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Interview

Polémique sur le TGV : Réaction de Mohamed Berrada

Le TGV au Maroc n'en fini pas de faire couler de l'encre. Au delà des nombreux articles élogieux dans la presse nationale et étrangère, des blogs, des sites internet (dont Yabiladi.com), mais aussi depuis quelques jours les média "mainstream" ont pointé du doigt ce projet. En effet, un emballement médiatique est né mais qui va bien au delà du projet de ligne à grande vitesse. Mohamed Berrada, professeur à l'université, ancien ambassadeur à Paris, et ancien ministre a été cité dans certains articles critiques, notamment sur Courrier International, BBC ou EFE. Pour en savoir plus, nous avons contacté M. Berrada qui a réagi aux propos qui lui ont été prêtés. 

Publié
Mohamed Berrada, professeur à l'université
Temps de lecture: 5'

Yabiladi : Une polémique gronde sur la toile et les avis sont mitigés, Vous avez été cité dans plusieurs sites par effet de buzz (Maghreb émergent, BBC, Courrier International...ETC) comme étant opposé au projet de TGV. Vous affirmez pourtant que vous n’avez jamais pris une telle position. Comment analysez-vous cet emballement médiatique ?

Mohamed Berrada : Plus rien ne m'étonne, c'est l'ère de la propagande numérique. C’est plus l’importance du projet que mes supposés déclarations qui sont à l’origine de cet emballement. Le projet TGV a une dimension géostratégique et représente l’intégration accélérée de notre pays dans l'idéal euro méditerranéen et l'économie mondiale. De ce fait, notre pays est sujet à la convoitise, et la polémique décousue devait sûrement éclore. J’aurais tant souhaité qu’à la place de cette polémique, il y ait un débat serein empreint de sérénité et de sens de responsabilité sur un projet aussi important, avec le respect des différentes positions.

Vous n’avez donc fait aucune déclaration ces derniers jours sur le projet TGV ?

MB : Aucun site ne m’a contacté à ce jour et à ce sujet. Je n'ai donc pas eu l'occasion d'apporter une analyse en tant qu'économiste mais encore moins de l'exprimer auprès de médias qui favorisent le trafic d'influence et qui interrogent des sources douteuses. On m'attribue des déclarations sans en spécifier la source. Alors vous assistez à des reprises d’information qui se transforment en interprétations et se déforment dans le temps, alimentant la polémique. C’est dommage. Les allégations qu'on pourrait me prêter ne trouvent donc aucune véracité, à part la légitimité incarnée par les fonctions que j'ai occupé autrefois, un attribut non négligeable pour instrumentaliser probablement l'opinion publique…. Pour ma part, je n'ai fait qu'observer ce projet depuis son annonce en 2007 au sein de l'enclos parlementaire. Je reste fidèle à un style académique dans toute réflexion que je mène et les commentaires spectaculaires emprunts de dénonciation sans suite font reculer à grande vitesse.

Quelle est donc votre position sur le dossier TGV au Maroc ?

MB : Ce n’est pas une position, mais une simple réflexion personnelle. Je ne veux pas parler de l’opportunité de ce projet. Elle s’explique d’elle-même. Notre pays, depuis une dizaine d'années connait un rythme accéléré de chantiers structurants, et ce projet s'inscrit naturellement dans cette stratégie, permettant ainsi de créer de nouveaux pôles de compétitivité.
C'est à mon sens une politique de connexion ferroviaire ambitieuse pour insérer nos régions dans l'économie de la grande "région monde" une vision qui s'inscrit dans la logique de projet d'un Maroc de synergie. De part l'inter-connectivité régionale à l'intérieur comme à l'extérieur du territoire, le TGV aura en effet un rôle à assurer en tant que connecteur. Il me semble que l'équation espace /temps/objectifs est une grille de lecture de circonstance pour resituer le projet dans sa véritable dimension et provoquer un débat constructif.
C'est pourquoi, à mon sens, ce projet s’inscrit avant tout dans le cadre d’une décision politique de souveraineté qui exprime une ambition nationale. Il faut savoir lancer des défis et faire tout pour les réaliser. C’est ainsi que le pays avance. Les gens sont bien contents d'avoir aujourd'hui un réseau d'autoroutes, alors qu'à l’époque, et j’étais présent, on critiquait nos fantasmes....

