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Grand Angle

Maroc : Des aides publiques espagnoles détournées par des trafiquants de cannabis ?

Dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, des fonds alloués par une fondation catalane à un village marocain ne seraient jamais arrivés à bon port, détournés par les trafiquants de cannabis.

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Des fonds alloués par une fondation catalane destinés à un village marocain ne seraient jamais arrivés à bon port. DR
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Le projet avait de quoi réjouir les habitants de Tamassint, toute petite commune de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Ces derniers devaient en effet bénéficier de réservoirs d’eau, de puits et d’un système d’irrigation. L’initiative a été impulsée en 2002 par la Fédération des associations de quartier de Mataró (FAVM), en Catalogne, conjointement avec des associations marocaines. Au total, 400 000 euros ont été levés, d’après La Vanguardia.

L’objectif de ce projet d’agriculture durable et de développement rural était de doter le village d’un radeau d’accumulation d’eau, de plusieurs puits et de pompes d’extraction pour installer un réseau d’irrigation au goutte-à-goutte sur une surface d’environ 30 hectares.

Mais voilà, les malversations des uns ont douché les espoirs des autres. En 2012, soit dix ans après la mise en œuvre du programme, les nouveaux responsables de la FAVM avaient déjà constaté que la majeure partie des subventions n’étaient pas arrivées à bon port, à savoir entre les mains des associations locales marocaines. Pis encore, ils ont récemment découvert que deux des destinataires des fonds ont été arrêtés pour trafic de cannabis, et qu’un troisième a été mortellement poignardé. A ce jour, seul un puit a pu être installé et la parcelle de terrain destinée à accueillir le système d’irrigation a été délimitée.

«Criblé de balles»

C’est Juan Sánchez Torres, porté à la présidence de la FAVM en 2012, qui a le premier senti le vent tourner. Face au manque inquiétant d’informations sur le développement du projet, il a effectué deux voyages au Maroc. Sur place, ce à quoi il s’est heurté le laisse aujourd’hui sans voix : «Le local qui a été construit avec nos fonds était en réalité un véritable fumoir de cannabis», confie-t-il à La Vanguardia. Le maire du village aurait également refusé de le recevoir et de lui fournir des documents.

«En 2010, 220 000 dirhams (environ 20 000 euros) ont été envoyés pour procéder à l’installation de l’irrigation goutte-à-goutte, mais une fois sur place, nous ne l’avons pas trouvée. Ils n’ont pas non plus facilité les visites, prétextant qu’ils avaient oublié les clés ou qu’ils avaient reçu des consignes des réseaux de trafic nous menaçant de nous couper le cou si nous franchissions la colline.»

Les tensions étaient flagrantes entre ceux qui étaient en faveur de la promotion de l’irrigation et les autres, qui refusaient «parce qu’ils ne voulaient pas voir leurs plantations de marijuana compromises». Lorsque la délégation catalane a décidé de quitter le Maroc, les trafiquants ont essayé de récupérer autant que possible les infrastructures, mais «elles ont été détruites, le radeau a été laissé sans eau et le panneau annonçant le projet, criblé de balles».

Face à ces tentatives infructueuses pour connaître la destination finale des milliers d’euros envoyés, la FAVM a pour l’heure décidé de suspendre le projet.

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