Plusieurs mois après le début du procès Argana, le jugement a été rendu ce vendredi. C’est donc au tribunal anti-terroriste de Salé que la peine de mort a été prononcée contre Adil Athmani, l’auteur principal de l’attentat qui a retourné Marrakech le 28 avril dernier et porté gravement atteinte au tourisme et à la sécurité dans la ville ocre. Les neufs accusés ont été jugés pour avoir «porté gravement atteinte à l'ordre public, assassinat avec préméditation […] et appartenance à un groupe religieux interdit». Le premier complice d’Athmani, Hakim al Dah a écopé de la prison à perpétuité. Quatre autres accusés ont été condamnés à quatre ans de prison ferme et les trois restants à deux ans, après des délibérations qui ont duré cinq heures et demi.
«Ils vont tuer nos enfants dans quatre ans»
Les familles des victimes ont été hautement scandalisées par la condamnation de deux à quatre ans de prison pour les sept autres accusés. Une peine jugée trop légère pour les familles des huit victimes françaises et les trois suisses qui ont péri lors de l’attentat d’Argana. A la sortie du tribunal vendredi, pleurs et cris ont été ponctués par des déclarations telles que «On leur donne le permis de tuer», «C’est lamentable, quatre ans. Lamentable !». Jacques Sombret, le père d’une femme de 40 ans décédée lors de l’attentat criait à l’intention des marocains présents à la sortie : «Le monde entier va rire de vous. Ils vont tuer nos enfants dans quatre ans». «Le Maroc m’a trahi» insistait-il. Les accusés ont même remercié la cour après l’annonce des sentences, ce qui a provoqué l’indignation des familles.
Les familles des victimes à la sortie du tribunal anti-terroriste de Salé vendredi dernier
La cour de Rabat fait appel
Le parquet de Rabat n’a pas fait la sourde oreille. Le tribunal fait appel aux peines jugées «clémentes» dès le lendemain du verdict du parquet de Salé. Selon une source judiciaire contactée par l’AFP samedi 29 octobre, «Le procureur du roi auprès de la cour d'Appel de Rabat a interjeté appel du jugement rendu […] en ce qui concerne les sept prévenus condamnés à des peines de prison allant de 2 à 4 ans». Pour Me Mohamed Sadqo, avocat d’un des sept accusés, la décision du procureur du Roi est surprenante. «Le procureur du roi a tout à fait le droit faire appel. Mais nous considérons déjà que ces peines de 2 à 4 ans sont sévères. Ces gens-là n'ont rien fait».
La peine de mort ne fait pas l’unanimité
Si des peines de quatre ans n’ont pas été suffisantes pour les familles françaises, la peine de mort pour le principal coupable n’a pas été reçue avec enthousiasme non plus. Dès le début du procès, les familles avaient exprimé le souhait de ne pas voir Athmani condamné à la peine capitale, afin qu’on «ne le considère pas comme un martyr». L’Assemblée parlementaire du conseil de l’Europe a également condamné la peine de mort à l’encontre d’Athmani arguant que le Maroc devrait faire «avancer le débat sur la peine capitale et d'encourager les autorités compétentes» à maintenir le moratoire sur les exécutions en vigueur depuis 1993.