ils pris la liberté de retourner le livre au distributeur ?
Le dernier livre de Mohamed Leftah était son dernier combat, mais les intellectuels marocains ont encore un long chemin à parcourir dans leur combat contre la censure.

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