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Grand Angle

Huelva Gate : Le combat des saisonnières marocaines ne fait que commencer

Voilà quelques semaines que l’affaire des saisonnières marocaines à Huelva a éclaté au grand jour. Sur place, ces Marocaines disposent de l'aide précieuse du Syndicat des travailleurs d'Andalousie (SAT), avec qui Yabiladi est rentré en contact.

Publié
./Ph. DR
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C’est grâce au syndicat des travailleurs d’Andalousie (SAT), que plusieurs saisonnières marocaines à Huelva ont pu dénoncer ce qui se passe dans les champs de fraises, et ce depuis plus d’une décennie. Joint par Yabiladi ce vendredi 8 juin, José Antonio porte-parole du SAT à Huelva, a répondu à quelques-unes de nos questions.

Dans ce véritable scandale, José Antonio nous parle du cas d’une dizaine de femmes tout âge confondu. Après s’être fait agressées, elles ont fui les champs, mais «quand elles se sont échappées, il y a eu ce blocage de la langue. Et c’est là où nous sommes intervenus. Il fallait qu’on les aides».

«Les femmes ne cessait de nous dire ‘No bien, no bien’ (pas bien)», relate José Antonio. Une fois identifiées, le syndicat a fait appel à une traductrice. Toutes parlaient d’agressions sexuelles, et du fait qu’elles ne voulaient plus retourner dans les champs. Le SAT les a accompagné le vendredi dernier à la préfecture de police pour porter plainte. Elles sont toutes passées aux aveux nous confirme notre interlocuteur. Ces femmes l’ont très mal vécu, il a fallu les sauver, le SAT a agit en tant qu’auxiliaire, nous explique-t-il.

Tous types d’abus

José Antonio qui s’est entretenue avec plusieurs d’entres elles, nous confie qu’outre les agressions sexuelles, elles ont subi bon nombre d’abus. Plusieurs étaient sous-payées, les employeurs profitaient de chaque commission pour gratter quelques euros. Le contrat stipule qu’elles doivent percevoir la somme de 40 euros par jour, pourtant plusieurs n’en touchaient que 36 ou 37 euros.  

En plus d’être sous-payées, elles étaient mal logées. Généralement, elles louent une sorte de contenaire à 60 euros le mois et par personne. Dans chaque contenaire il y a près d’une demi-douzaine de femmes. De plus, les contenaires sont mal isolés, «on y ressent le froid glacial des nuits et la chaleur insupportable du Sud de l’Espagne».

Par ailleurs, à l’heure de travailler, elles n’ont même pas de bottes, ni d’imperméable. Le comble c’est lorsqu’elles tombent malades, beaucoup d’entres elles ont affirmé au SAT, que pour aller chez le médecin on leur facturait plus de 40 euros le trajet.

Les conditions sont inhumaines et humiliantes, affirme José Antonio, précisant que cela fait plus d’une dizaine d’année qu’on parle de ces problèmes. Mais cette année «le silence a été brisé par la cruauté et l’ampleur de l’affaire».

Après de tels traumatismes et en plein mois de Ramadan, ces femmes sont fatiguées, nous confie notre interlocuteur. Certaines ne mangent presque rien affirme José Antonio qui dit avoir perdu l’appétit depuis le début de cette affaire.

«Je me sens mal en voyant de telles choses. Car peu importe leur nationalité, leur sexe ou leur pays de provenance, on ne peut pas être indifférents à de tels abus. Des injustices qui sont faite à des mères de familles, des personnes dans le besoin, qui font face à des loups, des voleurs et des malfaiteurs sans scrupule.»

José Antonio, porte-parole du Syndicat des travailleurs d'Andalousie

Ces Marocaines, disposent toujours d’un visa, qui pour la plupart devraient expirer la fin du mois de juillet, elles sont par conséquent libres, nous précise José Antonio. Elles sont épaulées par le syndicat qui suit de près l’évolution de l’affaire.

Une marche pour dire oui aux fraises, mais dans le respect des droits

Une des remarques formulées par le porte-parole est le manque de mobilisation et d’intérêt pour cette affaire. Le syndicat prévoit une marche le dimanche 17 juin en présence de ces femmes, dans la ville de Huelva, pour scander «Oui aux fraises, mais dans le respects des droits humains». Il appelle ainsi toutes les associations, et les acteurs locaux que ça soit au Maroc ou en Espagne à se joindre au mouvement.

Pour rappel, une seule arrestation a eu lieu, celle d’un homme de 47 ans, identifié par quatre femmes comme étant l’agresseur présumé. Quant au nombre des victimes, aucun chiffre ne peut être avancé, car elles sont plusieurs et cela se passe dans plusieurs champs.

Par ailleurs, une autre plainte collective pour conditions de travail déplorables a été déposée par des centaines de femmes travaillant dans une ferme située dans la province avec l'aide du Syndicat des travailleurs d'Andalousie. 

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