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Grand Angle  

France : Emmanuel Macron interdit d’aller à Marrakech par les «gilets jaunes» ?

Plusieurs «gilets jaunes», notamment dans les rangs de l’extrême droite, ont fait pression pour qu’Emmanuel Macron ne se rende pas à Marrakech demain pour la signature du pacte sur les migrations de l’ONU.

Publié
Emmanuel Macron, le 20 novembre 2018. / DR
Temps de lecture: 3'

Parmi certains «gilets jaunes», le Pacte de Marrakech suscite bien des fantasmes. Et les propos qui déferlent sur les réseaux sociaux ne manquent pas d’amplifier les rumeurs qui courent sur ce document approuvé en juillet dernier par les Nations unies.

L’une des figures de proue des gilets jaunes, Maxime Nicolle, dit «Fly Rider», l’a évoqué dans un live Facebook dimanche dernier et une pétition pour s’y opposer recueille à ce jour plus de 45 000 signatures, indique le média Konbini. Certains en viennent à penser qu’une fois ce pacte signé, Emmanuel Macron présentera sa démission et qu’il «laissera la France à la merci de l’ONU», puisqu’il a été «élu pour détruire» ce pays. De nombreuses personnes appellent donc à le «stopper».

Pour certains gilets jaunes, Emmanuel Macron aurait décidé de «vendre la France» en signant un «pacte migratoire» qui forcerait le pays à accueillir «des millions d’immigrés», précise l’Express. Dans les rangs des politiques aussi les rumeurs vont bon train. Ainsi, la porte-parole des Républicains, Lydia Guirrous, estime qu’en signant ce document, le président «s’apprête à trahir une fois de plus les Français». Pour elle, ce pacte est «une menace pour notre souveraineté et notre identité». La secrétaire générale du parti, Valérie Boyer, réclame quant à elle un débat par la représentation nationale. «En pleine manifestation des gilets jaunes, la majorité a fait le choix la semaine dernière d’avoir un débat sur les fessées mais refuse un grand débat sur le Pacte de Marrakech en matière migratoire. Nous marchons sur la tête !»

L'AFP a ainsi annoncé qu'Emmanuel Macron va déléguer le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Cette décision a suscité une «grande déception» du Maroc qui voit cette conférence comme un «moment historique», selon une source diplomatique locale.

Un pacte qui coûterait à la France «des milliards d’euros»

Sans surprise, les milieux d’extrême droite n’ont pas tardé à renchérir, y compris auprès des gilets jaunes. A l’image de Damien Rieu, militant anti-migrants et membre de Génération identitaire, à l’origine d’une opération anti-migrants dans les Alpes en avril dernier. L’homme a diffusé une vidéo dans laquelle, vêtu d’un gilet jaune, il dénonce vigoureusement le Pacte de Marrakech.

S’il reconnaît que le texte est «non contraignant» – autrement dit il ne peut rien imposer aux pays –, Damien Rieu pense que «les juges vont s’en servir pour justifier leurs décisions pro-migrants». Le militant y voit là «un premier pas vers l’ouverture totale des frontières».Pourtant, comme le souligne à juste titre Konbini, «le Pacte apparaît pourtant plutôt simplement comme une liste d’ambitions à poursuivre pour respecter des idéaux humanistes, comme ne pas céder aux divisions, respecter les droits de l’Homme, insister sur les politiques de développement durable ou encore prêter attention au respect de l’égalité entre les femmes et les hommes». Rien, en effet, de très contraignant.

Mais ces recommandations sont également de trop pour Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), qui parle d’un «pacte diabolique». Dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter, elle déclare : «Emmanuel Macron soutient qu’il n’y aurait pas d’argent pour répondre à la souffrance sociale des nôtres. [Pourtant], il s’apprête à signer, les 10 et 11 décembre prochains à Marrakech, un pacte pour les migrations qui va coûter à la France des milliards d’euros. Avec ce texte, la France reconnaît un droit à la migration généralisée dans notre pays.»

Autant de surenchères qui ont décidé certains gilets jaunes à s’impliquer directement contre la signature de ce pacte. Comment ? En appelant à bloquer le départ d’Emmanuel Macron pour Marrakech, lundi 10 décembre.

Une publication sur l’événement «Gilets jaunes Acte IV Dissolution de l'Assemblée nationale», qui compte 5600 participants et 37 000 intéressés. / Ph. Capture d’écran FacebookUne publication sur l’événement «Gilets jaunes Acte IV Dissolution de l'Assemblée nationale», qui compte 5600 participants et 37 000 intéressés. / Ph. Capture d’écran Facebook

Notamment un article de Risposte Laïque publié lundi, qui invite explicitement les gilets jaunes à «profiter de leur 4e acte d’action militante pacifique et ordonnée, pour bloquer l’Élysée et tout le quartier, mais aussi les aéroports parisiens, afin que Macron ne puisse pas décoller pour se rendre à Marrakech le 10 décembre». 

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