Quels sont selon vous les points positifs de ce projet ?

MB : C’est un projet de développement qui s’inscrit dans le long terme. Malheureusement, les gens aujourd’hui sont surtout préoccupés par le court terme… d’où les incompréhensions auxquelles vous assistez parfois. En renforçant les infrastructures du Royaume, on renforce sa compétitivité, dans un environnement devenu de plus en plus concurrentiel. Mais ce projet va aussi donner lieu à des créations d’emploi tout au long de sa réalisation, emplois directs et indirects. N’oubliez pas qu’une part importante du cout du projet est affectée à des travaux publics fortement utilisateurs de main d’œuvre. J'ajoute que notre économie a besoin de locomotives technologiques de ce genre, susceptibles de générer un renouveau industriel dans notre pays. Mais pour cela il faut que de tels projets soient accompagnés de mesures contractuelles préférentielles en faveur de l'économie nationale, en termes de transfert de technologie, d'emploi et de sous-traitance.

Ne pensez-vous pas que le projet soit surdimensionné par rapport à un pays comme le Maroc et à son économie ?

MB : De quelle dimension parlons-nous au juste? La dimension change avec le temps. Le Maroc de demain ne sera pas le Maroc d’aujourd’hui. Le Maroc avance à grands pas. Vous assistez à la mise en œuvre de chantiers importants dans tous les domaines. Des chantiers conduits personnellement par Sa Majesté. Dans le domaine politique d’abord. Mais aussi dans le domaine des infrastructures, dans le domaine humain et social, environnemental, régional, institutionnel, dans le domaine de l’éducation et bien d’autres actions structurelles en profondeurs. Il faut bien comprendre encore une fois que dans cette stratégie, et à ce niveau, c’est la vision globale à long terme qui prédomine. Les résultats, ce sont les générations futures qui les ressentiront. Mais pensez aussi à notre ancrage à l’Europe, notre principal partenaire. Ce projet est aussi un projet européen. Dans le monde global dans lequel nous vivons, je pense fortement que les échanges internationaux privilégieront demain de plus en plus les échanges de proximité. La Chine par exemple semble se tourner de plus en plus vers son marché intérieur, et le marché européen donnera de grandes opportunités au redéploiement de notre industrie et à la création d’emploi. Nous devons nous y préparer.

Revenons à la question du financement. Il y a quelques années vous parliez avec d’autres économistes des inquiétudes sur les risques de liquidités. Aujourd’hui avec la crise de la dette dans plusieurs pays européens, et l’augmentation du déficit budgétaire du Maroc, sommes-nous vraiment en meilleure position pour financer un projet aussi important ?

MB : Ici, le débat est ouvert. Si vous voulez parler de la conciliation de la situation des finances publiques actuelle avec le coût du projet, votre question n'est pas à sa place. Le champ temporel est différent. Le déficit budgétaire peut avoir une origine conjoncturelle liée aux cycles économiques. Mais le renforcement de nos infrastructures en matière de transport et en particulier de transport ferroviaire a des incidences importantes sur notre développement à long terme. Concernant le financement de ce projet, les dernières sorties du ministre des transports ont donné les éclairages nécessaires. Le montage financier est bouclé par un tour de table qui me semble équilibré, et l'impact sur nos réserves de change serait limité. Sa réalisation et donc son financement seraient étalés sur une longue période. Quant à l'impact sur le budget dans le temps, à mon sens, on peut tolérer un dérapage budgétaire provisoire, lorsqu'il provient d'un excès de dépenses d'investissement. C’est au niveau des dépenses de fonctionnement qu’il faut rester prudent. Les investissements sont créateurs d’emploi et génèrent par la suite les ressources qui permettent de rembourser leur financement.

