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Interview

Dialogues Atlantiques : Bineta Diop, la migration, les jeunes et les femmes en Afrique [Interview]  

Ce jeudi, la première plénière I des Dialogues Atlantiques a évoqué les «tendances démographiques contrastées entre le Nord et le Sud» et «comment l’Afrique peut-elle réaliser son dividende démographique». Bineta Diop, envoyée spéciale de la Commission de l’Union africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité nous en dit plus sur la migration, les femmes et le travail mené par l’UA.

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Bineta Diop, envoyée spéciale de la Commission de l’Union africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité. / Ph. Tobin Jones
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L’ensemble des pays africains ont adopté lundi le Pacte de Marrakech sur les migrations. En tant qu’envoyée spéciale de la Commission de l’UA, quels sont les défis à relever en Afrique ?

L’Afrique a adopté le plan de l’agenda 20-63 et c’est l’Afrique que nous voulons. Une Afrique qui regarde les jeunes comme des ressources qui nous permettent de transformer le continent. Des jeunes parmi lesquels il y a des femmes.

Sur cette question des jeunes, il faut que nous puissions voir comment nous pouvons réellement répondre à leurs besoins pour qu’ils ne soient pas la bombe qui va éclater entre nos mains. Donc, nous avons besoin d’une mise en œuvre de cet agenda, en donnant l’opportunité aux jeunes pour accéder au travail en premier lieu et en leur montrant qu’aller immigrer n’est pas la solution. Il y a tout ce que nous voulons sur notre continent, il faut juste mettre les conditions et les outils qu’il faut pour que nos jeunes puissent rester ici et développement notre continent. C’est de cela que nous avons parler aujourd’hui. L’éducation, c’est la base. La santé, c’est une autre base, mais il faut aussi faciliter l’accès aux ressources et aux financements. Dès qu’on ouvre les portes aux jeunes, ils transformeront cette Afrique.

Aujourd’hui, le débat a porté sur «comment l’Afrique peut-elle réaliser son dividende démographique». Quel est en effet le moyen selon vous ?

Nous avons parlé de la santé reproductive des femmes. C’est un grand problème. On dit que l’Afrique doit contrôler les naissances. En moyenne, nous avons cinq enfants par femme. Ce que nous disons, c’est donner à ses femmes la connaissance de leurs droits. La plupart du temps, ces femmes ne sont pas au courant. Il faut changer les mentalités et changer le paradigme. Au lieu de mettre en place des lois imposées, donnant plus d’outils aux communautés pour accepter ces transformations et faire en sorte que la femme africaine ait le choix d’avoir deux enfants ou d’en avoir quatre. C’est cette discussion qu’il faut avoir.

Que fait l’Union africaine justement pour s’assurer que les Africaines puissent avoir un rôle à jouer dans le développement de leurs pays ?

L’Union africaine a pris comme priorité deux thèmes liés aux femmes pour redéfinir les priorités de l’Afrique pour le développement.

La première priorité a été l’autonomisation des femmes et c’est ce qu’on a fait pour créer le Fonds pour la femme africaine. L’objectif était de faire en sorte que, quand une femme souhaite bénéficier d’un crédit, cette demande ne soit pas rejetée juste parce que cette femme n’a pas de terre, une propriété ou une garantie. L’UA met des politiques pour que les femmes aillent accès à des crédits afin de bâtir des infrastructures et accéder à des marchés publics afin d’être aussi des leaders dans l’économie des pays. Tout le monde sait que les femmes remboursent leurs dettes. Ouvrons donc les portes pour que les femmes et les jeunes aussi puissent avoir accès aux financements. L’UA y travaille.

La deuxième priorité est de garantir aux femmes le rôle de médiatrices pour réduire les influences des conflits sur le développement que nous avons actuellement. Les femmes apportent une autre dimension à la sécurité humaine. Nous allons pas réduire les forces négatives, comme l’extrémisme notamment en Afrique, si des femmes ne s’en mêlent pas. Nous sommes en train de faire la promotion des femmes pour qu’elles soient médiatrices mais également pour qu’elles intègrent nos armées pour amener une autre dimension et pour qu’elles soient dans les communautés et puissent les éduquer également.

Lorsqu’on regarde l’idéologie des extrémistes qui utilisent le coran ou les questions fondamentalistes, les femmes doivent être mieux outillées pour contrer ces idées et enseigner afin de faire en sorte d’éduquer elles-mêmes nos jeunes femmes pour empêcher l’enrôlement de ces jeunes. 

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