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Grand Angle

Tchétchénie : Un document déclassifié mentionne la médiation de Hassan II

Si l’histoire atteste des relations diplomatiques entre le Maroc et les Etats-Unis, remontant à plusieurs siècles, des documents récemment déclassifiés montrent le rôle du royaume dans le règlement du conflit en Tchétchénie, avec l’ex-président russe Boris Yeltsin, aidé par son homologue américain Bill Clinton.

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Hassan II en visite aux Etats-Unis en mars 1995 / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

Dans la moitié des années 1990, la vie politique en Russie a été marquée par la première guerre de Tchétchénie. Entre 1994 et 1996, celle-ci a opposé le pouvoir central de Moscou au gouvernement séparatiste tchétchène. Déclassifiés en juillet dernier, des documents du Conseil de sécurité nationale américaine révèlent les retranscriptions des conversations téléphoniques à ce sujet, reliant au bout du fil les présidents russe et américain de l’époque, Boris Yeltsin et Bill Clinton.

Datée du 7 mai 1996, l’une de ces conversations évoque comment l’ancien numéro 1 de la Maison blanche est intervenu, à la demande de son homologue russe, pour obtenir la médiation du roi Hassan II (1962 - 1999) et trouver une issue au conflit. Dans ce sens, Bill Clinton évoque une lettre envoyée à Yeltsin, le 27 avril de la même année, indiquant avoir pu, avant cela, s’entretenir avec le souverain.

«Hassan II m’a dit être prêt à faire tout son possible pour aider à trouver une solution au conflit. Nous avons une représentation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à Grozny et je pense que cela pourra faciliter les choses.»

Bill Clinton en conversation avec Boris Yeltsin

Source : Conseil de sécurité nationale américaineSource : Conseil de sécurité nationale américaine

Des négociations relayées au conditionnel

La publication de ces document vient corroborer ce qu’a évoqué au conditionnel la presse internationale, dans le temps, en rapportant que le roi «pourrait assurer une médiation» pour une solution de paix en Tchétchénie.

Justement, le recoupement des faits permet de savoir que la discussion entre Hassan II et le président américain a eu lieu le 21 avril 1996. Le lendemain et citant «un haut responsable américain», Les Echos avait rapporté que Clinton était sur le point de «proposer au roi du Maroc de servir d’intermédiaire dans des négociations en Tchétchénie, à la demande de son homologue russe, Boris Yeltsin».

Selon la même source, «le Maroc s’était dit (...) disposé à intervenir comme médiateur dans le conflit tchétchène», le président russe ayant annoncé «le 31 mars un cessez-le-feu unilatéral et un retrait progressif de l’armée de Tchétchénie, ainsi qu’une offre de discussions indirectes avec le président indépendantiste tchétchène, Djokhar Doudaïev».

Celle-ci est également évoquée dans le document déclassifié, où Yeltsin annonce à Clinton son intention de se déplacer en Tchétchénie pour des négociations tripartites entre lui, le gouvernement indépendantiste et le commandement des rebelles. Il le remercie par ailleurs de son aide à obtenir l’engagement du Maroc dans ce processus, indiquant dans ce sens que l’intervention de Hassan II dans le règlement du conflit «sera fort louable».

De l’autre côté de l’Atlantique, le même jour, le Washington Post a fait écho de ces pourparlers, citant une source à la Maison blanche qui confirme une conversation entre Clinton et Hassan II à ce sujet. «Yeltsin a affirmé que le roi du Maroc était d’accord pour servir de médiateur», indique le journal américain, rappelant que «Yeltsin a souvent reproché aux rebelles tchétchènes d’être financés et armés par des forces arabes et islamiques étrangères».

Une paix balbutiante

Quelques mois plus tard, plus exactement le 31 août 1996, le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, Alexandre Lebed, signe un accord politique avec le chef d’Etat-major tchétchène, Aslan Maskhadov. Le texte a établi un statu quo accordant à la Tchétchénie une certaine autonomie gouvernementale, ce qui a reporté les négociations sur l’indépendance à 2001.

Près d’un an plus tard, Boris Yeltsin et Aslan Maskhadov, élu président de la Tchétchénie le 12 février 1997, signent un nouveau traité de paix en mai de la même année, dans le but d’«abandonner pour toujours l’usage de la force et la menace d’user de la force dans toutes les questions litigieuses». Cependant, la paix dans la région n’aura duré que près de deux ans. Le 26 août 1999, un nouveau conflit retentit, donnant lieu à la deuxième guerre de Tchétchénie qui a opposé de nouveau les deux parties.

Pour des raisons de santé, Boris Yeltsin quitte ses fonctions quelques mois plus tard, après avoir nommé le président Vladimir Poutine à sa succession. Il démissionne ainsi le 31 décembre 1999, tandis que le conflit durera jusqu’au 16 avril 2009, dans une région où les tensions se ressentent aujourd’hui encore, malgré l’obtention du gouvernement tchétchène de son autonomie.

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