Pour en savoir plus : 
:: Article sur le projet TGV au Maroc sur Yabiladi.com
:: Article sur BBC
:: Article sur le Courrier International

C'est une excellente idée
Auteur : K-Maroc
Date : le 09 octobre 2011 à 18h45
Vous n'aimez pas ce projet ? Hé bien passez votre chemin, ce n'est pas la peine de vous mettre la rate au court bouillon! Vous faites apparemment partie des nostalgiques bourlingueurs à dos d'âne. C'est certes écologique et de faible coût, mais ça renvoie à une autre époque...

Une chronique publiée au quotidien Le Monde loue les mérites du TGV marocain. Voici le lien :

http://abonnes.lemonde.fr/idees/chronique/2011/10/09/le-tgv-marocain_1584598_3232.html
TGV
Auteur : berhoc
Date : le 09 octobre 2011 à 14h14
Absolument, il faut être prudent au niveau des coûts de fonctionnement et je partage l’avis de Monsieur BERRADA, si sur le plan financier nous pouvons avoir une idée claire, c’est surtout au niveau des charges d’exploitation que l’on doit prendre du recul car ces dernières ne peuvent être appréhendées que sur le court terme (exercice annuel), vu les fluctuations des marchés des matières premières et de la main d’œuvre.
Personnellement, je défends le projet du TGV et je me retrouve dans cet article mais ce qui a attiré le plus mon attention, c’est surtout la manière de notre économiste à exprimer sa réflexion qui est loin d’être un discours plein de certitudes, de jugement ou d’interprétations alors qu’il aurait pu très facilement le faire vu sa situation et ses aptitudes d’analyse que je respecte personnellement.
train du grand vide (tgv )
Auteur : akounkou
Date : le 08 octobre 2011 à 21h13
Bonjour à toutes et à tous

Monsieur BERRADA ne vit pas dans le même Maroc que 99% de Marocains.
TGV TANGER / CASA en 3h.
DAKHLA / CASA 2 jours.
Quel intérêt pour les habitants du sud de CASA et d'ailleurs?
On n'est même pas capable de mettre à disposition des usagers de l'autoroute des toilettes tous les 100km et on veut jouer dans la cour des grands.
Pourquoi on évacue les touristes blessés lors d'un accident vers l’hôpital militaire et non vers l’hôpital public
c'est tout simplement pas digne d'un pays qui veut voyager en TGV svp.
TGV Maroc
Auteur : TALFIT
Date : le 07 octobre 2011 à 22h16
Mr Berrada nous a parlé des barrages en comparaison du TGV ,qu'il nous dise à qui et à quoi servent ces barrage puisque nous dépendons encore de l'étranger pour manger rien que du pain /? Ces barages servent à une minorité de marocains pour s'accaparer des terres des paysans qui sont irrigués et en produire des produits destinés à l'exportation dont une grande partie de ces devises remplissent les comptes de cette minoritéà l'étranger et si le TGV qui sera certainement déficitaire et payé par le peuple marocain servira seulement à cette minorité de requins (la mëme) ,personnellement je n'y voit pour le moment aucun intétérêt positif pour le peuple marocain à court terme ni à long terme . Mr Berrada a bien raison de faire cette comparaison ,kif kif les barages ,les paysans ont été expropriés ou obligés de vendre leurs terres pour les requins toujours gourmands.;Merci Mr Berrada de nous clarifier la chose......
pas mal ?
Auteur : sakki
Date : le 07 octobre 2011 à 20h18
il doit choisir ? sûrement il doit choir le 2 ième non? je pense !!!! car le TGV n'attend pas il roule trop vite trop vite , car le monde évolué ; évolue trop vite aussi, il laissera sur les quais les incapables! ceux qui refusent de se mettre en ordre de marche en pas de gym
hamdoualah nous avons
TGV
les F 16
les derniers de la dernière technologie de bateaux de guerre
le Tramway
et bientôt le nucléaire civile
qui dit mieux ?
Dernière modification le 07/10/2011 20:20
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